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Passion de lecteur. Aziz Chouaki
Publié dans El Watan le 10 - 05 - 2007

Son écriture, nerveuse, souvent à la limite de la rupture, n'a rien à envier à celle d'autres grands talents littéraires de notre époque. Son style est foisonnant, ironique et complice ; il a aussi la richesse mordante de l'Algérois de Belcourt. Aziz Chouaki dompte la langue française en lui donnant tout l'humour et la chaleur du sud de la Méditerranée.
Avec lui, nous sommes loin de l'académisme qui plombe la littérature Nord-africaine et étouffe son génie créateur. Le regard qu'il porte sur lui-même et sur son activité littéraire est révélateur, frappant par son originalité et sa profondeur. Il dit d'ailleurs : «J'écris en français, certes, histoire oblige, mais à bien tendre l'oreille, ce sont d'autres langues qui parlent en moi, elles s'échangent des saveurs, se passent des programmes télé, se fendent la poire. Il y a au moins, et surtout, le kabyle, l'arabe des rues et le français.»
Par delà les mots et les simples contours de la langue, cet auteur cherche à dire le monde afin de le comprendre. Comme chaque artiste, l'homme l'intéresse et le passionne. L'écriture serait pour lui une destruction du paraître pour le triomphe de l'être. Telles sont les dimensions d'un univers esthétique qui se veut avant tout humaniste.
Aziz Chouaki vit en France depuis 1991, Il est l'auteur de plusieurs textes dont Argo (Ed. L'unité, Alger), Baya (Ed. Laphomic, Alger, 1989) ou encore Fruits de Mer (écrit pour Radio Suisse Romande, 1993). En juin 1997, Aziz Chouaki écrit et met en scène Les Oranges (TILF, La Villette). La pièce sera montée par Laurent Vacher, en novembre 1998, et tournera dans toute la France. Le texte est paru aux éditions Mille et Une Nuits en 1999. Dans sa dernière pièce, Une virée (Editions Théâtrales, Paris, 2006), l'auteur montre trois personnages aussi divers que complémentaires, qui vont, l'espace d'une errance d'un soir, essayer d'assembler leurs lignes de fracture. Unis dans la dérive, ils échangeront leurs fantasmes, leur Algérie.
Ils vont opposer la rage de leur blues «contre celle du béton, du discours». L'histoire est inspirée par un fait-divers américain : un massacre entre copains qui se disputent à propos de Madonna. Ici, il s'agit de Khaled et Cheb Mami, mais l'énergie désespérée de ces gamins sans avenir demeure tout aussi suicidaire. La poésie sauvage de cette écriture, dénuée de toute attitude compassionnelle, saisit l'occasion de dire, redire à quoi rêve la jeunesse. L'occasion de «cerner le gâchis que ces gosses, là-bas comme ici, ont dans la tête, et leur indestructible vitalité».
Dramaturge, Aziz Chouaki est aussi un excellent romancier. Son premier roman, Aigle (Gallimard, 2000) a fait, dès sa parution, l'unanimité parmi les critiques. Le réalisme du roman, le rythme, les tournures de phrases, les personnages, ainsi que les rêves, les mystères, les voyages et les rencontres auxquelles le lecteur est livré, font de ce roman l'un des plus aboutis jamais écrits sur l'identité algérienne.
C'est l'histoire d'un personnage, Jeff, qui rencontre sur son chemin les personnages qu'il a créés. D'étranges rapports se tissent alors entre eux et lui, teintés d'érotisme, d'ésotérisme et de gangstérisme. Prométhée de l'écriture, Jeff mène ce ballet mégalo et impose à chacun de vivre exactement comme il l'a imaginé. Fantasme et réalité se télescopent en une mise en abyme brillante, puzzle bariolé où les pièces narratives se remettent peu à peu en place. L'enjeu du roman prend la forme d'une exploration de tous les possibles de l'écriture. Bref, cette œuvre est une merveille d'imagination et d'élégance. Son deuxième roman, L'étoile d'Alger (Balland, Paris, 2002), est une épopée noire et moderne d'un jeune personnage qui reflète la détresse d'une génération désemparée et livrée aux pires extrémités. En Algérie des débuts des années 1990, le chaos règne et la peur est l'ombre des hommes. Mais Moussa, musicien funambule, rêve de succès international. Son ambition ? Devenir le Michael Jackson d'Alger. Avec talent et énergie pour tout bagage, il promène son fol espoir entre les boîtes douteuses et les producteurs véreux.
Rattrapé par la misère quotidienne, largué par sa fiancée, blessé à jamais, il ne lui reste qu'une solution pour échapper au lent suicide : le saut dans l'enfer… Au chaos décrit et subi par son héros, Aziz Chouaki offre dans ce roman le miroir d'une langue abrupte, souvent proche de l'oralité, composée de notations qui campent le décor, l'attitude d'un personnage, les réflexions d'un autre en quelques phrases nominales d'une terrible efficacité. Son héros dit aussi, avec gravité et humour, la descente en enfer de toute une société qui devient le propre fossoyeur de ses rêves anciens, sous le masque d'un engagement nihiliste et assassin dans les phalanges de l'intégrisme islamiste. On retrouve dans ce texte les qualités qui ont fait d'Aziz Chouaki un auteur incontournable.
Enfin, son dernier roman, Arobase (Balland, Paris, 2004) est une chevauchée urbaine débridée, où les personnages courent vers une fin inattendue, sous l'œil vigilant de William Shakespeare. L'auteur plonge dans son milieu de prédilection : le théâtre. Son personnage principal, Arobase, de l'arabe arbâ (le quart), séduisante jeune femme de trente ans, qui s'accroche au théâtre comme ultime bouée de survie, décide d'adapter Othello de Shakespeare, version rollers et rockn' roll. Aziz Chouaki lâche alors dans un Paris réinventé une dizaine de personnages hagards, blessés, joyeux, perdus. Comme dans Othello de Shakespeare, la vie est confrontée à la mort. La passion redonne la vie, mais elle mène aussi à la mort. Aimer à mourir. Aimer pour ne pas mourir. Avec beaucoup d'originalité, l'auteur de l'exubérant L'étoile d'Alger fait croiser des destins et crée un monde agité, à la shakespearienne. Roman fort, drôle et touchant, Arobase illustre à nouveau le style et l'univers si particuliers d'Aziz Chouaki. Dramaturge lui-même, comme on l'a dit, celui-ci dévoile l'univers du théâtre dont la scène devient celle de notre monde. Croire à tout ce que l'imaginaire peut produire de magnifique… Si vous n'êtes pas convaincus, alors lisez Chouaki.


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