La nouvelle est tombée tel un couperet. Le Tribunal supérieur électoral à invalidé la candidature de Lula da Silva pour l'élection présidentielle prévue le 7 octobre prochain. Le «père des pauvres et des déshérités» a été condamné à neuf ans de prison. Il aurait favorisé une entreprise pour l'obtention d'un marché avec Petrobras, l'équivalent brésilien de notre Sonatrach, en échange d'un appartement à Copacabana, la mythique plage de Rio de Janeiro. Or, durant son procès, aucun document n'a été présenté par l'accusation pour prouver ce fait. Un procès qualifié de «scandaleux» et entaché d'irrégularités. Des personnalités intègres se sont élevées contre ce verdict, dont six hommes d'Etat européens, comme par exemple le président François Hollande ou le chef de gouvernement espagnol de l'époque. Même la Commission des droits de l'homme des Nations unies s'était élevée contre la décision de la justice brésilienne et a exigé sa libération. Bizarrement, c'est son vice-président Temer, un homme de droite sur lequel pèsent de graves soupçons de corruption, qui est en première ligne pour l'attaquer. De ce fait, il lui succédera en 2010. De sa prison, Lula n'en continuera pas moins son combat. Il décide de poser sa candidature pour la prochaine présidentielle. Les sondages le donnent largement favori avec au moins 40% des intentions de vote, suivi par un ancien capitaine de l'armée brésilienne avec seulement 17%. Un homme très connu pour ses opinions fascistes et un fervent partisan de la torture. Si la condamnation de Lula est confirmée — vu que la Constitution interdit à un condamné de se présenter —, la voie est largement ouverte pour l'accession à la présidence de ce militaire d'extrême droite. Dans ce cas, l'avenir s'annonce sinistre pour le Brésil. Il retombera dans une dictature fasciste qu'il a déjà connue dans les années 60' et 70' avec son lot de malheurs, d'injustices, de violation des libertés humaines et autres calamités. Le peuples brésilien va-t-il se laisser faire au point de perdre des acquis précieux ? Le Brésil est-il victime d'un complot qui ne dit pas son nom ? Jusque dans les années 1990, l'Amérique latine avait souffert de la fameuse «Doctrine Monroe» par laquelle les Etats-Unis s'étaient arrogés le droit de faire de cette région du monde leur chasse gardée. Cette doctrine avait été appliquée ouvertement au Chili quand il s'agissait d'abattre le régime progressiste de Salvador Allende et de le remplacer par une junte militaire dirigée par Pinochet, lequel avait transformé ce pays andin en enfer pour le peuple chilien. Lula, comme Allende, s'érige en rempart contre le capitalisme. Durant sa présidence (2003-2007), il a totalement transformé le Brésil, le hissant à la 7e place de l'économie mondiale. Surtout, et grâce à lui, des millions de Brésiliens sont sortis de la pauvreté, leurs enfants avaient rejoint les bancs de l'école qui leur était interdite jusque-là, les soins de santé étaient prodigués à la très grande majorité, sans parler des succès économiques qui étaient spectaculaires. Le Brésil était devenu, grâce à cet ancien mineur (il avait commencé à travailler dès l'âge de dix ans pour nourrir sa nombreuse famille) une puissance qui compte sur la scène internationale. Tous ces acquis vont-ils se perdre ? La Cour suprême, à qui appartient la décision finale, porte sur ses épaules une lourde responsabilité. Le légalitarisme de façade n'a pas cours dans cette situation.