De nombreuses associations de l'émigration en France, avec le soutien d'intellectuels et de politiques, ont demandé mardi au président Emmanuel Macron d'intervenir auprès des autorités marocaines pour faire part des inquiétudes quant aux atteintes aux libertés fondamentales. "La France, pays de la Déclaration universelle des droits de l'homme et du citoyen de 1789, ne peut rester spectatrice de ce déni de droit à l'expression pacifique des populations du Nord comme celles d'autres régions du Maroc", a souligné ce collectif dans une lettre adressée au chef de l'Etat français à l'occasion de sa visite, mercredi et jeudi au Maroc. "Votre prochaine visite au Maroc peut être une occasion pour faire part aux plus hautes autorités de cet Etat des inquiétudes et préoccupations quant aux atteintes aux libertés fondamentales et au manque de respect des conventions internationales", ont recommandé ces associations et intellectuels, dont des universitaires, des chercheurs et historiens. Ils ont rappelé que depuis vendredi 26 mai 2017, une vague de répression, accompagnée par des arrestations massives, s'est abattue sur la ville d'Al-Hoceima (nord du Maroc), puis s'est étendue à d'autres agglomérations du Rif. "Ces derniers jours, l'élan de solidarité et de contestation touche toutes les régions du Maroc, où des manifestations pacifiques sont dispersées voire empêchées avec violence", ont-ils fait constater, indiquant "ce mouvement pacifique de protestation, dont son cahier revendicatif est à caractère économique, social et culturel pour mettre fin à la marginalisation et à la stigmatisation de cette région". Ils attirent l'attention du chef de l'Etat français que "le gouvernement marocain a répondu par le refus de tout dialogue avec les représentants de ce mouvement, voire il a poursuivi et arrêté ses leaders avec plusieurs chefs d'inculpation û dont celui d'+atteinte à la sécurité intérieure de l'Etat+". La lettre est signée par plus d'une vingtaine d'associations et d'une trentaine d'intellectuels et politiques, et des historiens dont Mohammed Harbi, Gilles Manceron et Gilbert Meynier. Le mouvement de contestation pacifique des Marocains s'était amplifié après la mort dramatique, en octobre 2016, du jeune poissonnier de la ville d'Al-Hoceïma, Mohcine Fikri, écrasé par le presse hydraulique d'un camion à ordures en tentant de sauver sa marchandise saisie par la police. Depuis, le hirak prend de l'ampleur et suscite soutien et sympathie avec les populations auxquelles se sont joints des personnalités politiques et des militants de droits de l'homme, qui se sont pris rigoureusement aux autorités et demandé la libération inconditionnelles de toutes les personnes arrêtée et la satisfaction des revendications légitimes exprimées par les populations.