La campagne électorale du futur candidat du système à la présidentielle de 2019 est d'ores et déjà démentie, rendue caduque avant sa propre conception. En dépit des dernières bravades et autres manœuvres dilatoires du chef de l'ex parti unique, le seul bilan pouvant être revendiqué pour les tenants du pouvoir en place est celui des scandales en cours, impliquant des dignitaires du régime et éclaboussant des centres de décision à tous les niveaux. Les risques de déstabilisation qui étaient, un moment, localisés dans une région du pays, sont en train de sourdre des structures de l'Etat, faisant craindre un effondrement institutionnel dont le pays n'a pas connu le spectre depuis le premier tour des législatives de décembre 1991. Les partis politiques comme la société civile sont sonnés par la tournure des événements. Un état de sidération s'installe devant l'ampleur des dégâts infligés aux institutions de l'Etat et les incertitudes qui voilent l'avenir du pays. Quand des partis d'opposition prennent la parole, c'est pour appeler à laisser une chance à une sortie de crise pacifique. S'agissant des velléités de trouble à l'ordre public ou d'engagement sur des voies aventurières, ils sont largement débordés par les tenants du pouvoir. Non pas ceux qui s'expriment en son nom, mais ceux qui le détiennent véritablement. Noyés dans le discrédit et le remugle des affaires de corruption et de trafic d'influence à large échelle, les organisations qui soutiennent encore le mirifique et finalement désastreux programme du Président deviennent des appareils désarticulés, subitement débranchés du système qui les fait fonctionner et vivre. Le premier effet de ces scandales est de rendre impossibles la diversion et le populisme. Même l'argument du sacro-saint principe de respect des institutions devient inutilisable par les partis de la coalition présidentielle. Après avoir signé l'échec de la gouvernance du pays, les artisans de l'atteinte aux institutions se recrutent au sein même de ces dernières. Tenu à l'écart du développement et voué à la paupérisation, le simple citoyen découvre que le système qui régente le pays était gravement versé dans l'enrichissement illicite. Réprimé et interpellé pour la moindre manifestation ou expression publique, il réalise, au final, que la loi était piétinée par les garants officiels de son application. On lui exposerait la thèse selon laquelle l'axe du bien va réduire celui du mal, il comprendrait qu'il s'agit d'une nouvelle séquence, sans doute fatidique, d'une guerre des clans pour garder la haute main sur les affaires, les leurs et celles du pays. Ces ultimes règlements de compte apparaissent comme les derniers soubresauts d'un régime arrivé à son terme. Annoncée et souhaitée depuis fort longtemps, la fin du système basé sur la «légitimité révolutionnaire» prend aujourd'hui les contours d'une exigence historique incontournable. Ils ont su faire la guerre, ou la conclure, ils n'ont pas pu bâtir un Etat fort et une économie saine et productive.