Enfin, d'importantes reformes devraient être votées à la rentrée par l'APN et elles semblent recueillir un large consensus. Plus rien ne s'oppose à ce que le pays retrouve à présent sa sérénité pour que nous puissions nous consacrer à l'essentiel, reconstruire le pays et remettre en route la machine économique. Mais auparavant, il faut mettre fortement et fermement les points sur les i, c'est à dire, déclarer que toute action de personne ou d'institution qui chercherait à gripper ou à saboter notre remise en marche relèverait de la trahison. Le pays doit être exemplaire et toute tentative pour remettre en question ces reformes est criminelle. Il faut comprendre que les grèves corporatistes, sans nier leur légitimité, doivent impérativement être remises à plus tard comme une contribution patriotique. Je pense plus particulièrement à Air Algérie dont la grève observée il y'a maintenant plus de trois semaines est proprement abjecte surtout que les motifs invoqués sur les salaires des hauts cadres peuvent certainement attendre trois mois. Voilà comment un bras de fer désagréable peut mettre en péril une société d'Etat qui devrait être le fleuron de nos entreprises. Voilà la réalité-même d'une mentalité suicidaire, celle d'un état d'esprit de fonctionnaires irresponsables qui livrent pieds et poings liés leur société à la concurrence, au détriment de leur propre avenir. On ne peut réussir notre transition s'il n'y a pas de la part de chacun la prise de conscience personnelle que la réussite de notre pays dépend de chacun de nous. Je lance un appel pressant à tous nos responsables politiques et syndicaux pour encourager une dynamique consensuelle s'ils ne veulent pas voir le pays disparaître dans les oubliettes de l'histoire, rongé par les ambitions personnelles et les visions à court terme. Il faut une mobilisation de chaque citoyen pour déjouer les plans d'une fatalité tragique comme celle par exemple qui est alimentée par le réveil des querelles tribales qui ont plongé une région entière dans le deuil et la désolation… Une région livrée aux pires passions, rougie par un sang qui bat au cœur des tempes, transformant un homme en un barbare aveuglé par ses haines ancestrales qui semblaient enfouies dans une mémoire génétique et qui ont explosé comme un volcan que l'on croyait éteint à jamais. Il est fascinant de constater combien le temps est absent et combien les rancœurs et les ressentiments se transmettent de génération en génération appartenant à une mémoire du clan entretenue par ceux qui se prétendent en être les gardiens. Combien faudra-t-il de travail pour insuffler en chacun de nous le désir de réussir le pari de la démocratie? Il y a tant d'espérances qui seront obligatoirement déçues car nous restons un pays désespérément pauvre comme l'ont montré de nombreux reportages qui ont dévoilé une Algérie oubliée et miséreuse à qui il sera impossible, malgré toute notre bonne volonté, de répondre immédiatement à ses besoins.