Une patrouille mobile de la Garde nationale tunisienne est tombée dans un guet-apens, tendu hier matin par des terroristes, sur la route reliant le parc naturel d'El Feija à la zone de Aïn Soltane, aux environs du village frontalier tunisien de Ghardimaou. La patrouille était formée de deux voitures et comptait 9 éléments. Les terroristes, aux aguets, ont attaqué la première voiture avec une bombe, avant d'ouvrir le feu sur les occupants des deux voitures. Les assaillants ont dépouillé les militaires de leurs armes et munitions, avant de s'emparer de la deuxième voiture pour s'enfuir, qui a été retrouvée deux heures plus tard, dans la forêt avoisinante. A chaque fois que les autorités tunisiennes parlent des succès enregistrés contre le terrorisme et les groupes terroristes, au cours de ces trois dernières années, elles ne cessent de rappeler que le danger terroriste est toujours présent et qu'il faut rester vigilant. Le président, Béji Caïd Essebsi, le chef du gouvernement, Youssef Chahed, le ministre de la Défense, Abdelkrim Zebidi, et les ministres successifs de l'Intérieur, ne cessent de rappeler que le danger terroriste est toujours là, dans la mesure où les groupes terroristes sont toujours actifs dans les montagnes de Jendouba, limitrophes de l'Algérie, Kasserine et Sidi Bouzid. Leur présence a été confirmée sur le terrain, par les services de renseignement. Par ailleurs, le contingent de terroristes tunisiens en Irak, Syrie et Libye, qui a atteint plus de 5000 éléments, est une source inépuisable de risques malveillants. Cependant, un bon nombre n'est plus actif sur le terrain des opérations, selon les rapports des renseignements occidentaux, présents sur place. A noter que que près de 800 djihadistes rentrés en Tunisie ont été appréhendés par les services sécuritaires tunisiens et traduits devant la justice. D'autres ont sûrement pu rentrer au pays par des voies illégales et se sont évaporés dans la nature. Donc, le risque est toujours là. «L'opération d'hier en est la confirmation», conclut l'expert en groupes terroristes, Bassel Torjemane. Cellules dormantes La journaliste Moufida Touati a rappelé, hier dans son intervention sur Radio Monastir, que la région de Ghardimaou a déjà connu des incidents avec les groupes terroristes, présents sur place. «D'abord, le 15 février dernier, il y a eu échange de coups de feu avec un groupe de trois terroristes en train d'observer une ronde sécuritaire», révèle la journaliste, ajoutant que deux semaines plus tard, un groupe de sympathisants de terroristes a été démantelé. Le groupe est composé de trois anciens takfiristes et de deux éléments en résidence surveillée dans la région. «Cela veut dire que l'attaque terroriste d'hier a été préparée par des cellules dormantes dans la région», conclut Moufida Touati. L'expert Bassel Torjemane attire l'attention des autorités tunisiennes sur le danger de ces sympathisants de la pensée djihadiste takfiriste. «Il ne faut jamais oublier le rassemblement de près de 10 000 personnes, tenu à Kairouan, par Ansar Chariaa, en 2013, ni les autres meetings populaires, tenus en 2012et 2013» , insiste-t-il. Ces personnes constituent la réserve stratégique de la pensée terroriste en Tunisie, selon Bassel Torjmane. Les autorités tunisiennes sont certes parvenues à museler le terrorisme en limitant son danger apparent. De fait, la dernière opération, avant celle d'hier, remonte à novembre 2015. Mais, l'attaque d'hier montre que le danger est toujours là et que l'éradication du terrorisme est un travail de longue haleine.