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Au cœur des services spéciaux français
Publié dans Réflexion le 14 - 09 - 2011

Alain Chouet L'ex- patron des services secrets français à la DGSE, lève le voile sur les secrets des prises d'otages et nous éclaire sur les méthodes des services français pour lutter contre le terrorisme.
Dans sa publication, il révèle des éléments de ce qu'à été sa carrière, ses missions à la DGSE et ses positions personnelles sur certaines questions …
La carrière à la DGSE d'Alain Chouet.
Ayant suivi les affaires arabes et celles concernant la violence politique islamiste ; Il avait appris l'arabe à l'Institut des langues orientales à Paris et à Beyrouth à l'université Saint-Joseph, a été en poste au Liban de 1974 à 1976, au début de la guerre civile, en Syrie et au Maroc, a occupé trois postes officiels dans le monde arabe et passé quelques années en “sous-marin”. Il a ensuite été à Genève pendant quatre ans et à la Commission européenne, à Bruxelles. Il a été nommé à son retour à Paris coordinateur des opérations antiterroristes de la DGSE où il a eu à suivre les dossiers d'otages. Sa carrière s'est terminée comme chef du service de renseignement et de sécurité où il était chargé des contre-mesures actives en matière de contre-espionnage, de contre-criminalité et de contre-terrorisme.
Ses missions à la DGSE
A la DGSE, le contre-terrorisme travaille en dehors de tout cadre légal. Les missions de la DGSE sont secrètes et clandestines, car ses agents interviennent contre des gens, des choses qui ne se sont pas encore produites en prenant des mesures diplomatiques, économiques et même culturelles que la DGSE propose à ses hommes politiques. Alain Chouet a confié qu' « a l'époque du terrorisme d'Etat, syrien, libanais ou iranien, comme il était clair que nous n'allions pas faire la guerre à ces pays-là même s'ils perpétraient des attentats contre nous, nous devions les dissuader de continuer. Mais on n'allait pas bombarder Kadhafi, il fallait que l'on fasse autrement. Notre travail consistait à nouer des contacts avec les responsables sécuritaires de ces pays qui pratiquaient le terrorisme comme une arme normale de leurs relations internationales. On leur disait : “On sait que c'est vous. Arrêtez, sinon, on ne va pas s'en prendre aux exécutants. On va s'en prendre à vous !” Ces responsables des services arabes pouvaient nier…Nous avions les preuves. Nos interlocuteurs - par exemple les services secrets syriens - préféraient ouvrir une ligne rouge avec nous pour pouvoir discuter. Il y a eu pourtant des coups sanglants portés contre la France, et Charles Pasqua avait déclaré qu'il fallait terroriser les terroristes. Il fallait à chaque fois remonter la filière et découvrir qui était derrière. Quant à terroriser les terroristes, je n'y crois pas du tout. Nous, notre job était de présenter aux politiques la gamme complète des possibilités d'intervention, jusqu'à l'élimination physique si nécessaire. Les Soviétiques et maintenant les Russes ont la réputation de faire payer très cher les terroristes qui s'attaquent à leurs représentants.
Il y a beaucoup de légendes sur ces représailles que Moscou a laissé courir et alimenter car elles servent ses intérêts. Comment dissuader un aspirant kamikaze ? Avec quoi ? Ce n'est pas évident. Les mesures violentes font partie cependant de l'arsenal dissuasif. Le problème, c'est que les pays occidentaux ne sont pas crédibles. Les terroristes savent que dans nos Etats de droit nous sommes soumis à des contraintes légales et qu'on ne peut pas faire n'importe quoi » précise t-il.
«LE DJIHADISME SALAFISTE VEUT PRENDRE LE POUVOIR DANS LES PAYS MUSULMANS»
Selon Alain Chouet Le terrorisme aurait évolué : « Nous ne sommes plus dans des logiques d'armées terroristes. Le terrorisme d'Etat avait une mission, disposait de moyens, de professionnels de la violence ou de la révolution. Maintenant, on a affaire à un ensemble de populations « sensibles », qui ne sont pas composées de professionnels, mais qui peuvent se lancer dans la violence par bêtise ou par conviction. Elles passent à l'action en mettant en jeu leur propre vie. Dans les années 80, les ¬terroristes essayaient de ne pas se faire identifier et de s'en sortir vivants pour profiter de leur action. Avec les kamikazes d'aujourd'hui, on aurait changé de registre. A propos d l'assassinat de l'ambassadeur Delamarre en 1981 à Beyrouth. , Il soutient : « ce n'étaient pas des kamikazes. Les Syriens nous avaient déjà passé un certain nombre de messages, demandant d'arrêter de soutenir les Palestiniens. Paris a continué en sauvant Arafat. On était dans une logique de combats et de coups fourrés d'Etat à Etat. Ça s'est terminé avec des morts de part et d'autre, on était en guerre et on a utilisé des moyens de guerre jusqu'à ce qu'on se mette d'accord avec les Syriens pour se dire “pouce” ! On replace nos relations sur l'autre plan. ». Quant aux agents français envoyés à l'étranger, Ce serait pour la connaissance des intentions secrètes. Quand la France a un contentieux avec un Etat, il faut anticiper la stratégie qu'il va développer contre nous. Nos adversaires ne sont pas des démocraties. Ils passent rapidement à l'action terroriste. A nous de percer leurs secrets, leurs projets par tous les moyens, y compris illégaux » révèle t-il en soutenant qu'aujourd'hui la première menace contre la France. C'est le djihadisme salafiste qui veut la dissuader d'intervenir dans les pays musulmans pour qu'il puisse y prendre le pouvoir. Menace numéro deux : le grand banditisme habillé en politique comme au Sahel où la prise d'otages est une activité lucrative. Pour lui, Al-Qaïda au Maghreb islamiste, c'est du banditisme revêtu des oripeaux de l'islam. On a affaire à des groupes de combat qui ne sont pas dans une logique d'affrontement avec l'Occident. Ils sont situés sur les routes des trafics dans la zone sahélienne et en profitent. Ils sont de 400 à 500, font vivre entre 20 000 et 30 000 personnes, et administrent de fait des zones de non-droit. Leurs responsables ne travaillent pas beaucoup pour l'islam et beaucoup pour l'argent. Un de leurs chefs, Mokhtar Ben Mokhtar, on le connaît depuis vingt ans. Avant, il n'était pas islamiste et organisait tous les trafics dans le triangle Mauritanie, Mali, Algérie. Ainsi la libération des derniers otages d'Areva , c'est une question d'argent. Les prix ont considérablement monté. A mesure que les Occidentaux, la presse, ont manipulé le concept d'une menace mondiale, le tarif de l'otage est passé en dix ans de 1 million de dollars à Jolo aux Philippines où des touristes français étaient détenus, à 25 millions pour les otages du Sahel. L'argent est pris sur le budget de fonctionnement de la DGSE. Cela signifie que pendant plusieurs mois, la DGSE, faute de budget après paiement d'une rançon, est obligée de se serrer la ceinture. Concernant l'opération des forces spéciales en début d'année contre les ravisseurs de deux jeunes Français enlevés à Niamey, qui ont été tués pendant l'affrontement, marque-selon l'ex- patron des services secrets français a la DGSE, un tournant de la politique française par rapport à ses otages. D'ailleurs, dit-il, Les terroristes du Sahel savent très bien qu'on ne peut mener ce genre d'opération que si on la gagne. La mort de nos otages n'est pas supportable pour notre opinion publique. Certains pays comme les Anglo-Saxons ont la réputation de ne pas négocier. Des otages ont même été tués au cours d'opérations de libération menées par l'armée américaine. C'est bien pourquoi on ne leur en prend pas beaucoup. Les terroristes prennent chez ceux qui paient. Ils ne prennent pas de Chinois non plus. Pourtant, il y en a des milliers qui travaillent dans les zones dangereuses. Mais ces groupes savent que ce n'est pas la peine de prendre de risques. Pékin ne lâchera pas un dollar. La principale menace de la France vient de la présence militaire française en Afghanistan. Bien qu'il n'y a pas de taliban ou d'Afghan qui exerce des menaces contre la France. C'est le Djihadisme international qui s'en sert comme prétexte. C'est un thème mobilisateur dans le monde musulman. Demain, ils trouveront autre chose. N'étant pas convaincu de l'intervention française en Afghanistan, il souligne dans son livre : « On a gagné quoi ? On y fait quoi, aujourd'hui ? Le problème était légitime en 2001 où on avait un Etat taliban constitué qui hébergeait un groupe terroriste qui a fait le plus de dégâts au monde. Une fois qu'on a mis fin à ce régime et qu'on a cassé la base d'Al-Qaïda grâce à un mandat justifié et légitime, pourquoi est-on resté ? Pour faire de l'Afghanistan un Etat démocratique sur le modèle suisse ? ». Parlant du voile de l'interdiction du voile des femmes Afghanes, il convient qu'il y a eu confusion des genres. Dans le terrorisme international, il n'y a pas d'Afghan. Si on veut réformer la société afghane, on n'est plus dans l'antiterrorisme. Je crois qu'après notre intervention militaire, il fallait laisser les Afghans régler leurs problèmes de société. En leur disant que si leur pays abritait encore une fois des bases terroristes, on reviendrait pour taper très fort, autant de fois qu'il le faudra. Pour le reste, ce sont leurs affaires. Concernant les rapports entre gouvernants et la DGSE, Alain Chouet dira : « Eux prennent les décisions. Les rapports sont complexes en France entre les services et les politiques. Cela dépend de la personnalité du directeur général de la boîte et des relations qu'il entretient avec les gouvernants. Nos responsables politiques utilisent nos estimations comme un instrument parmi d'autres. En général sous la pression de l'opinion, des médias, de l'émotion, ils prennent parfois des décisions qui nous apparaissent parfois peu logiques". Sur l'opération en Libye. Il ne serait pas persuadé de sa pertinence. Pour lui ; Le mandat de l'Onu était de protéger la population civile, et non pas de bombarder ses palais, ni de diviser le pays en deux. D'envoyer des commandos au sol, de fournir des armes aux rebelles et de leur donner un statut diplomatique. Les rebelles libyens du Conseil national de transition ne sont pas de grands démocrates. Leur président, qui était ministre de la Justice de Kadhafi, avait condamné les infirmières bulgares, a limogé en août tous ses ministres. Abdel Fatah Younès, l'ex-ministre de l'Intérieur, a été abattu cet été à Benghazi, alors qu'il était le seul à avoir une légitimité politique en dehors des islamistes qui, on le voit, pointent leur nez. Il ne faut pas être naïf. Il faut tenir compte du contentieux existant depuis les années 50 avec l'Egypte qui conteste l'existence même de la Libye. Ce n'est pas un hasard si la révolte n'a pas commencé à Tripoli mais à la frontière égyptienne avec des armes qui sont subitement apparues entre les mains des manifestants. Dans cette affaire, il existe des motivations extérieures pas toutes bien intentionnées. J'observe dit-il, que la moitié de la Libye, la région Est, passe sous la coupe de l'Egypte qui n'a pas de pétrole, au moment où les Américains ne peuvent plus payer leur rente annuelle au gouvernement du Caire. Pourquoi pas ? Mais mener des opérations au nom de la grande et belle démocratie, c'est de l'hypocrisie. Kadhafi, lui, nous a donné beaucoup de travail dans la décennie où il faisait du terrorisme une arme ordinaire dans ses relations internationales. Après, il a fallu que l'on continue, mais dans l'autre sens, en allant lui faire des risettes pour qu'il signe des contrats juteux .Avec lui, on a été contre, pour, avec. Pour un pays de 6 millions d'habitants, la Libye a bien occupé les services secrets français. Le risque, c'est de ne pas arriver à le juger. Ce conflit a mis en exergue la limite de nos moyens militaires. Il montre l'état de notre défense. Heureusement qu'on ne fait la guerre qu'en Libye. Si on devait la faire contre des gens sérieux, je ne sais pas où on irait ». Les moyens de la DGSE sont tous mobilisés face au terrorisme, Il y a énormément de moyens qui sont concentrés sur une menace qui, n'est pas si importante que cela. Les atteintes que le terrorisme fait aux personnes et aux biens, c'est zéro par rapport à la criminalité ordinaire. Une bombe dans le métro, cela provoque très vite un gros bilan. C'est très médiatisé et soulève à juste titre l'horreur dans l'opinion. Mais, si vous additionnez tous les morts des bombes dans le métro en France ou ailleurs depuis vingt ans, cela ne fait pas grand-chose. Nos services sont mobilisés dans la criminalité dans le monde et ne s'occupent pas de la criminalité organisée internationale qui fait des morts et beaucoup de dégâts à nos économies.


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