Le président tchadien Idriss Déby Itno, désigné samedi nouveau président en exercice de l'Union africaine (UA), a critiqué la politique de "deux poids deux mesures" de la Cour pénale internationale (CPI) à l'égard de l'Afrique, alors que le Kenya a soumis, à l'UA à Addis Abeba, une initiative visant à un retrait des pays africains de cette instance. "Le constat que nous avons fait, (c'est que) la CPI s'acharne beaucoup plus sur l'Afrique, sur les chefs d'Etat africains, y compris des chefs d'Etat en exercice, alors qu'ailleurs dans le monde, beaucoup de choses se passent, beaucoup de violations des droits de l'Homme flagrantes, mais personne n'est inquiété", a déclaré dimanche le président tchadien Idriss Déby. "Il y a là deux mesures, deux poids", a estimé M. Déby. "C'est pour cela que nous avons décidé d'harmoniser notre position en attendant que la CPI prenne la mesure de l'importance de la position africaine sur cette question", a-t-il ajouté. Aucune décision légalement contraignante n'a été prise et il revient toujours à chaque pays de décider individuellement de quitter ou non la CPI, première cour pénale internationale permanente, dont le fonctionnement est régi par son traité fondateur, le Statut de Rome, entré en vigueur le 1er juillet 2002. Mais le gouvernement kényan, depuis longtemps déjà très critique à l'égard de la CPI, qu'il accuse de cibler injustement les dirigeants africains, a soumis une "proposition (...) pour que l'UA développe une feuille de route pour le retrait des pays africains (de la CPI)", qui a été adoptée au sommet de l'UA. La CPI a ouvert la semaine passée le procès de l'ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, qui est devenu le premier ex-chef d'Etat poursuivi par la juridiction internationale depuis sa création. Créée en 2002 pour juger en dernier ressort les génocidaires et criminels de guerre qui n'ont jamais été poursuivis dans leur propre pays, la CPI a ouvert des enquêtes sur huit pays au total, tous africains: Kenya, Côte d'Ivoire, Libye, Soudan, République démocratique du Congo, Centrafrique, Ouganda et Mali. Le Kenya est en pointe dans la critique de la CPI, qui a dû abandonner en décembre 2014 - faute de preuves - des poursuites à l'encontre du président kényan Uhuru Kenyatta pour son rôle présumé dans les violences post-électorales de 2007-2008.