Des centaines de milliers de personnes ont manifesté samedi du nord au sud du Portugal à l'appel d'un mouvement citoyen apolitique, signe d'un mécontentement croissant envers les mesures de rigueur mises en £uvre par le gouvernement sous la tutelle de ses créanciers internationaux. Selon le mouvement apolitique "Que la Troïka aille se faire voir", organisateur des rassemblements à Lisbonne et dans une trentaine de ville du pays, plus d'un million et demi de Portugais ont défilé à travers le pays pour demander la démission du gouvernement de centre-droit et l'arrêt de la politique d'austérité du gouvernement imposée par les bailleurs de fonds du pays. A Lisbonne, les manifestants qui formaient un cortège fort de centaines de milliers de personnes, 500.000 selon les organisateurs, dont de nombreux militants du principal syndicat portugais (CGTP) et des partis de gauche, ont défilé dans les principales artères avant de se rassembler dans une grande place de la capitale au son de la chanson "Grândola Vila Morena", une chanson devenue le symbole de la contestation au Portugal après avoir été l'hymne de la Révolution des Oeillets de 1974 qui a permis l'instauration de la démocratie. Le défilé principal a été rejoint par plusieurs manifestations parallèles organisées par des enseignants, des professionnels de la santé, des militaires et des retraités qui entonnaient cette chanson laquelle résonne fréquemment ces dernières semaines lors des déplacements des membres du gouvernement. A la fin des manifestations, elle a retenti au même moment du nord au sud du pays dans toutes les villes où des rassemblements ont eu lieu notamment à Porto, grande ville du nord, où selon les organisateurs, 400.000 personnes ont manifesté contre l'austérité. Des rassemblements de soutien au mouvement portugais devaient avoir lieu à l'étranger notamment à Boston, Londres, Paris, Madrid et Barcelone. Le mouvement à l'origine de cette manifestation a pour principale cible la troïka (UE-FMI-BCE), qui représente les créanciers du Portugal, actuellement à Lisbonne pour un nouvel examen du programme de rigueur et de réformes mis en oeuvre en échange du plan de sauvetage accordé au pays en mai 2011. Le gouvernement, qui peine à réduire ses déficits et qui avait déjà obtenu l'an dernier un assouplissement des objectifs budgétaires, souhaite un an de plus de ses créanciers pour pouvoir redresser ses finances, alors que les mesures qu'il met en £uvre ont aggravé la récession et le chômage. Pour 2013, le gouvernement a déjà décrété des hausses d'impôts sans précédent tandis que depuis l'année dernière salaires et retraites ont été nettement réduits. Outre ces hausses d'impôts généralisées, le gouvernement prévoit une vaste "réforme de l'Etat'' qui devrait permettre des économies supplémentaires de 4 milliards d'euros. Mais les mesures d'austérité ont grandement contribué à une nette aggravation de la récession et à une hausse sensible du chômage. Avec une chute de l'activité économique de 1,6 pc en 2011 et de 3,2 pc en 2012, le Portugal connaît la plus grave récession depuis 1975 et le chômage a atteint un nouveau record historique, touchant près de 17 pc de la population active et 40 pc des jeunes de moins de 25 ans.