Toute la corporation est atterrée, douloureusement affectée, effondrée sous le choc. Un grand abattement, une immense affliction que de savoir l'un des leurs, l'un des meilleurs, s'en aller soudainement. Le journaliste du Soir d'Algérie, Youcef Bettache, dont la signature est «Abder Bettache», n'est autre que le frère du président de l'APC d'Alger-Centre, Hakim Bettache. Celui qu'on aime et affectionne d'appeler «Youyou» est parti un peu plus tôt que prévu, alors qu'il avait beaucoup de choses à dire, à donner, à écrire, à produire, à révéler, à faire dévoiler… Bref, informer le lecteur, le citoyen algérien et surtout vulgariser les valeurs universelles, la tolérance, le respect des libertés individuelles, les causes justes, sans tomber dans le nationalisme béat ou autre combat sonnant creux, vide… Alors qu'il existe tellement d'urgence. Et en plongeant ou en relisant ses articles sur Soir d'Algérie, on découvre un Youcef Bettache à l'écoute de ses semblables, ses concitoyens, des humains. D'où cette propension qu'on lui connaît à «œuvrer» – sa profession de foi – pour porter plus haut et plus fort la parole, les revendications vitales des travailleurs et des démunis, le cri de détresse de ces «infrahumains», leurs coups de gueule à la face des décideurs qui ont tendance à être autistes aux préoccupations des citoyens. Oui, Youcef Bettache était de cette «race» en voie d'extinction. Parce qu'il était affranchi, libre, responsable et surtout utile à sa société et son pays. Ses amis et confrères s'accordent tous à saluer son courage, à son corps défendant, dans les années 1990, au plus fort de l'obscurantisme, la régression et l'intégrisme du FIS (Front islamique du salut). Un militant, un écorché vif, une force, certes, tranquille mais vive. Une grosse perte, ce Youcef Bettache. C'est une partie, sans démagogie, qui meurt, quand un journaliste noble, «clean», un poète utopique, un fou chantant disparaissent. Il n'y a pas de calculs, desseins, plans sur la comète ou autre plan B (bon, beau…). Bref, un «gars» du terrain, actif, dynamique et bien sûr utile. Ce n'est pas de la guimauve ce qu'il écrivait ou relatait. Et cela, depuis le début de son aventure journalistique. Un métier pas du tout par défaut. Après des études à la faculté des sciences politiques à Alger, il annoncera inévitablement sa coloration indépendante par rapport à l'establishment. Il exercera au journal L'Opinion et puis, jusqu'à son dernier souffle, au sein de la rédaction du Soir d'Algérie, où il ne cessera de donner son avis, objectivement. L'annonce de la mort de Youcef Bettache a eu un effet dévastateur sur les réseaux sociaux. «Nous nous sommes liés d'amitié avec Youcef Bettache pendant les trois belles années que j'ai passé au Soir d'Algérie entre 2000 2003 et cette amitié n'a jamais connu un seul nuage, ”Youyou” étant un très gentil et joyeux garçon très agréable à côtoyer. Sincères condoléances à sa famille biologique et à sa grande famille de la presse. Paix à son âme. Ad yazn rebbi svar i yimawlanis awk t twacultis…», se souviendra Djamel Alilat. Et à Zine Cherfaoui, son confrère, d'étayer : «Je suis effondré. ”Youyou” était un boute-en-train dans la vie de tous les jours. Gentil, jovial, courtois et altruiste, tout le monde avait énormément d'estime pour lui. Spécialiste du monde du travail, Youyou a indéniablement beaucoup contribué par son engagement à rendre audible la voix des syndicalistes et des syndicats…» Le défunt sera inhumé aujourd'hui, à 13h, au cimetière de M'doha, à Tizi Ouzou.