-L'Algérie, ayant vécu plusieurs civilisations, est riche en sites archéologiques, pouvez-vous nous faire un état des lieux sur l'archéologie en Algérie ? Pour moi, l'archéologie en Algérie n'est pas du tout méprisée, mais n'est pas appréciée à sa juste valeur ; on peut dire que le citoyen n'est pas avisé de ce qui l'entoure ; il est de notre part, nous, les archéologues de le sensibiliser pour qu'on puisse mettre en valeur ces biens culturels. -Comment peut-on les mettre en valeur ? Je dirais qu'il faut décréter le respect de ce patrimoine, au même titre que l'hymne national, il faut faire aimer à nos enfants leur patrimoine qui représente la mémoire de l'Algérie. -Une grande partie du patrimoine archéologique en Algérie est en train de se détériorer, voire disparaître, sous l'effet des atteintes du temps et de l'homme ou autres, malgré certaines tentatives de sauvegarde. Quel serait, d'après vous, le moyen le plus efficace pour le conserver en tant que mémoire ? Je pense qu'on est dans la même optique: le citoyen n'arrive pas à estimer la valeur de ce trésor menacé d'anéantissement par ignorance; par exemple, un gardien d'un site archéologique quelconque, s'il ne sait pas respecter ce bien, lui-même pourrait représenter un danger pour ce patrimoine. Il faut qu'il y ait une volonté politique, d'abord, puis, dans ce cas, il faut commencer comme je disais toute à l'heure par sensibiliser ce citoyen pour prendre au sérieux sa mission, comme ça une grosse partie du problème sera résolue. -Revenons à Tébessa. Comment expliqueriez-vous les difficultés actuelles que connaît l'archéologie à Tébessa? Il y a un désintérêt, qui concerne toute l'Algérie, pas seulement Tébessa. Seulement dans cette région un peu spéciale du fait que les sites archéologiques se trouvent dans l'enceinte de l'ancienne ville bâtie sur des remparts et des ruines; on ne connaît même pas l'ampleur de ces vestiges, la ville est étouffée par ce foisonnement humain qui cherche à exploiter le moindre espace qu'il trouve. -Le pillage d'objets archéologiques ne date pas d'hier dans la région du fait qu'elle est limitrophe des frontières, on parle d'un millier de pièces archéologies disparues depuis l'Indépendance … On ne peut pas confirmer cette information qu'il y ait un millier d'objets archéologiques disparus depuis l'indépendance ou autres du fait que ces objets ne sont pas encore recensés ; aussi on ne peut pas dire qu'ils sont d'une valeur inestimable; à ma connaissance il n'y a pas d'objets de valeur dans les sites que recèle Tébessa -… et les fouilles clandestines ? On ne peut pas arrêter ces fouilles clandestines surtout dans les sites archéologiques, je dirais abandonnés; dans les zones éparses, souvent, les gens font de fouilles fortuites s'ils trouvent un objet qui relève de l'archéologie, ils ne le déclarent pas au niveau des institutions préposées ; pour cette raison il faut sensibiliser les gens à ce propos. -Quelles mesures proposez-vous pour éradiquer ce phénomène de l'exportation de ces biens culturels ? Il faut avant tout recenser ce qu'on a afin de définir les responsabilités de chacun, aussi concevoir une cartographie et enfin avoir un bon programme de recherche qui nous permettra de sauvegarder notre passé en péril. -La répression sert-elle à quelque chose ? On n'arrive pas à appliquer les lois qui sanctionnent ces pilleurs du fait qu'elles sont pleines de failles.