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19 mars 1962, une date pour la mémoire
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 17 - 03 - 2022

Le 18 mars 1962, à l'Hôtel du Parc d'Evian, des accords sont signés par Louis Joxe, ministre français chargé des questions algériennes, et Krim Belkacem, chef de la délégation algérienne représentant du GPRA.
Le soir, le général De Gaulle annonce la signature des accords d'Evian qui se traduisent dès le lendemain 19 mars à midi par un cessez-le-feu applicable sur tout le territoire algérien. La journée nationale est fixée au 19 mars, jour anniversaire du cessez-le-feu en Algérie.
Cette journée permet 60 ans après de commémorer les accords d'Evian du 18 mars 1962, de rassembler et rendre hommage à toutes les victimes civiles et militaires qui sont tombées durant la guerre d'Algérie. Malgré les drames provoqués par va-t-en guerre et les adeptes de la terre brûlée, les accords d'Evian furent accueillis en Algérie comme en France, par toute une génération comme une délivrance, un espoir, la fin d'une sale guerre qui n'osait même pas dire son nom.
Le comportement de certains acteurs de l'époque (généraux putschistes et membre de l'OAS) ne doit pas, ne peut pas occulter la sagesse politique de ceux qui surent mettre un terme à cette ignoble guerre coloniale. Le 19 mars 1962 à 12 heures, le cessez-le-feu était ordonné, et c'était la fin d'une guerre qui, en près de 8 ans avait fait des centaines de milliers de victimes, dont 1.500.000 entre combattants et civiles algériens et quelques milliers de soldats français. Ce cessez-le-feu avait été décidé par les deux parties en application des accords signés la veille.
Rappelons que les accords d'Evian ont été approuvés par plus de 90% des Français lors du référendum du 8 avril 1962. Le 19 Mars 1962 appartient à l'histoire de notre pays. Nous souhaitons que le 60ème anniversaire du cessez-le-feu officiel soit une journée de la mémoire et du souvenir de toutes les victimes algériennes militaires ou civiles de cette sale guerre. Le 19 mars 1962, l'entrée en vigueur du cessez-le-feu en Algérie, est une date importante : la veille, le 18 mars, les accords d'Evian étaient signés entre la France et le FLN. Ce jour n'a pas marqué la fin des combats et des massacres de populations civiles, dus surtout à la folie meurtrière de l'OAS, mais dans la mémoire collective, le 19 mars est l'anniversaire de la fin de la guerre d'Algérie. Pourtant, le 18 mars 2016, l'ancien président de la République française, Nicolas Sarkozy, a publié une tribune dans Le Figaro pour contester cette décision de François Hollande en critiquant sévèrement l'ancien chef de l'Etat pour avoir choisie la date du 19 mars pour commémorer la fin de la guerre d'Algérie, au prétexte que cette date ne marquerait pas la fin des combats. En réalité on peut voir dans cette prise de position du leader des Républicains une manifestation de la «guerre des mémoires» dont l'objectif premier est de s'approprier le soi-disant vote pieds-noirs, comme le font aujourd'hui encore les candidats d'extrême droite à l'image de Zemmour et Marine Le Pen.
Le 19 Mars 1962, fin d'un cauchemar qui a duré 132 ans et dont la dernière période d'une guerre atroce a permis aux Algériennes et aux Algériens de recouvrer leur indépendance. Nous voulons saisir cette opportunité pour rendre hommage à ces géants, ces révolutionnaires sans médaille, qui, à l'image du moudjahid El Hadj Belarbi khaled d'Oran qui a pris le maquis alors qu'il avait tout juste 17 ans, et âgé aujourd'hui de 85 ans, et ses compagnons de combat encore de ce monde, affirment humblement aujourd'hui encore, qu'ils n'ont fait que leur devoir. Ils soutiennent mordicus que : « des milliers d'Algériens nous ont aidés au détriment de leur sécurité et de leur vi même, et se sont battus à nos côtés de toutes les manières possibles pour l'indépendance, du pays ». La révolution de Novembre sans contexte a bénéficié du combat incessant des intellectuels qui n'ont pas cessé de dénoncer à travers leurs écrits, la période coloniale et la politique de l'épouvante, contre le peuple algérien qui en paya le prix fort. Nous ne devons pas oublier que dans les grandes échéances, c'est le peuple dans son ensemble qui fait la décision.
N'oublions pas que c'est toujours le peuple qui était en première ligne pour payer le prix fort comme en Mai 1945. Il serait juste pour la sérénité de notre histoire, de mettre dans le même giron des défenseurs de l'Algérie, non seulement ceux qui ont pris les armes, notamment les martyrs, mais aussi toutes celles et ceux qui, à des degrés divers, ont souffert dans leur chair. Ainsi, la notion de militant et de moudjahid devrait normalement être étendue à toutes celles et ceux qui ont porté haut et fort, la voix de l'Algérie et les espérances du peuple pour la liberté et la dignité. La révolution fut de ce fait, portée par tout le peuple algérien, sans exclusif, et chacun selon ses moyens à l'époque. Qu'il s'agisse du plus humble des besogneux, de l'universitaire, du médecin, du sportif, de l'homme de théâtre de la femme de ménage, «moussebla», boîte à lettres du FLN ou tout simplement l'Algérien lambda. Parmi ces autres moudjahidine qui luttèrent d'une façon aussi difficile qu'avec les armes, nous n'oublierons pas de citer à côté des étudiants(es), des universitaires, l'équipe de football du FLN, le théâtre du FLN, les diplomates... Convaincre le sénateur John Kennedy de la justesse du combat de l'Algérie, n'était pas simple.
Arriver, malgré les entraves en tout genre de la France pour étouffer la voix de l'Algérie aux Nations unies, et arriver en définitive à donner une visibilité, chaque année, lors de l'inscription de la question algérienne, n'était pas une mince affaire. Qui se souvient des universitaires et intellectuels qui sont morts pour la patrie? Qui se souvient de ces jeunes filles et jeunes garçons qui ont quitté les bancs du lycée ou de la faculté pour entrer dans la clandestinité ou mourir au maquis? On ne cessera jamais assez de le répéter, la révolution de Novembre, qui fut en son temps, une victoire du droit des peuples, le marqueur identitaire de la liberté des nations, fut portée par tout un peuple. Dans cet ordre d'idées, l'hommage premier est à faire aux moudjahidate qui prirent les armes, notamment pour soigner les malades dans les zones reculées du pays, mais aussi les blessés lors de combats auxquels, certaines fois, elles participèrent. N'oublions pas non plus les justes européens qui ont aussi aidés la Révolution Ils furent nombreuses et nombreux aussi, les femmes et hommes épris de justice et de liberté, et pour lesquels j'ai consacré un essai d'Histoire intitulé « LE COMBAT DES JUSTES », édité par IBRIZ. Ils furent nombreux ces intellectuel(le)s françaises et français (avocats, médecins, acteurs, journalistes) à risquer leur vie pour la cause de la liberté, en acceptant d'aider le FLN à collecter des fonds.
Ce sera le cas de plusieurs réseaux. Par ailleurs en France, des Français se sont battus, se sont exposés et ont mis en jeu leur liberté et parfois leur vie pour l ́indépendance du pays, tout en étant fidèles à une certaine idée de la France. Ils furent nombreux à être des porteurs de valises dans le réseau Jeanson. D'une façon tout à fait anormale les massacres de l'OAS sont tombés dans l'oubli. Les dizaines de meurtres, de plastiquage et la politique de la terre brûlée n'a pas été documentée. Pourtant ce sont des criminels racistes imbues qui se prononcent aujourd'hui dans la course à la présidence de la république en utilisant un langage vieux de 60 ans pour attirer les bulletins des nostalgiques de l'Algérie de PAPA. Le 3 juillet , le général de Gaulle , à l'issue du scrutin sans appel, fut obligé de rendre à l'Algérie son honneur et sa dignité bafouée pendant 132 ans quand le général de Bourmont, celui qui s'emparait d'une façon épouvantable d'un pays, en reniant les promesses faites Celle de ne rien toucher ni aux biens , ni aux choses de la religion. Le moment est venu de réconcilier, les Algériennes et les Algériens avec leur histoire dans une démarche œcuménique.
Le FLN historique a été pour les Algériens, un marqueur indélébile de la dignité et de l'histoire de l'Algérie, à toutes les Algériennes et tous les Algériens, sans exception. La vraie identité de tous les Algériens, est de faire revive cet esprit de Novembre dans nos actions, au quotidien. C'est ce droit et ce devoir de «vivre ensemble que l'on soit de l'Est ou de l'Ouest, du Nord ou du Sud». Durant la Révolution, la contribution de chacun à la cause sacrée de la Révolution a été une réussite, car chacun plaçait l'intérêt supérieur de l'Algérie, au-dessus de toute considération. C'est cet esprit qui doit prévaloir dans la construction de l'Algérie Nouvelle que le Hirak a mis sur les rails. Elle gagnerait à être connue par les jeunes Algériens à qui on a fait ingurgiter un récit incohérent, où l'aspect démagogique et intolérant a pris le pas sur la vraie histoire. Une histoire qui dirait le vrai sans partie pris car comme l'écrit si bien Montesquieu : « Tout citoyen à le devoir de mourir pour son pays, mais nul n'est tenu de mentir pour lui ». Le 19 Mars 1962 a été le point d'orgue d'un combat qui a duré 132 ans. La révolution de Novembre, le dernier maillon de cette histoire, est une révolution qui s'inscrit dans le sillage des décolonisations rendues nécessaires par le besoin de liberté des peuples opprimés. Cependant, elle ne doit plus constituer un fonds de commerce. Nous devons dire aux jeunes -du même âge que ceux qui ont fait la révolution- d'inventer une nouvelle révolution. Cela passe par le parler vrai, la réappropriation de l'Histoire qui ne serait pas en pointillé, un vivre ensemble et surtout en une foi en l'avenir, en une Algérie Nouvelle où chacun trouvera sa place. Je termine par cette intervention dans un débat, d'un colonel français d'aviation écrivain né dans la Mitidja qui écrivait : «Je suis algérien, d'origine européenne. Je considère l'Algérie comme ma patrie. Je considère que je dois avoir à son égard les mêmes devoirs que tous ses fils. Ma place est aux côtés de ceux qui ont engagé le combat libérateur.»
Jules Roy (1)
(1) Né en 1907 à Rovigo (Hadjout), à vingt ans, il a été expulsé d'Algérie après avoir dénoncé dans le journal Alger Républicain la misère en Kabylie.


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