Le sigle du «Z» amazigh surmonté d'une horloge a pris la place de la sirène d'époque que certains ont regrettée, car voyant en elle un patrimoine à préserver. En regardant de plus près la fameuse horloge, l'on a découvert que les aiguilles ne marchent pas dans le bon sens. La nouvelle, qui avait vite fait le tour de la ville, a attiré des grappes de citoyens devant l'édifice et tout le monde voulait voir la chose de près. L'horloge marche à l'envers, mais indique l'heure exacte, ce qui n'est pas la moindre des curiosités. Un vif débat s'est enclenché et chacun y est allé de son commentaire. Quelques chaudes empoignades ont même été engagées, avec comme objet du différend, l'à-propos de planter une horloge avec non seulement des aiguilles qui reviennent en arrière mais aussi un cadran qui indique 2 h à la place de 10. De quoi inspirer des extrapolations philosophiques à certains et des commentaires lutins à d'autres à propos du dérèglement de l'institution locale. Renseignements pris, il s'avère que cette horloge pas comme les autres ne devait pas être là et qu'elle devrait être remplacée. Il se trouve en effet que l'entreprise qui a été engagée par l'APC pour la réalisation d'un certain nombre de pièces similaires pour l'embellissement de la ville avait tout simplement «mal pris la commande». L'entreprise activant dans la ville de Béjaïa et spécialisée dans les horloges d'édifices et de mobiliers urbains se trouve être l'inventeur de l'horloge qui «corrige le sens de la rotation». Une «invention brevetée et primée», dit sa carte de visite, alors qu'un fascicule de présentation invoque le sens du tawaf à La Mecque, celui que suivent les courses en athlétisme, le sens giratoire obligatoire du code de la route… pour conclure que les aiguilles d'une montre doivent elles aussi se mettre au diapason. L'APC, quant à elle, avait passé commande pour une horloge ordinaire avec options pour le futur rond-point de la daïra d'une double horloge dont l'une représenterait un encouragement à cet inventeur pour le moins curieux. Cette méprise aura eu le mérite de susciter l'un des débats les plus surréalistes qu'a connus la place de Tazmalt.
