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«Je suis ADN, Algérien démocratique et national»
Publié dans El Watan le 12 - 03 - 2009

– Franchement, quelle idée d'intituler votre spectacle «Tous les Algériens sont des mécaniciens !». Il y a des gens qui n'ont pas hésité à écrire au directeur du Théâtre du Rond-Point pour lui demander d'enlever ce titre de l'affiche.
– (Rires) Ces gens-là n'aiment ni les mécaniciens, ni les Algériens ! Ou alors ils ne sont ni mécaniciens ni Algériens. Ou vice-versa. Même s'ils sont chauffeurs de taxi.
– Il parait que vous n'aimez pas l'Algérie…
– C'est absurde! J'aime l'Algérie, les Algériens et les mécaniciens. Je suis algérien jusqu'à l'obsession et amazigh jusqu'à l'entêtement. Pour être encore plus sincère, j'aime aussi les taxieurs arabes et amazighs. A part quelques exceptions, mes compatriotes de tous métiers sont absolument formidables.
– Pourquoi les chauffeurs de taxi ? Eux aussi ont recours aux mécaniciens, non ?
– Il faut croire que certains d'entre eux ont du mépris pour les mécaniciens puisque l'instigateur de toute cette polémique est devenu chauffeur de taxi. Quand la carrière de cet apprenti sorcier producteur de spectacles a pris fin (car tout le monde sentait de loin l'escroquerie arriver au pas de course), ce margoulin de basse altitude a vite changé de métier. Il le fait d'ailleurs par dépit car le métier de chauffeur de taxi est aussi noble que celui de mécanicien et il faut avoir de la vocation pour le pratiquer sainement. Il a écrit une lettre au directeur du théâtre où je jouais pour lui demander de changer le titre de mon spectacle. Vous ne trouvez pas ça d'un ridicule mortel? Le ridicule yeqtel eddebane ki «El moubyd» ! (Le ridicule tue les mouches comme un fly-tox). Ça c'est de la honte pur «Sélecto», kho. La vraie.
– Mais que s'est-il passé au juste ?
– En 1993, il m'avait téléphoné à Alger pour m'engager à me produire dans une salle parisienne. Je n'avais jamais entendu parler de lui. Z'dam't b'neyti (J'ai foncé naïvement). Il m'avait dit d'acheter mon billet d'avion qu'il devait me rembourser à Paris. Il m'avait également assuré qu'il se chargerait de mon hébergement et nous nous étions entendus «naturellement» sans contrat, bel kelma (parole d'honneur), sur le montant de ma prestation. Je me souviens avoir rempli la salle, mais pas mes poches. Il m'avait donné rendez-vous pour le lendemain afin de me payer. Men hadak n'har ma chemit rihtou ou ma d'har aâlih hata khbar ! (De ce jour, je ne l'ai pas revu et je n'ai plus eu de ses nouvelles). Il avait changé de décor en emportant la recette. Au bout d'un mois et demi passé à l'attendre et à le traquer, j'avais fini par baisser les armes… et j'étais reparti à Alger chargé de dettes et de h'chouma (honte) de m'être fait avoir comme un zrag (bleu). J'attends toujours de récupérer mon dû. Et je ne suis pas le seul artiste algérien à avoir été arnaqué par lui «bel beaucoup» !
– Vous êtes accusé de ne pas être assez nationaliste, patriote. Serez-vous du Hizb França ?
– (Rires) Quand on veut noyer son Algérien, on le traite de Hizb França. Et le crime ” d'appartenance ” au parti de la France ne paie plus. La mondialisation est passée par là. J'ai l'Algérie dans le sang. C'est mon ADN : Algérien Démocratique et National. Je suis peut-être le seul Algérien à mettre à fond, sans pitié, Amar Ezzahi aux Champs-Elysées. Et les youyous, expression des temps immémoriaux de l'Algérie et de l'âme nationale qui fusent à chacune de mes représentations, prouvent que les Algériens, très nombreux dans la salle, ne sont pas dupes de toute cette campagne de haine. J'ai mis l'Algérie au cœur des Champs-Elysées, à deux cents mètres du palais présidentiel, ce n'est pas une preuve d'amour ça, kho?
– Houlà, vous parlez comme un homme politique…
– Absolument pas ! Je ne suis pas un homme politique mais juste un homme de théâtre. Je n'aime pas assez l'homme politique pour le mettre en scène dans mes spectacles. Je ne connais que le peuple et c'est lui que je mets en scène. Tous mes personnages sont le produit du système qui les a pervertis. Je vous annonce un scoop, je suis l'ambassadeur de l'âme algérienne. Mon inspiration vient du peuple, c'est profond. J'ai une relation charnelle avec lui. Si j'étais dans le faux, le public ne m'aurait pas suivi pendant vingt ans ! Et qui proclame partout tout le temps dans tous les médias et sur toutes les scènes de France et de Navarre son amour pour l'Algérie !?
– Revenons aux mécaniciens. Franchement, on ne comprend rien à cette polémique. Pourquoi ce serait donner une mauvaise image des Algériens que d'intituler votre spectacle «Tous les Algériens sont des mécaniciens» ?
– Je ne vois rien d'infâmant à être mécanicien. Bien au contraire. Y-a-t-il quelque chose à comprendre à cette polémique ? Mokhek yehbes ya mouh (le cerveau se bloque). Une polémique stérile ! Je crois que c'est l'imam Ali qui a dit : «Toutes les maladies sont curables, sauf la stupidité». Les Algériens sont de formidables mécanos qui ont érigé le système en art et en science presque exacte. ! Dans ” mécanique “, il y a mouvement, malice, de l'énergie au service de l'intelligence en mouvement.
– On est dans l'absurde, dans la pièce Les Chaises de Ionesco. On nage dans l'irrationnel…
– Les gens qui ne sont pas capables de rire ne sont pas sérieux ” et ce n'est pas de moi, c'est du grand philosophe Alain… et le rire c'est du sérieux qui se la joue pas, mon frère ! Le théâtre tel que je le conçois s'intéresse plus au petit peuple qu'aux puissants. Le théâtre appartient à l'espace imaginaire. C'est le lieu de toutes les inventions. Ce que les acteurs disent n'est pas nécessairement calqué sur la réalité. C'est du délire et ça amuse, ça détend. Je dissèque et m'amuse avec les ingrédients réels ou imaginaires de la société qui m'a vu naître. Si j'étais vraiment le chantre de la mauvaise image de l'Algérie comme mes détracteurs le soutiennent mordicus, il y a longtemps que Le Pen m'aurait téléphoné. Il faut arrêter de délirer, les gars.
Ce n'est pas les artistes qui font du mal au pays. Les artistes n'ont ni le désir encore moins le pouvoir de nuire… même si le rire peut être délicieusement subversif. Car si le rire est le propre de l'homme, il faut qu'il soit aussi le propre de l'Algérien. Tiens, djatni afssis… et c'est pas pour rire. Et si El Watan réalisait un sondage d'opinion, une enquête qualitative, pour savoir si nos compatriotes sont quelque part, à leur façon, «tous des mécaniciens» ? Si plus de 50% ne sont pas d'accord, je changerais le titre de mon spectacle et offrirais à chacun d'eux un Delco tout neuf.
Repère :
Fellag est né en 1950 dans un village proche d'Azzeffoun, Après ses études à l'Institut national d'art dramatique de Bordj El Kiffan, de 1968 à 1972, il a évolué dans différents théâtres régionaux. De 1978 à 1981, il s'installe au Canada, puis en France pendant trois ans. En 1985, il rentre en Algérie et réintègre le TNA, en tant que comédien et metteur en scène. À partir de 1987, il crée ses premiers one man shows et crée Tchop, premier personnage décapant qui se moque avec une réserve encore timide, des travers de l'Algérie. Il sera après l'ouverture de 1988 plusieurs semaines, seul sur scène, à Riad El Feth, avec des thématiques plus politiques et accrocheuses. Son spectacle est même diffusé à la télévision. Après les événements de 1991 et 1992, il occupe encore la scène malgré tout. Mais en 1994, il s'exile de nouveau, en Tunisie, puis en France où il crée trois spectacles : Djurdjurassic Bled, Un Bateau pour l'Australie et Le Dernier chameau. Fellag est aussi écrivain. Il a publié trois recueils de nouvelles et deux romans : Rue des Petites Daurades (2001) et L'Allumeur de rêves berbères (2007) aux éditions J.C. Lattès. Prix de la révélation théâtrale de l'année, attribué en 1998 par Le Syndicat professionnel de la critique dramatique et Syndicale, pour Djurdjurassic Park. Prix de l'Humour noir pour Un Bateau pour l'Australie. Prix Raymond Devos pour la langue française (2003). Prix de la Francophonie. SACD (2003).


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