Louer une voiture classique pour faire un petit voyage dans le temps ou savourer une balade en calèches à La Havane est une activité florissante pour les Cubains, qui rivalisent d'ingéniosité pour gagner quelques dollars, en espérant qu'avec le rapprochement entre Washington et La Havane le "business" dans le secteur du tourisme connaitra un "nouvel essor". "Voulez-vous louer une voiture classique (si quiere alquilar un carro clasico en espagnol), ce n'est pas cher pour faire le tour de la ville, vous aurez un paysage magnifique", apostrophe Pablo les touristes qui viennent fouler le sol de La Havane pour découvrir ce beau pays de l'Amérique latine. Pablo a un "très bon business" : location de voitures anciennes, les célèbres et mythiques Chevrolet et Ford des années 50 et 60, qui ne peuvent être vues, généralement, que dans les vieux films. "35 dollars pour monter dans la Chevrolet des années 50, pour faire tout le tour de la ville, mais on peut négocier", lance-t-il à la hussarde. Les touristes viennent des quatre coins du monde, notamment des pays voisins et surtout d'Europe, à la découverte de paysages nouveaux et exotiques. Pour Pablo, la situation des Cubains s'est améliorée ces cinq dernières années, mais beaucoup plus avec le rapprochement diplomatique entre La Havane et Washington, opéré depuis 2014. "Depuis plus de 5 ans, il y a plus d'aliments et moins de pénurie, à notre plus grand bonheur", s'est-il réjoui, avant d'ajouter cependant que la situation demeure "difficile". Il a observé que le dégel des relations américano-cubaines ne serait que "bénéfique" pour les Cubains, afin d'améliorer leur situation. Le président américain Barack Obama avait effectué en mars dernier une visite historique dans la capitale cubaine, durant laquelle il avait eu des entretiens avec son homologue cubain, Raul Castro, proclamant ainsi sa volonté de dégel des relations entre les deux pays. Larsen et sa femme Lucinda viennent des Pays-Bas pour découvrir pour la première fois le pays du leader historique et charismatique, Fidel Castro. "C'est notre premier voyage à Cuba. C'est un pays calme, les gens dégagent une sérénité et une quiétude extraordinaire, malgré la précarité de leur situation économique et sociale", a lancé Larsen. Il a ajouté qu'il avait toujours rêvé de faire le tour de La Havane, la découvrir à bord d'une Cadillac des années 50-60, une sorte d'un retour en arrière, une plongée dans l'histoire, une nostalgie des temps anciens. "C'est comme si j'avais vécu durant les années 50-60 en empruntant ce véhicule pour traverser La Havane et découvrir ses moindres recoins, quelle sensation extraordinaire", s'est-il exclamé. Se sentir princesse le temps d'une balade éphémère Ainsi, la Place de la Révolution ne désemplit pas durant toute la journée. Ce lieu à haute charge symbolique, historique et révolutionnaire abrite, en effet, une stèle à l'effigie du héros national, José Marti ainsi qu'un portrait géant du révolutionnaire mythique Che Guevara. Autre lieu qui connait un flux ininterrompu des touristes, "La vieille Ville" avec ses anciens quartiers, notamment "San Francesco", nom donné par rapport à une église ancienne, "La Vieille place" ou "la Place des Pigeons" et enfin celle qui grouille de monde, La Piétonnière, avec leurs bâtisses au style gréco-latin, remarquablement restaurés. A un jet de pierre de Pablo, Padilia, loueur de calèches, essaie tant bien que mal de faire concurrence à son camarade, en lui chipant plus de touristes avec ses beaux chevaux et son très beau carrosse. Pour Padilia, l'afflux des touristes est "plus conséquent" depuis le début de rapprochement entre les Américains et les Cubains. "C'est devenu plus rentable pour moi. Je loue actuellement plus de charrettes de cheval qu'avant. Alors que j'avais une seule charrette, maintenant, avec la forte demande, on a constitué entre nous une sorte de coopérative", a-t-il dit. Pour Iniesta du Mexique et sa compatriote Clara, venir à Cuba était pour eux synonyme d'exaltation et d'originalité, tant les lieux, le paysage et les moyens de locomotion sont à part. "Monter sur une voiture classique ou une calèche est une aventure sans nul autre pareil. C'est carrément réaliser une sorte de désir enfoui pour créer des sensations plus qu'extraordinaires et époustouflantes", a noté Clara. "Je m'imagine vraiment dans un conte de fée, jouant le rôle d'une princesse gâtée, le temps d'une balade éphémère", a-t-elle dit, avec un large sourire aux lèvres. Par Chaballah Meziane