Le Conseil des droits de l'Homme des Nations unies (CDH) a organisé mercredi une table ronde sur l'impact négatif de l'héritage du colonialisme sur les droits de l'Homme. "S'attaquer à cet héritage pourrait contribuer à surmonter les inégalités et les défis du développement durable du XXIe siècle", a indiqué le CDH sur son site. Dans son intervention, la présidente du Comité des Nations unies pour l'élimination de la discrimination raciale, Verene Shepherd, a jugé que "l'indépendance politique et les efforts de décolonisation n'ont pas signifié la fin du colonialisme d'où l'urgence que les anciennes puissances coloniales reconnaissent les torts du passé et engagent un débat avec les anciennes colonies". Pour E. Tendayi Achiume, rapporteuse spéciale des Nations unies sur les formes contemporaines de racisme, de discrimination raciale et d'intolérance qui y est associée, "certaines des formes les plus enracinées de racisme systémique résultent de l'héritage persistant de l'esclavage et du colonialisme". "Il ne peut y avoir d'issue aux crises mondiales les plus urgentes sans s'attaquer de manière significative à l'héritage du colonialisme", a-t-elle dit, ajoutant qu'"il ne peut y avoir de justice climatique sans justice raciale". Pour sa part, le rapporteur spécial sur les droits des peuples autochtones, José Francisco Cali Tzay a indiqué que "l'impact négatif du colonialisme a entraîné le racisme systémique, la pauvreté cyclique, les inégalités économiques, la violence, la perte de la langue et de la culture, ainsi qu'un nombre énorme de femmes et de filles autochtones portées disparues ou assassinées". Mihir Kanade, président du Mécanisme d'experts des Nations unies sur le droit au développement, a indiqué, à son tour, "que de nombreuses ex-puissances coloniales sont idéologiquement opposées aux principes fondamentaux du droit au développement. Cependant, ce droit est la réponse à l'héritage négatif persistant du colonialisme". Dans le même ordre d'idées, le rapporteur spécial des Nations unies sur la promotion de la vérité, de la justice, de la réparation et des garanties de non-répétition, Fabian Salvioli, a jugé "que le transfert colonial de richesses et l'oppression raciste avaient créé un héritage d'exclusion sociale, économique et culturelle dont les effets se faisaient sentir depuis longtemps". "Le devoir de fournir des recours efficaces aux victimes, d'assurer la responsabilité et de fournir des réparations aux victimes incombe à l'ancienne puissance colonisatrice", a-t-il dit. "Le colonialisme a conduit au racisme, à la discrimination raciale et à la xénophobie", a indiqué, de son côté, Nada Al-Nashif, Haute-Commissaire adjointe des Nations unies aux droits de l'Homme, lors de cette table ronde. "Aucun Etat n'a rendu compte de manière exhaustive du passé ou des impacts actuels du racisme systémique. S'attaquer aux héritages du colonialisme pourrait contribuer à surmonter les inégalités au sein et entre les Etats, ainsi que les défis du développement durable du XXIe siècle", a-t-elle dit.