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les élus du peuple champions de l'absentéïsme
Publié dans El Watan le 25 - 01 - 2006

Ils s'éloignent chaque mois un peu plus de leur palais. Le vote ou la confection des lois, quelle que soit leur importance, ne captent plus leur intérêt. Les préoccupations sont désormais ailleurs… Les rares fois où la plénière de l'APN fait… le plein, c'est, précisément, à l'ouverture ou à la clôture d'une session. Les lois passent, les députés restent. Chez eux. Cette Assemblée, dominée par les partis de l'Alliance présidentielle, est devenue politiquement insipide.
Les voix discordantes des députés du Parti des travailleurs (PT) et ceux d' El Islah sont vite étouffées par celles de l'alliance. Députés et journalistes s'accordent à dire qu'il n'y a vraiment pas photo dans les débats à l'APN. Zoom sur une plénière comme si vous y êtes.
Mardi 17 janvier, 10h tapantes. Ordre du jour : examen et adoption de deux projets de loi, l'un portant sur la titrisation des crédits hypothécaires et l'autre sur les assurances. Le ministre des Finances, Mourad Medelci, vient présenter ses projets devant un hémicycle affreusement vide. 20, 30, 40 députés présents au maximum. Constatant que l'honorable assistance est loin, très loin du quorum, le président de l'Assemblée populaire nationale (APN), Amar Saâdani, invite le ministre à revenir à 15h…
Il faut donc repasser.
14h50. La sirène annonçant le début de la plénière retentit. Les députés, qui semblent cette fois beaucoup plus nombreux que le matin, semblent ne pas prêter attention à son bruit. Les chaudes poignées de mains les disputent aux embrassades et autres accolades. Le hall et les travées de l'hémicycle fourmillent de monde dans un joyeux vacarme. C'est le retour, après les fêtes de l'Aïd et de la nouvelle année. «Saha aïdek, bonne année…», entend-on à n'en plus finir. A croire que les élus du peuple sont tout droit sortis d'une mosquée. A l'intérieur de la salle, juste deux députés ont pris leur place. Celui enturbanné de Tamanrasset et une jeune femme. Tous deux issus du FLN. Wahid Bouabdellah, un élu bien connu du même parti, fait son apparition. Pourquoi les députés ne sont pas encore rentrés ? interrogeons-nous. «Comme d'habitude», fit-il, comme pour signifier que cette pratique est une règle. Dans le hall, le brouhaha bat son plein. Des petits groupes de députés se forment un peu partout, notamment devant le comptoir de la cafet'. Les «bousbousettes» (les bises) et les salamalecs reprennent de plus belle entre un café ou un thé siroté. D'autres s'isolent dans les coins qui pour donner un coup de fil, qui pour lire un journal. Pendant ce temps, le bruit strident de la sonnette se fait de plus en plus insistant. Rares sont les députés qui trimballent des cartables. Nombreux sont ceux qui viennent les bras ballants ! Normal, des petites lois à voter et ils repartiront chez eux.
15h05. Le ministre des Finances, Medelci, et son collègue Ziari, chargé des Relations avec le Parlement, gagnent la plénière. Amar Saâdani, qui visiblement est rassuré à vue d'œil que le quorum est cette fois atteint, met les députés devant le fait accompli pour rejoindre la salle en prononçant le «Bismillah errahmane errahim». Début de la séance donc.
Le rapporteur de la commission des finances fait lecture du texte pendant que les députés prennent leurs aises. D'autres poursuivent allégrement leurs discussions du hall à l'intérieur de l'hémicycle. On entend même des rires, séance tenante ! En deux temps trois mouvements, les articles du projet sur les assurances sont votés. Deux variantes sont relevées à chaque vote : soit les députés du PT rejettent le texte et leurs collègues d'El Islah s'abstiennent, ou l'inverse. Le reste, tout le reste adopte machinalement le projet gouvernemental sans la moindre remarque. Scène cocasse. Un élu du PT, M. Labechri pour ne pas le nommer, a proposé l'amendement de l'article 22 qui ouvre la voix d'après au règne des multinationales.
La plénière comme
si vous y êtes
Un amendement qui déjà a été rejeté par la commission des finances. Amar Saâdani, un peu perdu, dit ceci : «Je n'ai pas compris qu'est-ce qu'on doit faire maintenant ?», interroge-t-il l'assistance. Et au rapporteur de lui expliquer simplement que cette proposition du député du PT a été déjà rejetée…
Rires dans l'hémicycle. Pendant ce temps, D. Abdelkrim du MSP retourne carrément sa chaise pour causer avec son ami, assis juste derrière lui. Le même député du PT propose à nouveau des amendements au projet sur la titrisation des crédits hypothécaires avec force arguments au texte lu par le rapporteur. Mais rien n'y fait. La plénière l'adopte sans sourciller. Et visiblement sans avoir compris quoi que ce soit de ce texte éminemment technique. La titrisation des crédits, qui est traduit en «tawrik» en arabe, apparaît visiblement comme un barbarisme pour la majorité des députés, si habitués à la littérature des lois et à des textes plus terre à terre. Mais la machine de l'Alliance est spécialement huilée pour signifier à chaque fois l'approbation et tant pis si l'on n'a rien compris à l'objet. Ainsi, l'on a même aperçu un élu du FLN arriver en retard, lever son bras pour voter le texte, alors qu'il n'est pas encore assis ! Des scènes comme celles-ci sont légion à l'APN. Tout se passe comme si les députés sont élus et payés pour lever le bras le moment venu. C'est tout. C'est, bien sûr, ce qu'on leur aura demandé de faire. Pour le reste, les députés, à quelques exceptions près, vaquent à leurs occupations, à leurs affaires surtout. En 1h 20 mn, les deux textes de loi sont pliés avec zéro amendements ! L'hémicycle, qui a repris un peu de ses couleurs, retrouve sa vacuité. A peine un quart d'heure passé, et le palais s'est vidé de ses occupants d'une heure. Les grosses voitures rutilantes quittent le parking de l'APN et à la prochaine !
Une loi, et ils s'en vont…
L'APN possède, assurément, une réputation proverbiale de «dar khali mouh», pour reprendre la boutade d'un député. Le taux d'absentéisme de ses élus culmine à la tête du hit-parade des institutions. La faute revient-elle pour autant aux députés ? «Non», répond l'un d'entre eux qui n'est pas du tout content de la situation. Il précise qu'aucune loi ni règlement n'obligent un élu à être présent aussi bien lors des séances en plénière ou lors du travail des commissions. Un vide juridique qui nous a été confirmé par un cadre supérieur de l'APN, estimant même qu'«un député peut ne pas venir pendant tout son mandat sans qu'il ne soit inquiété». Un haut responsable administratif de l'institution confie que, parfois, les travaux des commissions sont sciemment regroupés à la même période pour attirer les députés récalcitrants. Et ce n'est pas toujours gagné ! Il y a des députés qui se la coulent douce, à l'image de membres de la commission de la défense ou celle des relations extérieures qui ne se réunissent presque jamais en l'absence de loi dans ce secteur.
Amar Saâdani a décidé, il y a quelque temps, de porter les noms des présents et des absents dans le journal officiel, pourtant interne de l'Assemblée, mais il a dû renoncer à mentionner les noms des absents suite à une vive protestation des députés absentéistes, confie un cadre. Or, en Italie, par exemple, l'absence est automatiquement suivie d'un retrait sur salaire. A l'APN, les 84.000 DA nets que perçoit l'élu «basic» ne subissent jamais de défalcation. Bien au contraire, d'autres primes de différentes natures gonflent un peu plus les soldes déjà enviables de nos honorables représentants. Sans compter les à-côtés, qui sont autrement plus importants que le salaire lui-même.
Les membres de l'auguste APN n'aiment pas qu'on leur parle de leurs salaires ou de leurs privilèges. Des sources sûres assurent que ce sont eux qui ont bloqué l'initiative de leur président de rendre public le budget de l'Assemblée, estimé à plus de 300 milliards de centimes. Mais ils n'ont pas pu empêcher la volonté de M. Saâdani de fermer le restaurant du palais Zighoud, qui «a grevé considérablement le budget de l'APN», confie notre source. Les députés ont tout de même empoché une prime de… 20.000 DA par mois uniquement pour la bouffe, bien qu'une bonne partie d'entre eux fréquentent même les restos de la rue Tanger !
Pour l'hébergement, nos élus peuvent choisir entre un appartement à la cité Mimosa (Staouéli, non loin de la résidence d'Etat du Club des pins) ou une prime de 50.000 DA. L'administration de l'APN loue également 12 jours par mois des chambres dans un grand hôtel à Alger.
Toujours au chapitre des privilèges liés à la fonction et qui font baver le commun des Algériens, les députés ouvrent droit à différents prêts sociaux sans intérêts pour, entre autres, l'acquisition de véhicules.
Les séances des questions orales conçues comme l'outil le plus approprié pour contrôler l'action de l'Exécutif sombrent, au fil du temps, dans de longues et fastidieuses séances d'ânonnements. Organisées les jeudis, l'assistance est souvent clairsemée, pour ne pas dire que les députés n'assistent qu'à celles qui ne les gênent pas Parfois, le ministre concerné ne vient même pas répondre, confiant la mission à M. Ziari. D'autres fois, c'est plutôt le député auteur de la question qui est absent ! Et pour cause, entre le dépôt de la question et la venue d'un ministre pour la réponse, la procédure dure des mois, voire même des années. Il en est ainsi de ce député qui a posé une question en 2004 à l'ex-ministre des Ressources en eau, Abdelmadjd Attar, sur la nécessité de construire un barrage à Tébessa et qui se voit répondre il y a quinze jours par M. Sellal ! Pendant ce temps, l'ouvrage en question est presque achevé. Ou encore ce député qui avait interrogé, l'année dernière, M. Benbouzid sur la rareté du livre scolaire. Or le ministre a répondu, il y a seulement quelques jours maintenant, que la pénurie n'est qu'un mauvais souvenir.
Les questions orales versent assez souvent dans des préoccupations de «douar» et le gouvernement a évidemment beau jeu…
Les députés font l'école buissonnière !
Ayant sans doute remarqué que le niveau d'un bon nombre de députés laisse à désirer, Amar Saâdani a eu la lumineuse idée de créer l'Institut de formation et d'études législatives (IFEL). Cette institution, financée par le département d'Etat, se propose, depuis une année, de recycler les députés en leur proposant des cours de droit, de techniques de législation, d'informatique et des cours d'anglais. Son directeur, Tatah Boualem, en a fait un centre de rayonnement scientifique. Mais une année après, seuls 140 députés ont daigné suivre les cours sur les 389 que compte l'APN. «On doit redoubler d'imagination pour les attirer», promet-il, annonçant qu'il les saisira, y compris par SMS.


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