Deux personnes sont mortes de botulisme à Batna ces derniers jours. Pour simplifier, le botulisme est une maladie causée par de la viande avariée. A Oran, une grande enseigne de la pâtisserie a baissé rideaux cette semaine sur injonction de la justice et ses propriétaires sont sur le coup d'une enquête judiciaire. Le grief ? Pas besoin de le donner en dix, en cent ou en mille, car les causes relèvent de l'impensable. Après analyse au laboratoire on a tout simplement trouvé, à défaut de cerise, du caca dans les gâteaux. Le contrôle a été alerté à la suite d'une large intoxication signalée par les urgences de l'hôpital. Des consommateurs sont encore hospitalisés dans un état grave. Il est certain que d'autres sérieuses déconvenues sont attendues avant la fin de l'été et il faut espérer que la catastrophe n'atteigne pas l'ampleur qu'ont connue des régions entières quand même la peste a été tout le contraire d'une vague épidémie seulement logée dans un lointain passé. Restreindre ces sérieux aléas alimentaires souvent mortels à la seule règle du mercantilisme de commerçants sans foi ni loi, ne serait pas conforme à une plus large vérité qui serait d'abord un vaste problème de culture de consommation et manière de vivre de toute la population. Il est évident que des coupures d'électricité intempestives comme c'est le cas dans certaines villes ont des incidences directes sur la qualité des produits dont se nourrissent les Algériens. On connaît l'emprise du surgelé sur le marché mais son mode d'emploi reste une indication très facultative pour être prise au sérieux. Les contraintes du fournisseur d'électricité, ajoutées aux cupidités de l'épicier, du boucher, du crémier et à la nonchalance programmée de la ménagère établissent une chaîne mortelle dont les Algériens ont du mal à échapper. Il y a manifestement pour la majorité des foyers une incapacité à s'adapter à une nouvelle culture de consommation mise à mal de surcroît par une offre d'un marché de plus en plus riche et étoffé qui fait des clins d'œil soutenus à des bourses de plus en plus rétrécies. Chez notre pâtissier avec une grande surprise et colère débusqué qui aurait assis une renommée surfaite avec le génie d'une trouvaille à base de matières fécales dans ses gâteaux, il serait sans doute au cœur d'une pénible équation et qui, il ne faut pas s'en étonner, est capable de transformer du baba en caca quand elle n'est pas maîtrisée. Dans cette lourde équation il y a de tout. Du civisme, du patriotisme, de la connaissance au savoir-faire jusqu'à la manière de se tenir et de manger. Et ce n'est pas un problème à laisser entre les mains du tout-venant des cuisiniers politiques qui se familiarisent avec les râteliers.
