Le marché africain compte actuellement plus de 650 millions d'abonnements à la téléphonie mobile, chiffre qui fait de l'Afrique ‘‘un marché plus important que celui des Etats-Unis ou de l'UE dans ce secteur'', a indiqué lundi un rapport conjoint de la Banque mondiale et de la Banque africaine de développement (BAD). Elaboré avec l'appui de l'Union africaine, ce document présente de nouvelles données sur les technologies de l'information et des communications qui sont en train ‘‘de révolutionner le développement en Afrique''. Quelques 68.000 Km de câbles sous-marins et plus de 615.000 Kms de réseaux de dorsales nationales ont été installés à travers le continent, augmentant considérablement la connectivité en Afrique, tandis que la bande passante ouverte à plus d'un (1) milliard de citoyens africains est 20 fois plus large aujourd'hui qu'en 2008, précisent la BM et la BAD. Concernant l'Algérie, le rapport indique que le nombre d'abonnements à la téléphonie mobile a plus que doublé en six ans en passant de 13,6 millions de personnes en 2005 à 28,3 millions, soit 78,5 abonnés/100 habitants en 2011 contre 41,54/100 habitants en 2005. Pour le directeur du Développement durable de la BM pour la région Afrique, Djamel Saghir, ‘‘le réseau Internet et les téléphones portables transforment les perspectives de développement en Afrique et introduisent un nouveau dynamisme dans des secteurs clés''. Selon lui, le défi consiste, désormais, ‘‘à faire passer ces innovations et ces réussites à l'échelle supérieure afin qu'elles exercent un impact social et économique plus visible sur le continent au cours des dix prochaines années''. Le rapport insiste ainsi sur la nécessité de bâtir un secteur des TIC suffisamment concurrentiel pour promouvoir l'innovation, créer des emplois et dynamiser le potentiel d'exportation des sociétés africaines. Citant les cas concrets d'utilisation des TIC dans des secteurs clés dans des pays africains, il évoque le service d'envoi de fonds permettant aux abonnés d'envoyer et de recevoir de l'argent par le biais de leur téléphone portable, l'établissement de relevés des villages sur GPS pour la protection des forêts, ainsi que la télémédecine. La BM et la BAD précisent aussi le rôle prépondérant que les communautés économiques régionales peuvent jouer en favorisant une plus grande intégration régionale à laquelle arrimer la croissance économique à coût réduit ainsi que la mise en place de centres technologiques qui créent de nouveaux espaces de collaboration, d'innovation, de formation, de développement d'applications et de pré-incubation des entreprises africaines de demain. Pour Tim Kelly, expert en politique des TIC à la BM, le défi à relever pour l'avenir du continent est de ‘‘réussir à faire en sorte que les innovations en matière de TIC profitent à tous les Africains, y compris les pauvres, les plus vulnérables et les habitants des régions les plus reculées''. Selon le rapport, les expériences recensées jusqu'à présent sont sources d'enseignements importants pour les dirigeants politiques africains qui cherchent à optimiser l'impact des TIC sur la transformation du continent. ‘‘Les Etats ont un rôle important à jouer et doivent à la fois réunir les conditions favorables au développement des innovations et à l'augmentation des investissements, et tenir lieu de pionniers dans l'adoption des produits, services et technologies novateurs'', préconise le rapport.