Ouverture du Salon du commerce électronique et de l'économie numérique    Au nom du sionisme et de l'Amérique, le monde tu domineras !    La Finale JSK – ESS à Rouiba    Retour du MCA après une longue absence    Eliminatoires de la Coupe du monde des U17 féminines Maroc -Algérie La FAF dit non… si le même maillot est arboré    L'importance de la lecture de l'histoire réside dans le renforcement de la cohésion de la Nation    La revalorisation des pensions et allocations de retraite témoigne l'intérêt accordé par le président de la République à cette catégorie    L'ANIE insiste sur la supervision participative des prochaines élections présidentielles    Signature de dix accords de coopération entre des opérateurs algériens et mauritaniens    La Journée nationale de la Mémoire, un rendez-vous pour renouveler notre fidélité au serment fait aux chouhada    Triathlon/Coupe d'Afrique de développement régional: l'Algérie représentée par 18 athlètes, toutes les conditions sont réunies    Ghaza: l'OCI condamne vigoureusement l'escalade sioniste et son expansion à Rafah    Secousse tellurique de 3,7 dans la wilaya d'El Bayadh    Le président de la République reçoit le président de l'Assemblée nationale de la République du Congo    Journée nationale de la Mémoire: une commémoration sous le signe du recueillement et du développement dans les wilayas du centre    Accidents de la route: 38 morts et 1474 blessés en une semaine    Les citoyens algériens résidant à l'étranger autorisés à entrer sur le territoire national en présentant la pièce d'identité nationale    Ghaza: des dizaines de martyrs et de blessés au 215e jour de l'agression sioniste    A la demande de l'Algérie, réunion de consultations à huis-clos au CS sur les charniers à Ghaza    Championnats arabes U20 d'athlétisme : médaille d'argent pour Anes Chaouati au 10.000 m marche    Cherfa met en avant les efforts de l'Algérie en matière de production d'engrais et d'approvisionnement de l'Afrique    Valoriser l'héritage historique c'est fortifier la nation et renforcer son lien avec la patrie    De profondes réformes s'imposent pour devenir un pays émergent    La question de l'emploi, intimement liée à la réalisation du développement économique    520.000 candidats répartis sur 1.842 centres d'examen    Deux véhicules volés récupérés par les gendarmes    Un montage financier de 80 milliards de centimes pour embellir les espaces de détente et les plages    L'évacuation par l'entité sioniste des habitants de Rafah est «inhumaine et inconcevable»    L'Egypte dénonce l'offensive israélienne    «La protection est garante de la croissance et la prospérité de l'innovation»    Des origines à nos jours    Portes ouvertes sur le laboratoire de conservation et de restauration du patrimoine    La fierté d'une nation !    Ligue 1 Mobilis: l'USMA et la JSK se neutralisent (2-2)    Le droit de massacrer, de Sétif à Gaza    Belkacem Sahli réitère son intention de prendre part aux présidentielles du 7 septembre    A Monsieur le président de la République    La protesta estudiantine occidentale face aux lobbies sionistes.    ALORS, MESSIEURS LES DIRIGEANTS OCCIDENTAUX : NE POUVEZ-VOUS TOUJOURS PAS VOIR LES SIGNES ANNONCIATEURS DUN GENOCIDE A GAZA ?    Megaprojet de ferme d'Adrar : « elmal ou Etfer3ine »    Témoignage. Printemps Amazigh. Avril 80    Le Président Tebboune va-t-il briguer un second mandat ?    L'imagination au pouvoir.    Prise de Position : Solidarité avec l'entraîneur Belmadi malgré l'échec    Ils revendiquent la régularisation de la Pension complémentaire de retraite: Sit-in des mutualistes de la Sonatrach devant le siège Aval    Coupe d'afrique des nations - Equipe Nationale : L'Angola en ligne de mire    Suite à la rumeur faisant état de 5 décès pour manque d'oxygène: L'EHU dément et installe une cellule de crise    Pôle urbain Ahmed Zabana: Ouverture prochaine d'une classe pour enfants trisomiques    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Un jour, peut-être
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 30 - 09 - 2021

, il y aura en divers endroits du littoral algérien des monuments sobres et modestes qui rendront hommage aux âmes englouties par les flots. Le passant s'arrêtera et, contemplant la Méditerranée, il pensera avec émotion à ces femmes, à ces enfants et à ces hommes, Algériens ou autres, qui ont perdu la vie en tentant de quitter leur pays pour gagner l'Espagne ou l'Italie puis un quelconque point d'Europe. Les embruns dénoueront alors sa poitrine et il pleurera en silence sur ces anonymes qui rêvaient, non pas du paradis, mais juste d'un enfer plus supportable que leur quotidien.
Un jour, peut-être, un président prononcera un long discours où il s'excusera au nom de la république de tant de mépris pour celles et ceux qui ont décidé de défier la mort en embarquant dans des rafiots surchargés. Il dira que le silence à leur égard ; le silence à l'égard des corps repêchés et de ceux qui ne furent jamais retrouvés ; le silence vis-à-vis de ceux qui ont disparu en Libye et que leurs familles cherchent encore ; ce silence à l'égard des interpellés sur les plages par les carabiniers ou la Guardia civil qui signifiait « gardez-les, vous nous rendrez service », ce silence, donc, ce président bien élu en dira l'acte d'accusation et prononcera une phrase dédiée à la postérité : « comment avons-nous pu accepter que nos enfants meurent ainsi ? »
Un jour, peut-être, cet exode continu sera désigné selon sa juste nature : une tragédie nationale. Un échec national. Avec ou sans visa, partir est un échec. Et quand le départ est encouragé car l'on ne sait pas quoi faire de vous, parce qu'en réalité, on vous pousse à partir, parce que l'on est incapable de vous offrir une économie qui fonctionne et crée des emplois, un système de santé qui soigne et une société qui aide et apaise plutôt que de sermonner, alors ce départ est bien plus que cela. Il s'agit d'un gaspillage humain. D'un nettoyage. Ou, osons ce mot, d'un sacrifice.
Un jour, peut-être, un économiste en mal de calculs singuliers se penchera sur cette interrogation : que vaut la vie d'une Algérienne ou d'un Algérien ? A combien de barils d'or noir peut-on l'évaluer ? A combien de mètres cube de gaz naturel peut-on la comparer ? Combien coûte la vie d'un noyé en Méditerranée ? Certains disent que celles et ceux qui partent sont sans instruction, sans diplômes, qu'ils fuient parce que leur vie au pays est un échec. Nous savons tous que c'est faux. Qui se souvient de cet octogénaire, plus vieux à l'époque que Bouteflika alors président, qui fut intercepté dans un botti au large d'Annaba ? Avoir vécu sous la colonisation, avoir connu l'indépendance et décider tout de même de quitter son pays : cela se passe de commentaire.
Un jour, peut-être, on cessera de dire de ces gamins qui partent qu'ils sont des enfants gâtés, qu'ils ne veulent pas travailler, qu'ils rêvent à la facilité et à de gros salaires en devises fortes. C'est un beau discours pour se donner bonne conscience. C'est toujours la faute de l'autre, et surtout, de la victime.
Un jour, peut-être, on prendra la mesure de l'héroïsme de ces êtres humains que l'on affuble aujourd'hui de tant de mots honteux : harragas, migrants, clandestins, illégaux... Il faut du courage pour partir de chez soi. Il faut du courage pour traverser le désert puis la mer. Il faut du courage pour partir « là-bas » en sachant très bien ce qui vous y attend. Le temps, l'époque, ne sont plus aux mirages et aux fantasmes. Internet et les témoignages de ceux qui ont réussi à fendre les frontières sont là pour tout dire. Les camps de rétention, la traque policière, les logements glauques, les petits travaux, la délinquance qui tente, les réseaux criminels ravis par l'existence de viviers humains où ils peuvent puiser et qui se renouvellent sans cesse. Ceux qui partent savent mais, pour eux, il n'y a plus de choix possible.
Un jour, peut-être, les Européens seront moins égoïstes et comprendront que fermer les frontières, user et abuser des visas n'est pas la solution. Que donner la possibilité aux gens d'aller et de venir est la meilleure approche. Le visa crée la traversée illégale, le clandestin et le travailleur au noir. La circulation facilitée crée des norias, des gens qui vont et viennent mais qui restent dans leur pays. Mais une condition majeure suspend ce raisonnement : que ce pays ne soit pas à la dérive. Qu'il ne soit pas une punition au quotidien.
Un jour, peut-être, la Méditerranée, mer nourricière et berceau de civilisations ne sera plus cet immense mouroir qu'elle est aujourd'hui. La pauvreté, les guerres, les dictatures et les régimes d'exception ne seront plus la marque infamante de l'Afrique. Il est permis de rêver. Il est permis de l'espérer.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.