L'utilisation des nouvelles technologies de l'information et de la communication était au centre des débats du 5e congrès de la Commission du monde arabe (CMA), organisé fin juillet au Maroc par la Fédération internationale des professeurs de français (FIPF). La délégation algérienne à ce congrès était forte d'une quarantaine de membres. La Fédération internationale des professeurs de français (FIPF), a organisé le 5e congrès de la Commission du monde arabe (CMA) qui a regroupé, notamment, des participants de la région Afrique du Nord et Moyen-Orient. Cette rencontre, abritée du 24 au 28 juillet dernier par l'université internationale d'Agadir, au Maroc, et placée sous le thème «Apprendre le français, un projet personnel, un projet de vie», s'est articulée sur plusieurs axes comme l'utilisation des technologies de l'information et de communication en éducation. Dans ce volet, d'ailleurs, les intervenants ont mis l'accent sur l'enseignement hybride dans le scolaire et à l'université, le projet de vie à l'ère numérique : MOOC (CLOM), plateformes universitaires, SPOC, environnements pédagogiques sur le web et e-learning. «On peut s'appuyer sur le numérique pour augmenter l'exposition des élèves à la langue française et aux cultures francophones et ainsi dégager du temps en classe pour travailler des compétences de haut niveau (soft skills)», a expliqué l'universitaire marocain Mohammed Souali, qui a animé un atelier sur le numérique pédagogique. Valentin Moisan (chef de projet pédagogique et numérique) a, lui aussi, parlé de l'éducation sur internet tout en citant l'exemple du site jeunesse.tv5monde.com destiné aux enfants. «Avec des dessins animés, de découverte et de jeux, l'enseignant peut initier les enfants à la langue française et les impliquer dans leur apprentissage. Et ce, avec des activités courtes ou projets sur plusieurs séances en utilisant des images pour des cours de français ludiques et motivants», a-t-il fait remarquer. «Comment exploiter des documents authentiques dans une approche actionnelle de l'enseignement du français comme langue étrangère ?» était aussi l'une des problématiques développées par les participants lors d'un atelier animé par Julie Dupéroir, responsable pédagogique aux éditions Hachette, qui a expliqué que les documents authentiques permettent d'amener les apprenants à faire face à des situations de communisation réelles afin de faciliter l'apprentissage de la langue. «On doit toujours savoir comment choisir ces documents et de quelle manière les exploiter dans une démarche motivante et créative», a-t-elle indiqué. Delphine Barreau, auteur de plusieurs ouvrages pédagogiques, a également évoqué les émissions radiophoniques qui sont, selon elle, un support idéal pour l'apprentissage des langues. Kalim Awad de l'Organisation internationale de la francophonie (OIF) a mis l'accent sur l'histoire, le fonctionnement et les activités de l'OIF. Il a, en outre, évoqué les projets et programmes relevant de la direction «langue française, culture et diversités» qui concernent directement le soutien à la langue française et les enseignants de français et leurs associations. Il a aussi fait la présentation de l'Institut de la francophonie pour l'éducation et la formation (IFEF), récemment créé à Dakar. Numérique Par ailleurs, au programme des communications, d'autres thématiques intéressantes étaient également prévues lors de ce 4e congrès de la CMA de la Fédération internationale des enseignants de français. Il s'agit, entre autres, de celle portant sur «Les TIC au service de l'enseignement et l'apprentissage de la langue française au Maroc : cas des élèves du collège», animée par Sara Rochdi, professeur d'université au Maroc. «Le nouvel écosystème d'éducation et de formation à l'ère du numérique : quel modèle pour l'intégration pédagogique du numérique ?» a été abordé par le Marocain Moulay M'hammed Drissi. Cheikh Tidiane Kane, enseignants au Sénégal, s'est interrogé sur «L'adaptation des ressources pédagogiques en ligne pour l'enseignement du français en Afrique». «Les TIC conduisent souvent à confondre savoir et information et impliquent, avec la mondialisation environnante, des enjeux culturels identitaires, linguistiques et culturels qu'on ne peut occulter dans l'usage et la pratique de l'enseignement des langues vivantes», a souligné El Mostafa Chadl, responsable de la formation doctorale en sciences du langage, sciences de discours et communication à l'université Mohamed V de Rabat. «Tout locuteur est potentiellement ou effectivement plurilingue, en ce qu'il dispose d'un répertoire de langues (ou de variétés de langues) plus ou moins étendu, stable et consistant. Les langues qui le constituent peuvent être utilisées dans des contextes définis (en famille, au travail...) ou de manière non fixée, y compris en alternance codique. Parmi celles-ci, l'une ou plusieurs peuvent être investies de fonctions identitaires», a ajouté Jean-Claude Beacco, professeur émérite en sciences du langage à l'université Sorbonne nouvelle. Hyeon-zoo Kim, professeur d'université en Corée du Sud, a mis en relief une nouvelle perception de l'apprentissage du français par les étudiants coréens en privilégiant notamment les techniques d'expression et de communication. Dans le chapitre, «Enseignement du français et interculturalité», Souad Benabbès, maître de conférences à l'université Larbi Ben M'hidi d'Oum El Bouaghi, a évoqué les aspects culturels et contact avec l'autre dans les manuels de français, langue étrangère en Algérie. Innovation D'autres communications ont cerné certaines approches liées à «l'incidence du français sur le projet de vie». Dans le même sillage, Marilyn Lambert-Drache, professeure agrégée de linguistique à l'université de Toronto (Canada) a estimé que la langue est une compétence essentielle dans un marché professionnel global. Pour sa part, Jean-Marc Defays, président de la FIPF, a déclaré que «les participants peuvent ainsi non seulement se mettre au courant des innovations pédagogiques pour l'enseignement du français comme perspectives pour la diffusion de la francophonie dans leur pays et dans le monde, mais aussi et surtout y contribuer». «L'avenir de l'enseignement du français dans notre région nous semble une question stratégique pour l'expansion et le dynamisme de cette langue que nous avons en partage de même que pour les systèmes éducatifs», a ajouté Samir Merzouki, président de la CMA. Communication Pour Mohand Outahar, président de la Coordination nationale des enseignants de français d'Algérie, le choix du thème «La langue française, un projet de vie» est «une preuve que nous pouvons toujours communiquer, à travers une langue que nous aimons tous mais aussi enseigner l'ouverture aux autres, la capacité à penser, à rêver et imaginer, par le biais de l'échange entre les individus et les cultures». Enchaînant dans le même ordre d'idées, Malika Bounagui, présidente de l'Association marocaine des enseignants de français, qui a organisé cet événement en collaboration avec la FIPF, a indiqué que «la langue de Molière est privilégiée, son statut est particulier surtout en Afrique du Nord où cette langue, a été considérée tantôt comme langue d'enseignement, langue seconde, première langue étrangère, langue de travail, langue des affaires et langue véhiculaire». Enfin, il utile de noter la participation à ce congrès d'une importante délégation algérienne composée d'enseignants dans les différents paliers, de chercheurs universitaires, d'inspecteurs et directeurs d'école ainsi que de l'attachée de coopération pour le français et directrice des cours à l'Institut français d'Algérie, Odile Fort. Des participants venus Tunisie, d'Egypte, du Liban, de Jordanie, de France, de Belgique, d'Angleterre, du Japon, du Congo, de Mauritanie, de Corée du Sud, de Russie, du Portugal, d'Espagne, du Burkina-Faso, du Brésil, entre autres, ont également pris part à cette rencontre qui a regroupé 308 participants qui ont assisté aux six conférences, 105 communications et 21 ateliers animés durant ce rendez-vous.