Emeutes à Terga, colère à Ksar Chellala. Manifestations à Djanet, violences à Djelfa et mouvement de protestation à Aïn Defla. La chaleur étouffante, conjuguée aux problèmes socioéconomiques de la population qui attend toujours les 55 milliards de dollars promis pour s'acheter enfin des climatiseurs, alimente l'actualité du mécontentement par l'intermédiaire de groupes qui s'énervent régulièrement et finissent généralement en prison, à l'ombre. Pour les Algérois, eux aussi énervés par les températures et les promesses non tenues, c'est l'occasion de revenir sur la question du Club des Pins et de Moretti, en se posant la problématique annuelle de leur existence. Emblème national du détournement de biens publics et de l'arrogance du puissant, cette zone d'Etat privée continue à être autant habitée par des gouvernants que de riches affairistes et hommes d'influence qui n'y ont théoriquement pas droit, ce qui renseigne sur la nature du pouvoir et de ses alliances. Cette enclave étrangère se retrouve chaque été au centre d'une polémique : l'état d'urgence n'ayant pas été non plus levé, cette année peut-on entrer sans passeport étranger ou carte d'apparatchik dans cette jolie station balnéaire entretenue par le contribuable ? Cette année encore, la réponse est non, d'autant qu'un nouveau et sordide fait divers a poussé les responsables à élever le niveau de sécurité pour colmater les quelques failles que les habitants limitrophes exploitent de temps en temps. Une fois de plus donc, le Club des Pins et le Moretti seront fermés au public. D'où l'idée d'un cadre du ministère de l'Hydraulique : pour éviter l'émeute imminente à Staouéli, installer une petite station de dessalement d'eau de mer au Club des Pins. Si les habitants de Staouéli ne peuvent s'y baigner, ils pourront au moins boire son eau. L'imagination au pouvoir ? Elle est déjà là.