De toute évidence, la Coupe du monde 1958 aura été très attractive et spectaculaire et ce, pour plusieurs raisons. Cette année-là, le monde allait découvrir un gamin de 17 ans qui deviendra plus tard, le plus grand footballeur de tous les temps. Et pourtant, des cracks, il y en avait à profusion dans des styles différents. Au cours de cette édition, un réserviste allait connaître la gloire et vit actuellement à Toulouse. Il s'agit de Just Fontaine dont le record, 13 buts, tient toujours debout. En outre, l'offensive a été à l'honneur avec 126 réalisations pour 30 rencontres ce qui donne une belle moyenne de 3.60. On soulignera que seuls deux matches, Suède - Pays de Galles et Brésil - Angleterre, se sont soldés par des scores vierges. En revanche, ou retiendra les 10 buts de France - Paraguay, les 9 de France - RFA, les 7 de Brésil - France et d'Argentine -Tchécoslovaquie. Certes, si cette édition fut moins prolifique que celle de 1954, elle s'est avérée très supérieure à celles qui viendront par la suite. La frilosité et les tactiques visant à renforcer les défenses en sont les causes que tout le monde connaît. Le football commençait à subir des évolutions au gré des « trouvailles » tactiques des entraîneurs, plus que jamais sous la pression des résultats immédiats. Amnésie Au cours de nos longues recherches pour rassembler la documentation nécessaire, nous avons fait un constat affligeant. Les journalistes-historiens de langue française ont carrément occulté un évènement qui a pourtant provoqué un séisme dans le football français, à savoir le départ vers Tunis des plus grands footballeurs algériens évoluant dans l'hexagone, qui ont répondu à l'appel du FLN. Et pourtant, deux d'entre eux, Rachid Mekhloufi et Mustapha Zitouni, étaient des titulaires en puissance et allaient participer à cette Coupe du monde. Au cours de la phase éliminatoire, l'Algérie était déjà présente avec Brahimi, ce dernier étant même buteur face à l'Islande largement dominée (8 à 0). Nous avons souvenance des articles flatteurs du journaliste de l'Equipe et de France-football Robert Vergne, qui a notamment écrit à propos de Brahimi. « Enfin, avec Brahimi, l'équipe de France a trouvé un grand ailier droit ». L'histoire en décidera autrement avec la création de l'équipe du FLN au mois d'avril 1958 qui joua un rôle majeur dans la Révolution algérienne. Certes, il fallait compter avec l'amnésie mais, à ce point, c'est autre chose que tout le monde comprendra. De fait, ce n'était guère l'optimisme au sein d'une équipe de France au rendement très décevant. Kopa, titulaire au Réal Madrid, était coupé du football français depuis 18 mois. En outre, depuis la qualification assumée à Reykjavik face à l'Islande et à laquelle a pris part Brahimi, jusqu'au départ vers la Suède, le bilan tricolore était catastrophique. Six matches, aucune victoire, et vingt-six jours testés sans satisfaction notoire. En désespoir de cause, le patron Paul Nicolas charge son adjoint Alex Thépot d'aller ramener Kopa de Bruxelles où ce dernier venait de remporter la coupe d'Europe face au Milan AC, et de le conduire vers le lieu de retraite des tricolores en Suède. Rien donc ne laissait présager le parcours de cette équipe de France qui ne sera éliminée qu'en demi-finale par le Brésil, futur champion du monde. La fiche Finale : Brésil 5 Suède 2 Meilleure attaque : France 17 buts Meilleure défense : Suède 7 buts Buteur : Just Fontaine - France - 13 buts (record) Echos Crash Tout comme celui de Suppperga près de Turin où le Torino a péri, le crash de l'avion survenu à Munich a décimé la grande équipe de Manchester United et, par voie de conséquence, a considérablement affaibli la sélection d'Angleterre. Il n'y a eu que trois miraculés, Bobby Charlton, Foulkes et Greg Mirand. Une catastrophe inoubliable pour tous les sportifs. Révélation Au départ, le jeune Pelé (17 ans) était remplaçant, Dida et Mazzola étant les titulaires face à l'Autriche. Il est clair que le score vierge concédé aux Autrichiens a précipité l'entrée de Pelé face à L'URSS. Ce fut une authentique révélation aux côtés des anciens, tels Vava, Zagalo et Didi. Pelé sera l'auteur du seul but du Brésil en quart de finale contre le Pays de Galles. En demi-finale, ce fut la confirmation avec trois buts à la clé et la voie ouverte pour la gloire en finale face à la Suède avec encore deux buts. C'était le début d'une carrière exceptionnelle de l'enfant de Très Caracoes. Perte Peu avant le coup d'envoi de la Coupe du monde, l'Argentine avait enlevé le championnat latino-américain en venant à bout du Brésil (3-0) et du Paraguay (4-0). Aussi paradoxal que cela puisse paraître, ce succès a causé sa perte, puisque trois joueurs, qui s'étaient distingués dans cette compétition, ont été engagés par les clubs italiens, Sivori par la Juventus, Angelillo par l'Inter Milan et Maschio par Bologne. Kilomètres Onze villes de Suède ont abrité les rencontres. Pour jouer leurs deux rencontres, les Irlandais ont dû se farcir les 600 kilomètres séparant Malmoë de Norkoping pour affronter les Français en quarts de finale. Par contre, ces derniers se trouvaient au vert à 30 km seulement du stade. Résultat des courses : France 4 Irlande du Nord 0. Avion Après le succès inattendu de l'équipe de France, un avion spécial a été affrété par le journal « L'équipe » et la radio Europe 1 pour transporter en Suède les épouses et les parents des joueurs français avant la demi- finale contre le Brésil. D'aucuns ont prétendu que cette présence familiale a déconcentré les joueurs français. Il est plus juste de dire que les Brésiliens et Pelé étaient les plus forts. Blessures Etant à égalité en huitièmes de finale avec l'Irlande du Nord, la Tchécoslovaquie a été éliminée en test match. Jouant de malchance après de nombreux blessures, les responsables de la sélection tchèque ont dû faire venir sept joueurs de Prague. En dépit de cet apport, l'équipe ne terminera aucun match au complet. Protocole Sans protocole et tout à leur joie, les joueurs brésiliens ont embrassé le Roi Gustav Adolph qui était descendu de la tribune officielle pour féliciter les nouveaux champions du monde qui, très diplomatiquement, brandissaient le drapeau suédois. Ballon Comme le veut la tradition, l'arbitre d'un match historique s'arrange toujours pour prendre le ballon pour le conserver comme souvenir. Hélas, Américo, le soigneur du Brésil, l'a arraché des mains du referee français Guigue et l'a emporté. Il est vrai que dans le camp brésilien, c'était le délire. Staff En 1958, le succès de l'équipe de France s'explique aussi par la présence d'un staff de grande qualité. Outre Paul Nicolas et Alex Thepot, les deux entraîneurs n'étaient autres qu'Albert Batteux et Jean Snella. Ce dernier prendra plus tard la barre technique du NAHD. Buts Si l'attaque tricolore a bien carburé avec 23 buts inscrits, en revanche, la défense s'est montrée très perméable avec quinze buts encaissés. Toutefois, la France a vu deux joueurs distingués : Fontaine premier buteur et recordman pratiquement éternel (13 buts) et Kopa, sacré meilleur joueur. Ce dernier est retourné en Espagne dans le même avion que le président du Réal Madrid, Santiago Bernabeu. A ceux qui attendaient un recrutement, le président a rétorqué : « Je ramène avec moi le meilleur joueur de la Coupe du monde. » Seul En quarts de finale, il n'y avait qu'un seul pays hors Europe, le Brésil, et c'est lui qui a eu le dernier mot, tous les Européens tombant l'un après l'autre. C'était aussi la « première » pour l'URSS qui fut éliminée par la Suède (2-0).
