Autres temps autres mœurs. Installé dans ses nouvelles fonctions après le limogeage, le 26 juin dernier, du général-major Abdelghani Hamel, le nouveau Directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), le colonel Mustapha El Habiri, a ordonné la récupération des moyens humains et matériels mis à la disposition des hautes personnalités de l'Etat qui ne sont plus en fonction. Une protection rapprochée et quelque 80 véhicules, parfois blindés et équipés de gyrophares, etc., font partie de cette panoplie de moyens dont bénéficient des hauts cadres de l'Etat (anciens ministres, hauts gradés, députés…).Si certains de ces privilégiés de la République ont été «très coopératifs» et ont accepté de bonne grâce de renoncer à la protection rapprochée, d'autres «font de la résistance». «Certaines personnes étaient en possession de véhicules depuis au moins 15 ans, alors qu'elles ont quitté leurs fonctions. Pour continuer à bénéficier de ces avantages (véhicules et garde rapprochée) payés par la DGSN, donc aux frais du contribuable, elles n'ont pas hésité à faire intervenir leurs connaissances. Il y en a qui ont pris jusqu'à trois véhicules. Sommées de les restituer, ces personnes ont préféré garder le véhicule blindé», signale une source au fait du dossier. A ce jour, 40 à 50% des moyens ont été récupérés, poursuit notre source. La DGSN a décidé de passer à une étape supérieure : des mises en demeure ont été adressées aux réfractaires. «Aucun délai n'a été accordé aux concernés. La DGSN a décidé de procéder par étape en ne brusquant personne. Si le concerné ne coopère pas, un ultimatum lui est alors adressé. Nous savons que certaines de ces personnalités sont à l'étranger. Et donc nous attendons leur retour», précise notre source. Après les ultimatums répétés, le patron de la police veut recourir à tous les moyens pour récupérer les biens de son institution, «y compris la justice». «El Hamel toujours à Hydra» Un inventaire général de tout le matériel de ce corps relevant du ministère l'Intérieur est régulièrement effectué (semestriellement) par la Direction de l'administration générale (DAG), située à Hydra. Une ancienne instruction prise par le chef du gouvernement stipule qu'à la prise de fonctions d'une haute personnalité, une protection rapprochée et un véhicule sont mis à sa disposition et à celle de sa famille. A la passation des consignes, les voitures sont «normalement» restituées et les gardes du corps reversés dans le corps de sécurité, mais des usages voudraient qu'un délai de six mois soit accordé au concerné pour lui permettre de chercher un moyen de transport, détaille notre source. Celle-ci dément, par ailleurs, que d'anciens cadres de la DGSN soient concernés par l'opération, «puisqu'une fois à la retraite, ces derniers rendent immédiatement leurs véhicules». L'actuel patron de la DGSN semble vouloir privilégier d'autres pratiques dans l'octroi du service de protection aux personnalités publiques. «Auparavant, il suffisait de connaître ‘quelqu'un' pour bénéficier d'un véhicule ou d'un gyrophare. Tout cela est désormais réglementé. Les textes sur le gyrophare sont stricts. Toute demande doit être motivée et c'est le ministère de l'Intérieur qui donne l'autorisation», précise notre source. S'agissant de l'information relative à l'«expulsion» de l'ancien DGSN, Abdelghani Hamel, du logement de fonction qu'il occupe à Hydra, notre source affirme que le concerné y réside toujours et que «toute décision qui interviendra à l'avenir le sera sur instruction de la présidence de la République».