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Faire du 25ème sila une grande opportunité pour mettre en place une véritable politique nationale d'accès au livre pour tous les algériens
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 10 - 03 - 2022

«La moitié de la population lit ce que l'autre moitié s'efforce d'écrire » dit un proverbe islandais, pétri d'humour froid. Tout cela pour dire que la fureur et la soif de lecture des Islandais occupe une grande place dans leur vie culturelle et sociale. En Islande, la production annuelle d'ouvrages s'élève en moyenne à 1.550 titres pour 2,5 millions d'exemplaires vendus. Ce chiffre fait de ce petit pays insulaire d'à peine 130.000 km2 et de 330.000 habitants, un marché puissant avec une moyenne annuelle de près de 7 livres achetés par habitant, soit le troisième rang mondial. Pour la petite histoire, il importe de rappeler à nos lectrices et lecteurs que l'Islande a été peuplée par des Vikings qui ont quitté la Norvège au IXème siècle pour fonder une nouvelle nation.
Tradition narrative et besoin d'écrire se sont alors imposés à des exilés, qui en avaient sérieusement besoin pour mieux exister sur cette terre au climat rude. « L'Islande, nous explique Eric BOURY, le traducteur de grands auteurs de la littérature islandaise, est fondamentalement une nation de paysans avec ses veillées, des lectures et des transmissions par le conte... Quand les champs étaient inaccessibles pendant six mois en hiver et que les bateaux ne partaient pas à la pêche, ils ont logiquement basculé vers l'écriture et donc, la lecture. » Est-ce à dire qu'à l'origine, les Islandais étaient des « Harraga » devenus studieux et « accrocs » au livre par nécessité ?
Il faut dire que chez nous aussi, mais dans un contexte complètement différent et fortement douloureux, la pratique du conte a largement contribué autrefois à la préservation d'un savoir traditionnel et à la mise en œuvre de valeurs communes, participant d'une mémoire collective très ancienne, forgée par des résistances séculaires aux différentes invasions et occupations de notre pays. Chaque rassemblement donnait l'occasion à la narration d'une histoire, surtout à proximité des souks par des meddahs, conteurs professionnels de la parole plaisante et accrocheuse des différents terroirs d'Algérie. Mais le soir dans les chaumières autour du kanoun ou madjmar, lorsqu'il fallait occuper les petits enfants mal nourris, cette activité relevait du domaine privé et réservé de nos vaillantes grands-mères courage. Elles se faisaient un devoir d'accomplir cette tâche sans rechigner. Oui ! C'était le temps de la lampe à huile, de la bougie et/ou du quinquet, de l'analphabétisme généralisé, étouffant et discriminatoire, des petites filles et des petits garçons aux mains sans gants, aux pieds mal chaussés, des maladies sommairement soignées à la traditionnelle, de la misère du ventre et de l'infamie que le code de l'indigénat imposait aux Algériens, appelés communément « indigènes », soumis au dictat séparatiste pratiqué par l'administration coloniale durant plus d'un siècle.
Avec les efforts entrepris par l'Etat algérien depuis l'indépendance en 1962 pour lutter contre l'analphabétisme, cette hydre maléfique aux effets collatéraux dévastateurs a été réduite en 2021 au taux de 7,94%, selon l'Office National de la Statistique. Ce résultat positif de l'Algérie indépendante contraste cependant avec l'intérêt que portent nos concitoyennes et concitoyens à la lecture. En effet, avec seulement 1.000 ouvrages par an (dont 600 en français) publiés par les 128 éditeurs restants qui peinent à maintenir leur activité, la production livresque et le marché du livre demeurent très restreints et non significatifs pour un pays qui se fixe comme objectif d'être parmi les pays émergents en raison de l'étroitesse du marché et de l'amenuisement au fil du temps du lectorat. Cela tient aux difficultés rencontrées dans les différents segments de la chaîne du livre qui connait des dysfonctionnements préjudiciables, auxquelles s'est ajoutée, bien sûr, l'effroyable et paralysante crise sanitaire qui tarde à s'éteindre définitivement.
C'est pourquoi, il est tout à fait mal à propos de dire à quelqu'un: « C'est quand la dernière fois que vous avez pris le temps de lire complètement un livre ? » Et pourtant ! Même si cette question fâche la personne interloquée et l'indispose au plus haut point, elle se doit tout de même d'être posée à nos décideurs, parlementaires, gouvernants, nos élus locaux mais aussi à Mme la ministre de la Culture qui en sa qualité de gardienne du patrimoine matériel et immatériel du pays a l'impérieuse obligation de remettre un tant soit peu les « pendules à l'heure » dans un secteur hautement névralgique. S'il faut le considérer comme tel, c'est que notre société à l'instar de bien d'autres est en droit d'aspirer à un bien-être global et à un savoir équitablement partagés en tout lieu de notre vaste territoire.
Il est vrai que la gestion jugée peu fiable, voire hasardeuse en ce qui concerne aussi bien la promotion du livre que les autres segments, tels : la restauration des sites et de tous nos monuments de l'antiquité à nos jours, le théâtre, les arts plastiques ou le cinéma, qui a prévalu, n'est pas sans conséquences. Réhabiliter l'image de la culture, si diversifiée et si riche de notre pays à l'international dans ce secteur vital et stratégique, alors que très souvent critiqué vertement et montré du doigt (surtout par notre diaspora, comme à l'occasion de la visite du président de la République en Egypte), ne saurait davantage s'accommoder de la léthargie ambiante qui l'a paralysé.
Ce département ministériel ne peut plus se contenter de recevoir et compter les coups venant de la part de l'extérieur (bien souvent du Maroc, à propos des questions patrimoniales communes aux pays du Maghreb et pour lesquelles il revendique injustement la paternité). En effet, à défaut d'avoir développé des capacités professionnelles d'anticipation, l'administration a perdu les bons réflexes de réactivité, de vigilance et de défense de la chose publique nationale. C'est pourquoi, notre pays s'est souvent trouvé désarmé et sur la défensive. C'est pour cette raison qu'il importe d'impliquer fortement et durablement les différents professionnels, spécialistes et experts jusque-là marginalisés, dans une réflexion globale devant conduire en toute transparence à l'élaboration d'un programme national pluriannuel et à une « feuille de route » digne de ce nom, convenablement maturée et approuvée par les acteurs concernés avant son exécution. C'est de cette manière que les choses devraient s'améliorer et fonctionner pour l'intérêt de toutes et de tous !
C'est vrai aussi que trop occupés, les élus de la nation et les grands commis de l'Etat peuvent penser qu'ils n'ont pas que cela à faire ! Loin donc de moi l'idée de mettre tout ce beau monde dans la gêne ! Mon propos se limite simplement à dire que si par curiosité ou par pur hasard ils venaient à se rendre par exemple dans la librairie du « Tiers Monde » de la place Emir Abd-El-Kader à Alger la mieux achalandée, ils apprendraient bien des choses s'ils venaient à interroger son directeur qui essaye par professionnalisme et amour du livre et de la lecture de résister vaillamment à la tentation de fermeture de ce haut lieu du savoir, autrefois véritable « bouillon de culture» chargé de souvenirs et d'histoires d'un passé glorieux.
Hélas ! Il est bien loin ce temps des années 1960-70 où les librairies, les théâtres, les maisons de la culture et les centres culturels, les salles d'exposition, les cinémas en salles et en plein air, les cinémathèques étaient les espaces fortement fréquentés par une jeunesse éveillée, studieuse, talentueuse, créative et patriotique, durant cette époque « années lumière » qui n'a malheureusement que très peu duré avec l'avènement du libéralisme sauvage et prédateur instauré depuis les années 80! À croire que notre avenir est dans notre passé et que notre pays avance à reculons! Quel triste constat ! N'est-ce pas que l'Algérie mérite mieux pour avoir souffert des privations durant des décennies ?
Ces Messieurs/Dames supposés être les représentants du peuple et de fait locataires des augustes Chambres du Parlement se seraient aperçus par eux-mêmes des difficultés qu'éprouvent les professionnels de la chaine du livre. Oui ! Il faut le dire haut et fort ! Ces artisans du livre tous métiers confondus peinent à l'écrire, à le corriger, à le concevoir, à l'imprimer, à le distribuer tant bien que mal au prix raisonnable pour in fine le faire lire par un public qui n'arrive pas à boucler ses fins de mois, eu égard à l'inflation du dinar, à la cherté de la vie et son corollaire l'érosion du pouvoir d'achat.
Quand le prix moyen d'un roman équivaut à l'achat de douze kilos de pommes de terre, ou de trente-huit sachets de lait reconstitué et ou encore à un litre d'huile d'olive, il est bien évident que le choix est vite fait par les pères et mères de familles à la condition modeste, même s'ils sont férus de lecture ! Et pourtant, le SILA de la 24ème édition avait drainé en 2017 plus d'un million de visiteurs. Autant dire que le potentiel de lectrices et lecteurs existe bel et bien et que son nombre est très significatif et digne d'intérêt! Quelle frustration intolérable que de ne rien faire de concret pour permettre à des centaines de milliers de lectrices et lecteurs d'accéder aux bonnes feuilles de lecture des livres édités et mis sur le marché ! Quelle autre grande frustration lorsqu'on constate aussi qu'au terme de cette grande manifestation nationale, le grand gagnant n'est finalement autre que le secteur de la restauration. Son chiffre d'affaires grâce aux quantités de produits alimentaires consommés n'a en effet aucune commune mesure avec l'édition du livre qui, lui, n'a fait que drainer et attirer la foule venue de toutes les wilayas du pays, sans que les auteurs et éditeurs n'en tirent grand bénéfice !
Alors ! Combien sont ces élus de la nation à évoquer cette question épineuse en séances plénières autant de fois que nécessaire ou en interne par autosaisine, au sein des deux chambres du Parlement pour interpeller le département ministériel en charge de ce produit tout aussi vital que ceux qui les font pérorer tout au long de la saison parlementaire ? C'est dire qu'ils restent focalisés pour l'essentiel sur le « yoyo » de la mercuriale des produits alimentaires de première nécessité, surtout à l'approche du mois sacré de « Goufette » Ramadhan ! De surcroît, trop occupés par les faits divers rapportés par Facebook et Twitter pour être dans l'air du temps, pourquoi éprouveraient-ils ce besoin de rendre visite à des librairies qui pour la plupart ont déjà déposé la clé sous le paillasson et dont la dernière en date, le 25 février 2022, se trouve n'être que la grande et célèbre librairie « Abdelkader Alloula » d'Oran ! Quel symbole et quelle tristesse !
Avec aussi la fermeture de certaines imprimeries, il est à déplorer que nous ayons là toutes les conditions et les ingrédients réunis pour annoncer une mort inéluctable, voire certaine du livre, à la veille de l'ouverture prochaine du 25ème SILA de ce mois. Oui, il faut le dire sans avoir peur de choquer ! Les élus de la nation n'ont pas su décrypter et entendre à leur juste valeur, les grands cris de détresse et les SOS lancés par les éditeurs qui n'arrivent pas à trouver des oreilles attentives pour faire écho de leurs problèmes dans l'hémicycle où ne sont évoquées majoritairement que les questions en rapport avec le secteur du commerce dont le principal responsable est souvent malmené, mais sans grands résultats quant à l'amélioration et au contrôle réel et efficace des circuits de distribution des biens de consommation courante. Tout semble dire que le livre n'est pas pour eux cette priorité qui leur ramènera plus de popularité !
Il est certain que de la sorte, nos parlementaires passent à côté de beaucoup de bienfaits en n'accordant pas toute l'attention voulue au besoin de lecture pour une société qui se doit d'être équilibrée. Et pourtant ! Nous savons toutes et tous à travers des études entreprises dans des pays qui savent donner un sens au bien-être de leurs sociétés que la lecture quotidienne stimule le cerveau et peut même ralentir l'évolution de la maladie d'Alzheimer. N'est-ce pas que lire, c'est garder son cerveau actif en l'empêchant de perdre ses capacités, car comme tous les autres muscles du corps, il a besoin d'entraînement pour rester vigoureux et en bonne santé, évitant ainsi toute atrophie? N'est-ce pas que la lecture permet de développer la mémoire et les capacités cognitives ?
Et pourtant ! Tout un chacun sait que quand on lit par exemple un roman, il faut retenir les noms des personnages, leurs intentions, leur vécu, puis les nuances et toutes les actions secondaires qui s'entremêlent à l'action principale. Ça représente de toute évidence beaucoup d'informations à retenir. Lire, c'est aussi diminuer le stress qu'il soit lié au travail productif ou à des soucis de notre quotidien. Peu importe ! La lecture diminue notre état d'anxiété, car un roman bien raconté peut tout simplement nous transporter dans une autre dimension. Il nous fait voyager et s'évader sans quitter notre canapé. Et puis, au moment de la lecture on est si concentré sur le contenu du livre que le monde qui nous entoure disparaît de notre « radar ».
En lisant, nous sommes transportés ailleurs et notre esprit est bien plus tranquille que d'habitude. C'est dire que la lecture a cette capacité d'alléger notre anxiété et de nous détendre complètement.
La lecture améliore nos connaissances, notre expression orale et écrite tout en enrichissant notre esprit. Notre imagination est aussi ravivée et maintenue constamment en éveil. C'est là une de ses vertus et pas la moindre ! Quand on lit, on remplit notre cerveau avec de nouvelles informations qui nous seront utiles pour après. Plus nous avons de connaissances, mieux nous sommes équipés en tant que société du savoir, pour affronter de nouveaux défis. Cela a un avantage indéniable dans nos relations professionnelles. La lecture sollicite notre esprit critique et d'analyse. Elle nous permet de mieux comprendre le monde qui nous entoure. C'est pourquoi, l'écrivain américain de science-fiction, cinéaste et producteur de télévision, George R. R. Martin a eu raison de dire : « Qu'un lecteur vit un millier de vies avant de mourir, et un homme qui ne lit pas n'en vit qu'une seule. »
Sachez aussi que si par malheur vous êtes amenés à tout perdre dans votre vie, souvenez-vous qu'on ne pourra jamais vous retirer votre savoir et vos connaissances. Plus on lit, plus on découvre de nouveaux mots et plus il y a de chances de les employer dans son langage quotidien. S'exprimer de manière éloquente et précise est un précieux atout professionnel pour notre jeunesse, car être capable de communiquer avec ses supérieurs en ayant confiance en ses capacités, est un excellent moyen d'améliorer son estime de soi. Enrichir son vocabulaire peut même faire avancer sa carrière. C'est dire que la lecture est un investissement utile et non un luxe superflu qui peut être remplacé par les lectures furtives de bribes d'informations bien souvent à caractère subversif qui nuisent à l'esprit fragile et insuffisamment préparé. Tout cela est fait avec cette arrière-pensée de forger une opinion unique indépendamment des intérêts et volontés des peuples.
Cette option d'alignement est forcément celle des dominants de ce monde unipolaire qui cherchent à faire de nous leurs obligés, nous les « esprits paresseux » qui serons forcés de s'aligner individuellement et malgré nous sur cet ordre établi qui mène le monde à sa perte. Il n'y a qu'à voir ce qui se passe en Ukraine pour comprendre ce qui peut arriver à une société où les individus ne disposent pas d'esprit critique et d'analyse, autrement dit, des gens sans autonomie de pensée et sans libre arbitre, que seule la sélection de bonnes lectures peut forger au fil du temps !
En conclusion à ce modeste plaidoyer sur la lecture, je tiens à vous dire, Mme la ministre de la Culture, que pour restituer au livre ses lettres de noblesse il va falloir aller très vite, pour lever toute une série de contraintes afin de sortir cette industrie du savoir, de la situation critique et du marasme dans lesquels elle se débat et dont les effets collatéraux ont eu un impact négatif sur le niveau culturel de notre société, sur l'image de notre pays et sur l'emploi dans le secteur de la culture. Certes ! Il est bien heureux d'apprendre que pour cette année 2022, les exposants au SILA seront exemptés des frais de location de leurs stands. Mais il reste que cette heureuse et bonne décision prise par Mr le président de la République ne doit pas être « l'arbre qui cache la forêt » ! Oui, Mme la Ministre, il reste beaucoup à faire avec les différents professionnels, dans la mesure où la politique menée jusque-là reste inadaptée à la dynamique et aux exigences spécifiques à la production du livre, en raison du fait que le soutien accordé par l'Etat et tout à fait dérisoire. Aider la chaîne du livre, équivaut :
1. À rassurer le monde de l'édition, un des secteurs les plus plombés par la crise sanitaire et la flambée des prix des matières premières qui a mis au chômage un grand nombre de ces employés, en raison des difficultés liées au manque de liquidités et au règlement de créances, alors que l'année 2022 a été annoncée par Mr le président de la République comme étant celle d'une relance économique effective et par conséquent, celle de la protection et de l'élargissement des capacités de la production nationale et de la création d'emplois. Pour que le secteur de la culture soit de la partie, il convient tout d'abord d'envisager au titre de la loi de finances complémentaire pour l'année 2022, la suppression des taxes sur les matières premières où il a été enregistré une augmentation de 120%. Il faut se rendre à l'évidence que plus que d'être une affaire rentable financièrement, l'écriture du livre, sa correction, sa conception infographique, son impression, sa distribution et sa vente au public, est en fait un acte citoyen manifesté par les différents intervenants qui sont loin de faire fortune dans ce domaine sinistré.
2. À revitaliser les 150 librairies présentes sur le territoire national, afin d'éviter leurs fermetures et la mort inéluctable de l'édition du livre. Faire tourner la machine, suppose que les structures étatiques (bibliothèques de maisons de la culture, d'écoles, de collèges, de lycées, de centres de formation professionnelle, d'universités...) passent commande auprès des libraires qui font l'essentiel de leur chiffre d'affaires sur la vente du livre scolaire, les annales pour les classes d'examen, les prix de fin d'année et l'acquisition de livres aux bibliothèques. À noter que pour ce qui concerne les livres des éditions étrangères, les libraires sont dans l'incapacité totale de répondre à la demande de leurs lectrices et lecteurs, en raison des règles et lois d'importation en vigueur.
3. Assurer une meilleure circulation du livre ! Pour les acteurs de l'industrie du livre, la distribution demeure un « point noir ». En dehors d'Alger, cette distribution se fait très mal et les librairies, particulièrement celles de l'intérieur, des régions Hauts-Plateaux et du Sud ne sont pas correctement approvisionnées. Il y a là, une possibilité pour étoffer le réseau de distribution à travers la création de coopératives de jeunes, pour approvisionner correctement les librairies, voire ramener le livre à domicile à leur clientèle ...
Au-delà des contraintes évoquées qui peuvent être facilement levées en y mettant un peu de bonne volonté de part et d'autre, le livre souffre surtout d'une désaffection de l'école pour la lecture, due à la surcharge des programmes scolaires. Cela laisse peu de temps à nos enfants, ces graines d'écrivains et de lecteurs de demain, à apprendre à le devenir à l'école, dès le cycle primaire. Cela passe par la bibliothèque de l'école qui peut être une petite armoire au fond d'une salle de classe avec une institutrice ou un instituteur qui incite l'élève à découvrir son premier récit, son premier livre. Certains enfants peuvent être des écrivains en herbe, grâce à l'initiative que prenaient autrefois les maîtresses et maîtres d'écoles, à travers la production du « journal de classe », avant que tout cela ne fût balayer par les différentes réformes successives des « têtes bien pleines ».
Nos enfants sont donc devenus des élèves et un peu plus tard des étudiants « ré-citateurs » sans libre arbitre ni base solidement ancrée dans l'esprit critique de synthèse et d'analyse, après la suppression dès 1977 de la méthode d'enseignement qui avait fait ses preuves. Oui ! C'est cela qui a hâté la disparition du livre et de la lecture dans notre société, Mrs les ministres de l'Education et de l'Enseignement supérieur ! Cela veut dire que sans l'implication de vos départements pour garantir l'émergence de plus d'écrivains et de lecteurs à l'Algérie de demain, votre collègue de la Culture ne pourra dans le meilleur des cas qu'améliorer quelque peu le fonctionnement des différents segments de la chaîne du livre. Aussi, le maître-mot d'une action réussie dans ce cas reste le partenariat et la concertation permanente que devra favoriser le Conseil National du Livre, en s'ouvrant davantage à l'expertise nationale...
*Professeur


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