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Lettre à mon frère «harrag» (émigré clandestin)*
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 15 - 12 - 2022


«Cher frère Rafik,
Après avoir réussi à survivre à l'enfer de la décennie rouge (1990-2000) qui, à cause d'une lutte pour le pouvoir, acharnée et sanglante, a vu le pays se vider de ses forces vives et perdre une grande partie de ses cadres compétents, assassinés ou exilés et de ses infrastructures économiques, industrielles, administratives, éducatives, sociales et médicales, tu es parti, un jour d'été de l'an 2000, avec pour seuls bagages le costume neuf et les 500 000 dinars, soit environ 3000 Euros, laborieusement épargnés durant plus de dix années d'emplois, les uns plus précaires que les autres et qui devaient servir à ton mariage avec ta cousine Malika, qui a rejoint le lot des centaines de milliers de jeunes filles algériennes restées célibataires malgré elles.
L'exil ou le chômage
Pour entamer une nouvelle page dans le cahier de ta vie, à l'aube d'un siècle et d'un millénaire nouveaux, tu as opté pour l'exil et ses mirages.
C'est ton choix. Nous le respectons même si nous ne l'apprécions pas.
Tu as toutefois la bénédiction de notre mère et si notre père était encore de ce monde, il t'aurait certainement accordé la sienne, bien sûr après quelques récriminations judicieuses, dont lui seul a le secret.
A chaque fois que je relis la lettre dans laquelle tu nous as décrit, de manière détaillée, ta périlleuse traversée de la Méditerranée, dans les cales du Tarek Ibn Ziad, à destination d'Alicante ( Espagne ), j'ai la chair de poule et les larmes aux yeux.
Nous ne cessons de remercier Dieu de t'avoir épargné le sort malheureux que des centaines de nos jeunes ont, hélas, connu sur ces « itinéraires de la mort » exploités par des trafiquants sans foi ni loi.
Ironie du sort, comme tu le sais bien, c'est Tarek Ibn Ziad, un enfant du pays, qui a, il y a plus de treize siècles, conduit la flotte qui a conquis l'Andalousie voisine, qui abrite des fleurons de la civilisation arabo-musulmane et qui a vu naître quelques uns de ses représentants les plus illustres.
Pour l'instant, à presque quarante ans, tu continues à vivre de petits boulots et tu comptes régulariser ta situation administrative dans quelques mois ou quelques années pour pouvoir aspirer à un emploi décent, digne de ton diplôme d'ingénieur électronicien.
Tu commences déjà à te plaindre de la cherté et de la dureté de la vie à Madrid et de la froideur de la société espagnole. Tu n'es pas le seul à le faire.
Les Espagnols, eux-mêmes, ne reconnaissent plus leur bonne vieille société, qui aurait beaucoup perdu de sa générosité et de sa convivialité légendaires.
L'individualisme et l'égoïsme seraient les revers de la médaille du développement économique et industriel que ce pays, dont le niveau de développement n'était pas loin de celui du nôtre, dans les années 1970, a connu depuis sa pleine intégration à la Communauté européenne, au début des années 1980.
Il est vrai que le progrès est un monstre froid, qui avance indifférent aux souffrances des uns et des autres, dont il broie indistinctement les destins.
Comme après les deux Guerres Mondiales, les jeunes travailleurs immigrés constituent toujours la chair et le sang du développement des pays occidentaux.
Ils ne doivent pas perdre de vue la règle suivante : tant que les économies, qui utilisent leurs bras et leurs cerveaux, ont besoin de leur force de travail et de leurs compétences, elles feront recours à eux et fermeront les yeux sur « l'irrégularité » de leur situation administrative.
A qualifications égales, leurs salaires et leurs droits sont cependant inférieurs à ceux des nationaux de ces pays et ils ne pourront rien faire contre cette discrimination économique et sociale. S'ils osent protester ou revendiquer leurs droits ils sont souvent déclarés « persona non grata » et expulsés manu militari vers leurs pays d'origine.
Nos ambassades et nos consulats doivent exercer pleinement leurs prérogatives diplomatiques et consulaires de représentation et de protection pour défendre les intérêts de nos ressortissants régulièrement ou irrégulièrement installés dans les pays d'accueil contre ce genre d'abus inadmissibles.
Sachant donc que ton séjour dans ces pays est limité dans le temps car, quels que soient ta bonne volonté et le poste que tu occuperas dans ces pays ; vers la cinquantaine, au plus tard, ton employeur, sous un prétexte ou un autre, te révoquera pour embaucher un autre immigré, flambant neuf, généralement en situation irrégulière et plus jeune que toi. Tu devras donc mettre à profit ta présence dans ce pays pour bien te former professionnellement et épargner le maximum d'argent pour t'assurer une retraite décente lorsque tu retourneras en Algérie.
Comme tu le sais, après avoir retrouvé progressivement la paix et la sécurité, notre pays commence à se redresser politiquement, économiquement et socialement.
En effet, il a enregistré, ces dernières années des résultats macro-économiques que beaucoup de pays en développement nous envient, même si la société algérienne continue à souffrir encore de nombreux maux et fléaux sociaux comme le chômage endémique, la bureaucratie et son corollaire la corruption, le trafic de drogue et le phénomène des harragas (émigrés clandestins) notamment, qui enregistrent, ces dernières années, une expansion dangereuse pour la cohésion sociale, malmenée par plus d'une décennie de terrorisme barbare.
Pourtant, au summum de la crise et alors que nos voisins du Nord de la Méditerranée notamment se préparaient, avec l'aide de l'OTAN, à accueillir des « boats people » en provenance de notre pays, annoncés par des médias et des ONG malveillants, le peuple algérien était resté digne et avait préféré faire face vaillamment au terrorisme islamiste que de fuir massivement le pays comme l'ont fait d'autres peuples, ailleurs.
Sa longue et riche Histoire lui a souvent permis d'amortir les chocs qu'il a subis au fil des siècles et qui ont profondément façonné la nation algérienne plurimillénaire.
Des origines lointaines
En effet, quels que soient les problèmes auxquels notre pays fait face, nous ne devons pas perdre de vue que nous sommes les descendants, les héritiers les dépositaires d'une histoire fabuleuse que nous devons, à l'intérieur et à l'extérieur du pays, protéger contre la perversion, l'oubli, l'ignorance, la manipulation et la dilapidation.
Toi, qui es féru d'Histoire et de Géographie, tu sais que les paléontologues considèrent notre pays comme un des berceaux de l'humanité. Selon un document de la bibliothèque du Congrès américain, les restes d'hominidés trouvés à Aïn El Hnach*, un ancien lac, situé dans la commune de Guelta Zerka, à environ 7 km au Nord-Ouest d'El Eulma, wilaya de Sétif, remontent à plus de deux cent mille ans. L'une des plus anciennes présences humaines sur la planète Terre, prouvées à ce jour.
Les ossements et les différents vestiges, qui gisent aux quatre coins de notre pays, ainsi que les outils, armes et gravures rupestres découverts ici et là confortent cette thèse.
Les habitants originels de la partie centrale de l'Afrique du Nord, les Berbères, ont subi depuis la nuit des temps des invasions de forces étrangères attirées par la richesse et la beauté légendaire de ces territoires.
Sans aucun doute, l'invasion française, présentée comme ayant une « mission civilisatrice », alors qu'elle ne constituait qu'un « hold up » sur les richesses de la Régence d'Alger ( voir le livre de Pierre Péan, à ce sujet ), qui était autant, sinon mieux évoluée, sur les plans agricole, économique, social et urbanistique que la France de l'époque, minée par les différentes crises qu'elle a connues, à la fin du XVIIIème et au début du XIXème siècle, était de loin la plus sanglante, avec les nombreux massacres, pillages, enfumades, tentatives d'extermination et de déracinement des populations locales et leur bétail et l'accaparement par les colons de leurs riches prairies, vergers et champs de blé, qui avaient permis à la France féodale de faire face à des famines cycliques, qui avaient décimé des villages entiers.
Le rayonnement des différentes dynasties constituées par nos ancêtres a, à leur apogée, dépassé leurs frontières pour s'étendre aux voisins de l'Est et de l'Ouest ainsi qu'au Nord et au Sud de la Méditerranée.
Des villes côtières de pays du Nord de l'Europe, le Sud de l'Espagne, le Sud du Portugal, le Pays Basque espagnol, Malte, la Sicile et la Sardaigne, entre autres, ont été à un moment donné de leur histoire occupés partiellement ou entièrement, par des troupes venues à bord de vaisseaux, qui avaient appareillé de nos différents ports. Ces vaisseaux n'avaient rien à voir avec les embarcations de fortune utilisées aujourd'hui par nos harragas pour se lancer, à leur tour, à la «conquête» des côtes ibériques ou italiennes.
Pour oublier de temps en temps ta ghorba (solitude de l'immigré), tu dois te rappeler que cette terre, dont tu portes l'humus et dont les côtes, les plaines, les vallées, les oueds, les lacs, les collines et les montagnes verdoyantes, les hauts plateaux austères, le Sahara, ses oasis et ses ksours, les cavernes et le sous-sol regorgent non seulement de ressources naturelles précieuses mais aussi d'Histoire, a vu naître et disparaître des hommes et des dynasties qui, ont donné, entre autres, à l'Egypte des pharaons et sa capitale Le Caire, à la Numidie Massinissa, à Rome un Empereur, à l'Islam Tarik Ibn Ziad et les autres chevaliers de la foi et inspiré à Saint Augustin, Appulée de Madaure, Ibn Khaldoun, Cervantès, Hamdan Khodja, Moufdhi Zakaria, Bennabi, Camus, Assia Djebbar et les autres, leurs meilleures œuvres.
Comme tu le sais peu de pays peuvent se targuer de renfermer à la fois les gravures rupestres du Tassili, les ruines romaines de Tipaza, Timgad, Djemila, Tébessa, Lambèse, entre autres (plus de 500 sites de ce genre ont été inventoriés par l'Unesco, à travers tout le territoire national), les balcons du Rouffi, les ponts suspendus de l'Antique Cirta, les dolmens de Frenda, la Kalaa ( Fort ) de Beni Salama où Abderrahman Ibn Khaldoun a écrit la Muqaddima ( les Prolégomènes ) de son « Histoire Universelle », entre 1374 et 1379, le Fort de Cervantès, à Alger, où le génial soldat-écrivain espagnol Miguel de Cervantès Saavedra avait imaginé la trame de son roman-culte « Don Quichotte », lors de sa captivité dans ce fort, de 1575 à 1580, le Tombeau d'Imedghassen et celui de la Chrétienne, les gorges d'El Kantara, du Rhummel et de Kherrata ainsi que tous les trésors connus ou qui restent à découvrir et la diversité biologique, géographique, géologique, la faune et la flore de notre immense pays.
Il est important de connaître et de bien assimiler ces éléments constitutifs de notre personnalité nationale, à un moment où certains n'hésitent pas à semer le doute sur notre passé prestigieux et sur l'apport de nos ancêtres à la civilisation universelle, pour mieux déraciner nos jeunes et compromettre leur avenir et celui du pays, qui sort de la zone de turbulences où il a été plongé, au lieu de susciter chez eux un noble sentiment d'appartenance, d'admiration et de fidélité à leurs pays d'origine.
Présent et Avenir : une meilleure visibilité
Une nation, qui repose sur un patrimoine historique et culturel aussi riche, varié et profond que le nôtre ne devrait pas nourrir de craintes excessives pour son présent ni pour son avenir. En restant unie et solidaire, elle parviendrait toujours à transcender les épreuves, qui lui seraient imposées par ses propres enfants ou par des forces étrangères et pourrait envisager sereinement de rassembler ses enfants disséminés à travers le monde. Grâce à Dieu, la nation algérienne post-indépendance est sortie renforcée de toutes les crises qu'elle a connues depuis 1962 et qui étaient souvent générées par des luttes intestines pour le pouvoir. Les périodes de stabilité et de crise se sont alternées.
Selon des observateurs crédibles de la vie politique, économique et sociale algérienne ; grâce notamment à une conjonction de facteurs endogènes et exogènes positifs, comme le renchérissement exceptionnel des prix des hydrocarbures, une exploitation intensive des ressources naturelles du pays, une meilleure gestion des recettes importantes qu'elles rapportent ainsi que de la dette extérieure du pays considérablement réduite aujourd'hui et une bonne pluviométrie , la croissance économique et financière va durablement s'installer dans notre pays, qui retrouve progressivement ses marques et reprend confiance en lui même.
Ce climat d'optimisme devrait cependant être renforcé par des mesures sociales fermes et accompagné d'initiatives plus audacieuses sur les plans politique, médiatique, économique, industriel, agricole, culturel et éducatif.
Le Gouvernement algérien devrait aussi mettre à profit cette situation favorable pour encourager nos jeunes, étudiants, diplômés et travailleurs manuels, dont la majorité continue à souffrir encore d'un chômage chronique ainsi que notre diaspora à l'étranger, qui s'élève aujourd'hui à des millions de personnes, à tourner résolument leur regard vers les perspectives d'avenir prometteuses que l'économie algérienne offre, à court et à moyen termes. De leur implication effective dépendra certainement la réussite de nos différents plans de développement car un développement qui exclurait les compétences nationales ne profiterait qu'à nos partenaires étrangers, à leur main d'œuvre et à leurs compagnies.
Dans la même logique, la gestion des différentes infrastructures économiques, industrielles et sociales qui seront réalisées, sur fonds publics, sera inévitablement confiée à des compagnies étrangères, qui en maîtrisent la technologie.
L'exemple des usines livrées clés en main devrait être médité.
En quelques décennies, des pays comme l'Espagne, le Portugal, l'Italie, la Grèce, Malte, l'Irlande ou la Corée du Sud, qui étaient de grands pourvoyeurs de main d'œuvre à d'autres pays d'Europe et aux Etats-Unis d'Amérique et des récipiendaires importants de l'aide au développement, sont devenus des pays qui reçoivent des immigrants venus de tous les continents et qui fournissent une assistance appréciable à des pays en développement d'Asie, d'Afrique et d'Amérique Latine.
Je sais que la hogra ( l'injustice ) et l'impunité dont jouissent encore certains « intouchables » ont été parmi les raisons qui ont motivé ton départ du pays. « J'en ai marre » me répétais-tu, en déplorant l'impuissance de notre société face à ces abus de toutes sortes que seules l'édification d'un Etat de Droit et une bonne gouvernance effective pourraient faire cesser.
Je suis entièrement d'accord avec toi lorsque, sûrement inspiré par l'exemple du pays où tu vis, tu dis que pour être bien gouverné politiquement, économiquement et administrativement, un pays aussi grand que le nôtre doit décupler le nombre de ses communes, quadrupler celui des daïras, doubler celui des wilayas et créer des régions homogènes essentiellement fondées sur les vocation et complémentarité économique, industrielle, agricole ou touristique des wilayas qui les constituent.
L'Administration sera ainsi rapprochée du citoyen et retrouvera sa dimension humaine.
Effectivement, une bonne gestion de nos villes impose également d'accélérer la restauration de nos vieilles bâtisses, surtout celles qui font partie de notre patrimoine historique, de démolir celles qui sont irrécupérables, finir les centaines de milliers d'habitations individuelles ou collectives inachevées qui défigurent nos villes et nos campagnes envahies par le béton, bien entretenir les rues de nos quartiers, qui perdent de plus en plus leur âme, les aérer en y créant des lieux de rencontre où nos enfants et personnes âgées peuvent circuler sans risquer d'être écrasés par des chauffards ou agressés par des jeunes que l'oisiveté, mère de tous les vices, pousse à la délinquance, sous toutes ses formes ou à la fuite du pays dans des conditions souvent dramatiques.
Education, formation, emploi et justice doivent constituer les quatre piliers porteurs de notre maison commune, dont les affaires doivent être gérées, à l'instar d'autres pays, dans la transparence et avec la compétence requises, par ses meilleurs enfants, hommes et femmes, et non pas confiées à des médiocres et incompétents, favorisés par le népotisme et le régionalisme qui , comme les mariages consanguins, altèrent les sociétés humaines et représentent une menace sérieuse pour la cohésion, la stabilité et l'unité nationales.
Comme tu l'as judicieusement relevé dans ton dernier émail, cette embellie économique durable est accompagnée, sur le plan diplomatique, par un retour en force de notre pays sur les scènes régionale et internationale, qui semble déranger certains pays, qui se sont accommodés de l'instabilité qui l'a caractérisé dans les années 1990 et alimentent ouvertement la tension au Maghreb, au sujet du problème du Sahara Occidental, en encourageant notamment le Maroc, miné par ses contradictions internes et la drogue, à persévérer dans sa fuite en avant.
Une reprise des hostilités entre le Front Polisario et le Maroc ou un conflit entre ce dernier et l'Algérie ne profiteront qu'à ces pays.
Terre d'asile traditionnelle, l'Algérie a, conformément à la résolution 1514 de l'ONU, soutenu le droit des peuples colonisés à l'autodétermination et à l'indépendance et a , de tous temps, accueilli généreusement les persécutés des trois religions monothéistes, athées ou d'autres croyances, ainsi que des réfugiés venus du monde entier, qui y ont trouvé paix, sécurité et réconfort pour eux et leurs enfants.
C'était notamment, le cas des Juifs, qui étaient bien intégrés et leurs religion et droits respectés par la majorité mais, après l'occupation de la Régence d'Alger par la France, en 1830, la très grande majorité d'entre eux avait préféré soutenir l'occupant français et le suivre, à l'indépendance de l'Algérie, en 1962.
C'étaient les cas également des Morisques qui fuyaient l'Inquisition, après la chute du royaume de Grenade et des Sahraouis, qui ont fui l'occupation et la répression marocaines, en 1975.
Le Droit humanitaire, aujourd'hui à la mode, a été depuis longtemps mis en œuvre par notre pays, sans aucun tapage médiatique.
En tout état de cause, le destin d'une nation repose avant tout sur les épaules de tous ses enfants, quelles que soient leurs convictions politiques.
Si la majorité des forces vives de cette nation a perdu le sens du ridicule, est imbue de la culture de la prédation, sous toutes ses formes et n'est pas consciente de ses devoirs et responsabilités, le destin de ce pays ne pourrait que leur échapper. Il sera déterminé par ceux qui n'hésitent pas à s'ingérer dans les affaires intérieures des autres nations et pillent leurs richesses, avec la complicité d'enfants, de ces pays mêmes.
De nombreux « partenaires », attirés par nos ressources humaines, naturelles et financières nous proposent aujourd'hui de nous « aider », dans tous les domaines, alors qu'hier encore ils vendaient aux terroristes dont les commanditaires résidaient souvent chez eux, les armes et les explosifs qui tuaient les algériens et détruisaient les infrastructures économiques, industrielles, sociales, éducatives et culturelles du pays, mis de facto sous embargo.
« Les Etats n'ont pas de sentiments mais des intérêts » disait Winston Churchill.
Vigoureusement dénoncé par les pays du Tiers Monde, plus actifs et solidaires dans les années 1960 à 1980, le néo-impérialisme se redéploie à la faveur de la mondialisation, qui constitue son « Cheval de Troie » depuis l'effondrement du bloc communiste, au début des années 1990 et vise de nouveau à dominer le monde, à travers notamment le contrôle de l'espace, des mers, des océans et des sources de matières premières stratégiques afin de confiner, ceux qui n'adhèrent pas à sa vision des relations internationales ou qu'il considère, pour une raison ou une autre, comme ses ennemis , dans une situation de dépendance et de vulnérabilité multiforme.
Nous devons donc être vigilants si nous ne voulons pas connaître le même sort que le pauvre Boabdil, le dernier Roi de Grenade, qui, le 2 janvier 1492, sur le chemin de l'exil, après sa défaite face aux Rois Catholiques, se retourna pour jeter un dernier regard sur le Royaume perdu et se mit à pleurer.
Sa mère lui dit alors cette phrase historique « Ne pleure pas comme une femme ce que tu n'as pas su défendre comme un homme ».
Je m'excuse pour cette longue digression historique et politique.
L'irrésistible appel du large
J'étais en poste à Londres, en 2006, quand j'ai reçu l'appel téléphonique de Mohamed, mon camarade de promotion de l'ENA.
Après les questions d'usage sur la santé et le séjour dans cette merveilleuse capitale, sa «ville préférée en Europe», il entra dans le vif du sujet : son fils.
Je n'ai jamais vu Mohamed dans un aussi dramatique état mental, lui, le fringant Algérois, toujours souriant et tiré à quatre épingles, qui a réussi l'exploit, dès sa sortie de l'ENA, en 1979, d'être nommé à un poste supérieur dans une prestigieuse institution de la République, et qui a allègrement gravi les échelons jusqu'à en devenir l'un des principaux directeurs.
Il sombrait visiblement dans un stress, une panique, voire même dans un désarroi pathétiques et émouvants, à cause de la «folle» décision de son fils ainé K. qui avait décidé, un jour, de laisser tomber la florissante entreprise familiale, qu'il gérait à Alger, pour aller s'installer en France où il a vécu clandestinement pendant trois ans, après y être entré avec un visa touristique, en bonne et due forme.
K. a, par la suite, regagné clandestinement la Grande Bretagne, pays de ses rêves, où il vit depuis deux mois.
«L'irrésistible appel du large, auquel ni Ulysse, ni Sindbad, ni même Ibn Batouta n'avaient résisté, a été plus fort que nos pauvres voix impuissantes et nos arguments irrecevables».
«Seuls les parents d'enfants enlisés dans de telles aventures pourraient mesurer la gravité et l'impact considérable de ce drame sur la cellule familiale concernée».
«Les sirènes du voyage sont plus fortes que toutes autres perspectives, au point d'obnubiler ceux et celles qui en sont victimes et de forcer leurs proches à accepter leur folie, dans l'espoir de leur éviter le pire, c'est à dire le suicide, sous une forme ou une autre.
«K. vit actuellement avec un groupe de clandestins algériens originaires d'Alger, à Finsbury park**. Ils vivotent grâce aux dons d'associations caritatives.
«Je te serais très reconnaissant si tu pouvais l'aider à trouver un boulot décent pour l'éloigner de toutes influences et tentations néfastes.»
Ces paroles, plusieurs fois interrompues de sanglots, de mon ami Mohamed, m'avaient fortement ému et ébranlé.
La déchirante mauvaise passe que lui et sa famille traversaient m'avait incité à redoubler d'efforts pour accéder à la demande de ce père en détresse.
Mon ami, le brave Timbo, ressortissant algérien natif de Guelma, un Oumeddour, gérant d'un restaurant à Notting Hill, un célèbre quartier de Londres, a accepté d'engager K et, contrairement à beaucoup de ses compagnons d'infortune, déportés vers leurs pays d'origine ou vivant encore dans une dure et de plus en plus insupportable clandestinité, il a même réussi à régulariser sa situation administrative, grâce à un mariage avec une européenne de l'Est de l'Europe, naturalisée britannique.
Nous t'embrassons tous et te demandons de faire bien attention à ta santé physique et mentale, qui est essentielle.
Le reste, comme disait notre défunt père, paix à son âme, «s'il ne vient pas aujourd'hui ; il viendra demain».
« Ta famille.
* J'ai participé, hors concours, à titre exceptionnel, avec cet article au concours des meilleures productions journalistiques sur la migration, réservé normalement aux professionnels des médias et de l'information, organisé, en automne 2022, par l'Organisation Internationale pour les Migrations-OIM Algérie, dans le cadre du projet «Appui au Pillier-Développement du Programme Régional de Développement et de Protection pour l'Afrique du Nord» (RDPPNA) et le Projet Aware Migrants».
**Quartier populaire de Londres, fréquenté par les islamistes, en raison de la mosquée qui s'y trouve, communément appelé «Londonstan».


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