On peut toujours se poser la question de savoir qu'entre le système politique en place, le président et le gouvernement, quel est le fusible ou quels sont les fusibles? De toute façon, dans tous les pays du monde, il y a toujours en vigueur cette notion de fusible. Remontons aux implications du 5 octobre. La foule était sortie, s'était démenée en manifestant sa colère, avait laissé sur le carreau environ 500 morts (chiffre officiel reconnu), puis était rentrée chez elle. Pourquoi autant de morts ? L'armée n'est pas faite pour disperser les foules. Sa mission est de vaincre, selon son plus haut commandement à l'époque. Résultats ? Naissance, légalisation et montée en puissance du parti islamiste, le FIS. Chute du gouvernement Abdelhamid Brahimi qui était parti en laissant une bombe (26 milliards de dollars détournés) mais qui n'a encore jamais explosé. Limogeage de feu Messaadia (assimilé au parti FLN, donc au système de parti politique qui avait produit le 5 octobre). Annonce de réformes politiques axées sur la légalisation du pluralisme politique. Le président et le système politique étaient donc restés. Trois années plus tard, nouveau séisme dont l'intensité devait donner un tsunami. Victoire du FIS aux élections législatives pluralistes du premier tour. Cette fois-ci, c'était le président qui avait joué le rôle de fusible. Jouer ce rôle ou contraint à le jouer. Le gouvernement et le système étaient quant à eux restés. Six mois plus tard, nouveau séisme. Assassinat du président Boudiaf. C'était le gouvernement qui était parti. Le HCE avait continué, Réda Malek avait rejoint cette direction «collégiale» et Ali Kafi était devenu le président protocolaire de cette structure. C'était un séisme dont les implications portaient sur l'abandon d'un projet politique, celui porté par Boudiaf étant trop lourd pour son successeur. Le HCE ne gérait plus que le temps qui lui restait pour organiser sa propre succession. Suite à une campagne féroce de presse où, en réalité, ce fut Zeroual qui était visé pour que la fameuse «trêve unilatérale» reçoive un contenu juridique, le président «démissionne» mais le gouvernement est resté. Le système quant à lui est resté.