Des traditions ancestrales sont encore vivaces dans la commune de Baghai, à 16 km du chef-lieu de la wilaya de Khenchela, notamment celles relatives à la célébration du nouvel an amazigh, ou des mets culinaires traditionnels comme "Berkoukech Khlie" (plomb avec de la viande séchée) et "Achekhchoukh dchicha El mermez" (chakhchoukha arrosée de sauce à base d'orge concassé), restent les maitres incontestés du repas de Yennayer. Pour fêter chichement cet événement, les femmes de la région de Baghai s'affairent à préparer les mets les plus délectables pour célébrer, comme il se doit, la soirée du 12 janvier de chaque année, qui demeure une occasion de rassembler toute la famille autour d'une même table. Propriétaire d'un restaurant de plats traditionnels implanté à la nouvelle ville de Khenchela, Aicha, une habitante de Baghai, agée de 69 ans, a confié à l'APS, que son objectif à travers l'ouverture de ce restaurant est, certes, de gagner sa vie, mais aussi de pérenniser l'héritage culturel amazigh, dont le repas de Yennayer. Cette sexagénaire soutient, à cet effet, qu'elle et ses congénères, l s descendantes de la Kahina des amazighs Dihya, figure historique et identitaire célèbre des Aurès, mitonnent avec beaucoup de fierté le fameux "Berkoukech bel Khlie" pour célébrer la fete de Yennayer. "Berkoukech Bel Khlie", une marque déposée "Je prépare le Berkoukech, le matin meme du jour de l'an avec de la semoule fine que je roule avec un peu d'eau et du sel, à laquelle je rajoute une petite quantité de couscous dans une gasaa en bois, que je roule progressivement de manière circulaire avec les deux mains jointes et ce, jusqu'à l'obtention de gros grains de Berkoukech prets à etre cuits à la vapeur", a détaillé Mme Aicha. En parallèle, cette femme, aux origines chaouies authentiques, fait cuire dans une marmite des fragments de Khlie, des tomates, du piment fort, des pois chiches, des fèves séchées, le tout mélangé avec de l'ail, de l'huile et de l'eau pendant un quart d'heure ou plus, avant de transvider dans la sauce le Berkoukech préalablement cuit à la vapeur pour qu'il continue de mijoter. Une fois cuit, ce met traditionnel est servi avec les morceaux de Khlie dans une grande gasaa en bois, autour de laquelle les membres de la famille se réunissent dans une ambiance chaleureuse qui donne tout son sens à cette fête amazighe, a-t-elle précisé. Parmi ces traditions, Mme Aicha évoque le remplacement du "Kanoun", un foyer creusé dans le sol contenant des pierres servant d'appui pour poser la marmite et cuire les aliments, à l'occasion de la nouvelle année amazighe. Yennayer c'est également une opportunité de réunir la famille et d'échanger les visites avec les proches, affirme, pour sa part, Chadli Guellil, un poète et écrivain, faisant partie des personnalités les plus en vue du milieu culturel à Khenchela. Selon lui, "l'objectif majeur à travers la préparation du repas de Yennayer est de rassembler les membres de la famille autour de la table, de se rendre visite et échanger les divers plats préparés spécialement pour l'occasion, et ce, dans la joie, la fraternité et la mansuétude".