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L'Université algérienne, lieu de savoir ou simple distributeur de diplômes ?
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 07 - 04 - 2016

J'ai eu le plaisir de voir de près durant les dernières cinq années de ma vie, à des reprises successives, un grand nombre de docteurs -toutes disciplines confondues - dont la valeur morale, la méticuleuse sincérité, la culture générale, en même temps que la compétence technique et la performance sur le terrain ne sauraient être décrites avec justesse. Des hommes et des femmes de premier ordre, simples autant que savants, épris de leur métier, dévoués à leurs étudiants, menant de front avec un enseignement absorbant des études personnelles remarquables…
Tout ceci est beau, magnifique, mais malencontreusement, tout ceci est faux et ce n'est que sarcasme.
Pour parler de manière congrue d'une université il faudrait y avoir passé de longs mois, et de même que les individus, les institutions ont leur physionomie qui se fixe dans le souvenir en traits simplifiés. Ce sont ces traits que je me propose de réunir ici. Et puisque la physionomie de nos universités est la même, je crois pouvoir me permettre de généraliser car il n'existe pas une université prestigieuse en Algérie, et c'est sans la queue d'une raison que les universités d'Abu Bekr Belkaid, de Youcef Benkhedda, ou encore de Mentouri ; réclament par moment une supériorité sur les autres. Chacune de ces universités n'est ni une copie française ni une copie allemande, elle est l'Université algérienne.
Je n'ai guère le téméraire dessein de juger l'enseignement si vaste et si varié que plusieurs centaines de maîtres de conférences donnent dans les amphithéâtres de l'université à plusieurs dizaines de milliers d'étudiants. Il suffit tout simplement de voir dans quel état se trouve l'Algérie pour façonner une idée impartiale sur ce qu'est l'université algérienne. Or, les étudiants ne feront pas l'objet de mes critiques, ils ne sont que le reflet de ce qu'ils arrivent à percevoir chez leurs enseignants, même s'ils n'ont point le sens très vif d'un devoir à remplir envers l'Algérie ; ils ne veulent presque jamais être plus cultivés, plus informés, donc ils sont moins armés pour l'existence. On me dira qu'il n'est qu'une question de temps, et purement question de temps, pour passer de celui qui écoute à celui qu'on écoute, mais, ce passage est au grand malheur de tous ‘corrompu' par l'influence des docteurs déjà en exercice depuis dès avant le déluge.
Ce qui est frappant chez l'enseignant algérien, c'est son manque de culture générale. Le matheux ne ressent nullement le besoin d'aller fouiller dans les ouvrages de sociologie. Le psychologue se limite aux écrits de Gustav Fechner, Jacques Lacan ou Donald Winnicott et j'en passe. Les ingénieurs conçoivent la Littérature comme une forme mineure de génie humain, et l'on a jamais entendu parler d'un ouvrage écrit par un ingénieur algérien alors que par les temps qui courent, danseuses et footballeurs écrivent également ne serait-ce que des autobiographies.
L'enseignant algérien est hanté par l'idée, que tout le monde aime répéter, et qui voudrait que le régime en place ait épousé la fâcheuse habitude d'être hostile envers les intellectuels, alors que lui-même l'enseignant- se borne à chasser le talent de ses étudiants. Au-delà de ce que l'on appelle le système classique, au-delà du system LMD, l'enseignement supérieur est d'abord une philosophie, une façon de faire, en un mot : un esprit. Et c'est méconnaitre l'esprit de l'enseignement supérieur que de vouloir appliquer les règlements au pied de la lettre car la rigueur mal placée est contre-productive. Spécialement lorsqu'on arrive à comprendre le bachelier algérien qui n'est point pris en considération car malheureusement les décideurs comme pour plaire à l'occident, ils importent les textes réglementaires sans jamais les modifier ou les re-codifier afin qu'ils aient un sens une fois transposés sur ces jeunes encore en euphorie avec leur résultats au BAC.
Exemple : lorsque j'étais encore en faculté de Technologie j'avais un ami de Maghnia, un pur génie en mathématiques et en physique, qui, pour des problèmes extra-universitaires, ne pouvait pas assurer régulièrement le déplacement de Maghnia à Tlemcen. A l'examen, il n'a eu que d'excellentes notes, mais il n'a pas pu passer parce que, ridiculement, dans le system LMD, trois absences est l'équivalent de l'exclusion. Aujourd'hui, il s'occupe du bétail de son grand père ! Aucun enseignant-responsable ne s'est intéressé à son cas. Là encore, on me dira que l'université d'Abu Bekr Belkaid comporte plus de 40.000 étudiants. Or, dans une université ainsi composée, chaque étudiant compte. Car, comme je l'ai dit, l'université n'étant point prestigieuse, c'est elle qui doit aller à la recherche du génie de ses étudiants et non pas l'inverse, c'est-à-dire, ce ne sont pas les étudiants qui doivent impérativement montrer qu'ils méritent la chaise qu'ils occupent ; qu'ils aient décidé de s'inscrire à une université pareille, c'est déjà beaucoup ! Mais ‘lâches' que nous sommes, on préfère suivre qu'entreprendre. On ne tient pas compte de la spécificité du jeune algérien et la singularité de son parcours d'élève. On préfère rester fidèle aux textes importés d'outre-mer en oubliant qu'il vaut mieux échouer à l'œuvre du progrès que d'en désespérer parce que l'effort est un précédent, l'insuccès lui-même est un premier pas. Même s'il est vrai qu'à l'université il faut un passé aux choses, une tradition aux idées, néanmoins, la source de toute supériorité intellectuelle est le fruit d'un effort, l'esprit d'entreprise, le désir de s'avancer, d'essayer de nouvelles choses pour le bien de l'Algérie car la masse estudiantine est le germe de l'élite de demain et toute participation même à la plus humble amélioration de la situation universitaire est utile.
Le respect de nos erreurs fait partie du respect de nous-mêmes
La rupture entre le lycée et l'université doit être beaucoup plus tranchante qu'elle l'est actuellement. Et la réplique la plus courante de nos enseignants lorsque les étudiants se plaignent du sujet d'examen est la suivante : « Mêmes les lycéens peuvent résoudre l'exo que je vous ai donnés ». Justement, l'étudiant une fois aux rangs de la fac n'a plus envie de sujets qui ressemblent à ce qu'il a connu depuis déjà le primaire.
C'est l'effort de la recherche qui doit être salué et contrairement à ce qui est véhiculé, le peu d'effort que consacrent les étudiants n'est qu'une forme de refus de cette politique qui couronne le parcœurisme.
Il ne se passe pas une semaine sans que la presse fasse état d'un enseignant victime de la violence d'un étudiant, d'une grève par-ci, de moult formes d'exaspération par-là. Rien ne fonctionne correctement mais chaque année on qualifie de politique le classement mondial des universités, et on traite ceux qui se chargent de le faire comme haineux envers l'Algérie. Quand les étudiants n'ont pas l'estime ni l'attachement à l'université qu'ils côtoient, cette dernière n'a aucune chance de briller. Nos enseignants peuvent n'avoir pas les qualités voulues mais un système solide peut remédier à cela.
Les Américains sont fiers de leurs universités. Et de toutes leurs universités, il n'en est pas dont ils soient plus orgueilleux que de Harvard. Orgueil justifié. Fondée en 1636, elle dispose de la plus grande bibliothèque au monde, quarante-cinq prix Nobel sont sortis de ses rangs ! Orgueil justifié. Alors qu'en Algérie on se vante encore de la gratuité de l'enseignement supérieur, et pour peu qu'on y pense, on découvre qu'il est une absurdité de rendre l'accès payant étant donné que pour la majorité des ménages, les fins du mois restent toujours une épreuve difficile. On se vante du prix symbolique pour lequel l'étudiant est à la fois logé et nourri mais on oublie que par là on apprend à l'étudiant une dépendance vis-à-vis de l'Etat algérien. Ce qui conduit à l'émergence d'une élite inéluctablement pro-pouvoir même si les restos U sont déplorables et les cités U sont tout sauf somptueuses.
On ne peut point parler de l'université algérienne sans évoquer ce qu'on appelle la fuite des cerveaux. Il ne faut guère attacher beaucoup trop d'importance à ce phénomène, car depuis toujours, pour les génies de la science, l'herbe est toujours plus verte ailleurs, et leur nombre en Algérie est peu conséquent voire insignifiant lorsqu'on se plait à nous comparer avec l'Indonésie, l'Inde ou même le Pakistan. Et c'est dû principalement et simplement au manque de laboratoires de recherche et aux moyens financiers. Mais de là à les présenter comme des hommes et des femmes qui auraient pu changer le destin de l'Algérie s'il n'avaient pas quitté la terre qui les a vus naître, ou qu'on présente leur retour comme sauveteur de la Nation est tout simplement faire preuve de naïveté et d'ingénuité car il nous est d'aucune utilité de faire appel à des gens qui se plaignent incessamment à un point défiant l'imaginaire de ce que leur savoir ne fait pas pour eux ce qu'eux-mêmes n'essaient pas de faire en se limitant à porter ça et là en permanence des accusations faciles envers le pouvoir en place. Et de toutes manières, eux aussi refuseront de s'impliquer activement dans une histoire à l'issue incertaine.
Et ce qui est dérisoire au sein de nos doctorants, c'est que les stages à l'étranger sont devenus source de snobisme, et on se targue d'avoir côtoyé le temps d'une semaine tel ou tel scientifique français, canadien ou suisse. Alors que l'on sait très bien que les stages qu'offre l'université algérienne dans le cadre de la préparation d'un doctorat par le biais de conventions avec différentes universités étrangères sont presque une sorte de voyage organisé, d'excursion ! Et ce sont d'ailleurs des conventions beaucoup plus à caractères politiques que scientifiques.
Pour terminer sur une note d'espoir et m'éviter par la même occasion de paraître pour celui qui tâche à trop noircir le tableau, je tiens à saluer le travail de plusieurs cadres algériens qui ont œuvré pour une université meilleure, et à ce sujet je me permettrai une parenthèse presque personnelle pour citer le recteur de l'université de Tlemcen M. Djaafour Mustapha qui fait partie de ce cercle restreint qui croit encore au savoir comme seul et unique rempart possible contre tout ce qui nous attire vers le bas.


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