Le Théâtre régional Abdelmalek Bouguermouh de Béjaïa accueillera, le 28 octobre prochain à 18h30, la générale de la pièce théâtrale Sekta, mise en scène par Tounes Aït Ali. Cette nouvelle pièce théâtrale, Sekta (La silencieuse), a été écrite par le scénographe, metteur en scène et auteur, Halim Rahmouni. Produite par la coopérative les Fleurs et Thilelli production, cette célèbre pièce est inspirée du roman français Le Journal d'une femme de chambre, d'Octave Mirbeau, paru chez Charpentier-Fasquelle en juillet 1900. Lors d'une conférence de presse animée au petit théâtre de l'OREF, à Alger, le metteur en scène, Tounes Aït Ali — accompagnée de Halim Rahmouni et des trois comédiennes — est revenu sur son nouveau projet théâtral. La metteur en scène, Tounes Aït Ali, explique que la pièce en question, d'une durée d'une heure dix minutes, s'inscrit dans le registre de la comédie dramatique. Les problèmes pointés du doigt par le romancier Octave Mirabeau sont universels. Le texte a nécessité deux années de réadaptation. «Notre souci majeur, explique-t-elle à travers cette pièce, est d'aborder la tragédie que vivent ces trois femmes accusées de crimes absurdes. Des cas qui existent dans notre pays, mais les femmes n'osent pas en parler, de peur du regard de la société ou de leurs familles». La metteur en scène rappelle que Le Journal d'une femme de chambre a été adapté dans plusieurs pays, tels que la Tunisie, le Maroc et l'Egypte. «Je me suis dit pourquoi ne pas le faire en Algérie, puisque personne ne l'avait fait auparavant. Cette pièce parle de trois tabous que subissent ces trois femmes. Ce sont des émancipées qui tomberont entre les mains de familles aristocrates, mais spéciales», éclaire-t-elle. Tounes Aït Ali a salué le courage des trois comédiennes, Tilleli Salhi, Souhila Bahoul et Wassila Aridj — lesquelles maîtrisent à la perfection les trois langues — qui l'ont suivie dans cette belle aventure théâtrale en l'aidant avec leurs propres moyens. Prenant la parole, l'auteur, Halim Rahmouni, a avoué qu'il n'était pas aisé d'adapter le texte d'Octave Mirabeau. «Je m'incline devant ces comédiennes qui ont pris la responsabilité d'aller affronter le public avec un texte qui parle de harcèlement sexuel, de pédophilie, ou encore d'homosexualité féminine», dit-il. Et de nous confier en aparté : «Ce qui m'a poussé à écrire cette pièce, c'est qu'auparavant je suis tombé sur un autre roman qui revenait sur l'histoire d'une universitaire qui a été interdite d'accès à l'université faute de chambre. Cette fille passe son temps à changer d'hôtel et durant son calvaire elle tombe sur des histoires dramatiques. Cette histoire-là m'a ramené vers l'histoire célèbre de Celestine, qui est la femme de chambre au niveau du roman d'Octave Mirabeau. J'ai trouvé que tout le fil conducteur dramatique au sein du récit coïncide avec ce qui se passe chez nous. Le harcèlement sexuel est un phénomène qui existe. Et je me demande pourquoi ne pas en parler, sachant que cette pièce a été jouée dans d'autres pays arabes ? Pourquoi la société algérienne doit-elle se cacher derrière un faux fardeau et problème.» Halim Rahmouni avoue que la plus grande difficulté à l'adaptation a résidé dans le montage de la pièce, puisque le nombre de personnages, quarante-six, a basculé à trois. Ces personnages ont interprété deux rôles à la fois. Il est à noter qu'après la générale à Béjaïa, la pièce théâtrale Sekta sera à l'affiche à El Eulma et à Tizi Ouzou. De même qu'elle sera retenue au Festival du théâtre amazigh et au Festival du théâtre arabe en Egypte. Il est même prévu une coopération avec l'Association Octave Mirabeau, en France.