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Bavardage avec Yasmina Khadra à Paris
Rencontre livresque
Publié dans El Watan le 29 - 12 - 2008

ça a pété le feu de Dieu, ce matin, dans la grisaille, paradoxalement ensoleillée du Paris XVe. Rue de la Croix Nivert, au 7e étage du n°171. Rachida, Ce que doit le jour à la nuit entre les bras, comme on enlace un diable d'amour, tout excitée, s'est trompée d'ascenseur, enfin d'étage… Peu importe, on y était. Et puis, un oubli le jour de Noël n'a rien d'un sacrilège.
Voûté sur le bureau de sa secrétaire, l'auteur de L'Attentat, a demandé comme s'il était en face du sosie de l'inspecteur Llob : « Avions-nous rendez-vous ? » Un peu frustré, il nous était pénible de rétorquer simplement devant une mémoire passagèrement émoussée. « Euh… je suis le… le mail d'hier… » Pétarade subite : « Dieu, ben oui, mon frère… » Embrassades, mots sortis droit d'un cœur jovial qui n'avaient rien à voir avec les vocables dont est affublé trop exagérément l'écrivain par une sphère parisienne aux abois. « Asseyez-vous, café ou thé ? Moi, je ne prends pas de café pour mieux broyer du noir. » Diantre, qui parlait ? L'auteur, les différents personnages des Sirènes de Baghdad, des Hirondelles de Kaboul ou le directeur du Centre culturel algérien à Paris ? Déjà qu'à Ermont, en banlieue parisienne, la veille, la libraire, toute désolée, s'était excusée de ne pouvoir nous procurer le dernier best-seller de Khadra. Enfin, ç'aurait été une maladresse d'aller chez un écrivain les mains vides. « Le stock est épuisé, Monsieur, revenez demain ».
Drôle de réponse pour une personne de mon statut dont le malheur est de ne pouvoir retourner le lendemain au lieu indiqué. C'est vrai que nous n'habitons pas tous dans un « avion ». « On a dit que j'avais tué des enfants, que j'avais fait ceci et cela… Quel manichéisme ! J'ai ramassé des cadavres de bébés déchiquetés… Et à chaque fois que je faisais 25 kilomètres pour traquer des sanguinaires, je perdais 25 kilos ! Des obus me frôlaient, des copains se sont fait buter devant moi. Comment peut-on dire de telles atrocités sur moi ? On dit que je suis mégalomane, je suis du Sahara, et tu connais les gens du Sud, hein ? » « Oui Mohamed, je les connais. » Je demandai une dédicace, une photo… « Nous avons tout notre temps, es-tu pressé ? » Disons que j'ai peur des minutes insidieuses qui passaient, et puis je n'avais rien sous la main. « Tu sais, Mohamed, je veux une dédicace, mais je n'ai aucune œuvre de toi sous la main. » Pour quelqu'un qui a défié le tout Paris intellectuel, rien n'était du domaine de l'impossible. « Tu as peut-être une chance, dis frère, autre que le français, tu parles quelle langue ? » J'aurais dit « le patois » pourvu que je lui subtilise et un livre et une dédicace, « l'espagnol » Et c'était vrai. « Bingo, il m'en reste quelques exemplaires en espagnol El Atentado et Las sirenas de Bagdad. » Rachida, en transe, s'essaya : « Vous avez combien d'enfants ? Votre épouse travaille ? » Voilà des femmes qui confondent sérieux et rencontres galantes « J'ai trois enfants et ma moitié ne bosse pas, mais il y a longtemps que j'ai décidé de faire une ponction sur mon salaire, pour refiler du fric à la mère de mes enfants, comme cela je serai en paix. » Est-il en paix Mohamed Moulessehoul ? Difficile de distinguer entre l'écrivain et l'homme.
« On a dit, aussi, que je volais les manuscrits que me confiaient les jeunes auteurs, c'est absurde ! », maugréait le créateur de Morituri, avec un sourire sincère, mais que ne pouvait voiler une certaine amertume. « Des intellectuels algériens ont tourné le dos à l'Algérie pour des miettes ici en France, je leur dis, affirmez-vous dans votre pays, la consécration viendra malgré l'esprit tordu des gens d'ici que vous bénissez. » Yasmina Khadra se levait, se rasseyait : « Du café ? Peut-être du thé ? » Il va dans sa bibliothèque, nous présente une collaboratrice : « J'ai lu les bonnes feuilles de votre roman Sans ordre de mission. » « Merci pour cet intérêt, et moi qui croyait être anonyme sur les lieux. Et dire que je n'étais pas encore publié. » « Il faut t'armer de patience, le succès viendra », me conseilla-t-il. Je n'étais pas pressé. Mais dit par la bouche d'un immense auteur, c'est comme si je venais de signer un bon à tirer. On va dans le balcon du 7e étage pour une énième photo. Les terrasses parisiennes sont démesurées. « On a dit aussi que je courais après un prix ; la vérité est que je voulais dénoncer un clan parisianiste et cela n'a pas été admis, c'était un défi pour eux… Quelqu'un qui vient de loin, moche par-dessus le marché, pour leur dire ça, c'était trop osé… » « Pour une fois que l'écrivain avait tort, nous osons à notre tour lui dire : ‘‘Ne faut-il pas chercher la beauté dans la laideur ?'' Et quelqu'un qui fait péter le feu de Dieu à chaque parution de ses livres ne peut être qu'un Grand. Merci Mohamed, enfin Yasmina Khadra. » Enlaçant comme un bébé d'amour son Ce que doit le jour à la nuit, Rachida a pris les escaliers pour mieux savourer cette rencontre…


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