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«On ne peut parler de développement économique sans développement humain»
Publié dans El Watan le 15 - 11 - 2010

-Quelle appréciation faites-vous du rapport mondial sur le développement pour 2010 ?
Je me félicite qu'il y ait un rapport sur le développement humain, car il y a 20 ans en arrière, seules les catégories économiques, comme la croissance économique, qui entraient dans la croissance économique, au sens terre à terre, c'est-à-dire le PIB (Produit intérieure brut) étaient retenues comme élément pouvant permettre le développement économique et social. Aujourd'hui, il est profitable que les organismes notamment onusiens avec un consensus international pour considérer le développement humain comme partie intégrante du développement et les pays qui n'en tiennent pas compte risqueraient, soit de ralentir la croissance économique, soit de mettre une croissance économique à deux niveaux : une partie de la population qui évolue dans de bonnes conditions et les laissés-pour-compte.
D'ailleurs, c'est ce que nous constatons dans des mégapoles mondiales où des quartiers dégageant une richesse opulente et à côté des banlieues déshéritées. Ce déséquilibre entre une croissance économique dans certains secteurs et une espèce de «no man's land» à côté crée toutes les distensions connues telles que les révoltes. On ne peut plus parler de développement économique sans développement humain.
-Dans ce rapport, l'Algérie est classée 9e en termes de progrès et à la 5e place hors PIB. Quelle lecture faites-vous de ce classement ?
Un classement ne m'intéresse que dans la mesure où il montre les évolutions positives ou négatives. Il s'agit de voir comment évolue notre pays. Bien entendu, on peut critiquer la manière dont ces statistiques sont produites et les corrélations faites pour pondre ces classements. Mais ces critiques sont superfétatoires dans la mesure où ces évolutions disent bien ce qu'elles disent quand un pays régresse comme c'est le cas chez nous en matière de développement humain, en termes de mortalité infantile, retour des maladies moyenâgeuses. Quand un pays résorbe tous ces éléments et fait reculer la pauvreté, l'analphabétisme, la mortalité infantile et les maladies, il n'y a pas de comparaison. La polémique sur la place, le rang et le classement de l'Algérie cachent mal le véritable problème qui est extrêmement important : celui de la production de la statistique.
-Estimez-vous que même les chiffres donnés par le PNUD sont controversés ?
Permettez-moi de rappeler un certain nombre de choses. Il existe en Algérie un décret présidentiel qui crée le conseil national de la statistique. Sous le gouvernement de Mouloud Hamrouche, nous avons placé cette institution au plus haut niveau. Elle avait été étoffée par toutes les administrations directement concernées par la statistique et on l'avait mixée avec les professionnels et les gens de l'art, pour produire des statistiques qui ont un sens, au-delà de l'Office national des statistiques.
Le conseil national des statistiques, selon le décret publié au Journal officiel, a pour mission de donner aux statistiques leur autonomie vis-à-vis de tous les pouvoirs temporaires qui sont passés dans notre pays. La tentation est grande en manipulant des statistiques pour plaire aux princes du moment ou, pour donner l'impression à l'opinion que tout va bien. Le conseil national des statistiques devait faire en sorte qu'on puisse produire des statistiques qui reflètent au maximum la réalité du pays même si elle est amère et déplaise. Il s'agissait d'assurer l'indépendance de la statistique car il n'y a pas de démocratie sans informations fiables et stables. La statistique est au cœur même de la vie politique dans un pays.
La production de la statistique devrait s'ouvrir au privé aussi mais dans le cadre le cadre d'un cahier des charges où l'indépendance, la probité, la fiabilité soient respectées sans servir des intérêts occultes ou privés. Ensuite, il y a l'interprétation et l'analyse qui devront suivre au niveau interne et même externe. D'ailleurs les organismes onusiens nous reprochent de ne pas produire des statistiques fiables. L'information statistique est un bien d'indépendance tant au niveau interne qu'externe. Tout en étant fiable et le plus proche de la réalité. Ce conseil avait aussi pour mission d'organiser en aval la collecte, le traitement de l'information à travers l'ONS.
-Justement quel est le rôle de l'ONS ?
L'ONS est conçu comme un simple appendice. Il a été sous tutelle du ministère de la planification car c'est un organisme fondamental. Comment peut-on faire de la planification sur quelques années sans cet outil. Il a besoin de moyens pour travailler. Il suffit de voir où il est installé, le statut du personnel qui y travaille, ces moyens dérisoires. Cet outil n'a pas les moyens d'assumer toutes les missions qui sont inscrites dans son statut. Il fait ce qu'il peut. Il n'y a plus de systématisation, plus de production d'annuaire d'il y a 20 ans.
-Cet office travaille sur la base des données officielles des différents secteurs qui ne sont pas souvent à jour. Peut-on dire que ses chiffres sont fiables ?
Le problème est plus complexe. A titre indicatif, il n'y a pas de raison que le ministère de l'Habitat ne puisse pas des données le nombre de logements urbains ou ruraux en construction, mais l'ONS ne doit pas se suffire de cette information. Il doit avoir la capacité d'aller sur le terrain et procéder par échantillon, par sondage de manière à recouper ces informations. Un exemple, le logement rural, un élément important pour enraciner les populations dans les campagnes, a toujours été l'objet de litige entre l'administration centrale et le CNES (Conseil national économique et social), où je présidais la commission économique, car il a toujours été financé par prêts bancaires.
On donnait 300 000 DA au paysan et il était recensé comme un logement rural, donc avec 3 milliards de DA en principe on a 10 000 logements, selon l'administration, mais sur le terrain, d'abord il est exclu qu'on puisse construire avec 300 000 DA un logement avec les prix de la main-d'œuvre et des matériaux de construction. De plus, il n'était pas évident que cet argent aille servir à la construction de ce logement. C'est ce déphasage qui fait que les chiffres ont une marge d'erreur extrêmement importante. On peut concevoir que les marges d'erreurs soient acceptables, admis par la science statistique.
A partir où la marge d'erreur est de 50%, ce n'est plus de la statistique. Même chose pour l'emploi, à titre d'exemple, du moment qu'on octroie un crédit à un jeune, on le comptabilise comme un emploi. La critériologie et la norme, fondamentale, qui donnent la fiabilité et la crédibilité de la production statistique, ne sont pas prises en compte. Une petite expérience au niveau du CNES, depuis le départ de feu Mentouri, on ne produit plus rien au niveau des commissions organiques et légales du conseil, en dépit de l'absence de capacités de production de la statistique, mais on essayait de comparer et de recouper les statistiques de l'administration centrale pour les vérifier sur le terrain. Nous arrivions à relever de sérieuses contradictions entre les chiffres de l'administration et le terrain. Donc, cela va se développer un problème de crédibilité des institutions qui va se répercuter à l'extérieur au niveau des institutions internationales, comme le PNUD, l'ONU et autres en charge de ce dossier.
-Justement en se basant sur le rapport du CNES sur le développement humain, est ce que le rapport du PNUD n'est pas quelque peu biaisé ?
D'abord, il ne s'agit pas du rapport du PNUD mais celui de l'administration du CNES, même pas du CNES mais de son administration, je pèse bien mes mots. Le PNUD a financé un expert international pour l'aider à produire son rapport. Bien entendu, l'administration du CNES étant dépourvue de moyens de production statistiques, donc elle s'est adressée aux organes centraux et locaux pour s'approvisionner en statistiques. Là est le décalage important qui entache d'incohérence et de manque flagrant de fiabilité qui amoindrit de façon sérieuse les conclusions.
Ce qui a créé un malaise entre les institutions internationales et le gouvernement lors de la séance de présentation (du rapport du PNUD sur le développement humain 2010) par l'intervention assez musclée du ministre chargé de la prospective et la statistique, M. Temmar, et le ministre de la Solidarité devenu entre temps celui de la Santé, qui ont contesté les chiffres de l'ONU. Ce sont des réactions épidermiques qui ne sont pas indispensables. Lorsqu'on balaiera devant notre porte et on mettra en œuvre les deux institutions de production de la statistique, dont le conseil national et on donnera les moyens à l'ONS de produire des statistiques fiables et proches des réalités, à ce moment-là, nous pourrions nous présenter au niveau des instances internationales ou autres pour défendre la situation dans le pays. Pour les analyses, on peut les contester.
-Dans le rapport, on a tenu compte dans le calcul de l'indice de développement humain (IDH), des secteurs de l'éducation et de la santé en évolution, selon la courbe tracée par le PNUD. Quelle est votre analyse ?
Il faut prendre un indice pour ce qu'il est. Par exemple, en prenant la moyenne, on élimine les extrêmes. Si on a une moyenne de 20/20 dans une matière et 0/20 dans une autre, la moyenne des deux est 10, donc le zéro est éliminé. Chaque indice est calculé de manière à ce qu'il fasse ressortir ce qu'on souhaite. Est-ce qu'il fallait continuer au niveau international à mesurer les pays à travers leur revenu. A titre d'exemple, lorsque j'étais à la Banque mondiale, l'Inde recevait des crédits pratiquement subventionnés sur la base d'un indice qui était PIB sur population qui s'il était inférieur à 400 dollars par habitant, le pays est éligible à ces crédits, alors que l'Inde développe la bombe atomique, crée des satellites, mais à côté, l'Inde est une immense misère avec une énorme population.
Cet indice ne rend pas compte de toute la complexité de la situation. Il est important de déglobaliser ces indices pour aller chercher à l'intérieur d'autres indices beaucoup plus significatifs qui rendent de la complexité du développement économique et social. C'est ainsi que le choix s'est porté sur l'espérance de vie, l'éducation, le revenu. Il faudra affiner ces indicateurs, y compris dans la santé, il faut approfondir en tenant compte des politiques de santé publique, la santé privée à qui s'adresse-t-elle, l'accès aux soins et aux médicaments, la difficulté de se faire soigner faute de moyens financiers et on revient au revenu. On ne peut parler de manière globale de la santé en Algérie. Plus on affine les indices, plus on se rapproche de la réalité économique et sociale. C'est le rôle de l'ONS qui n'a pas les moyens humains, financiers et de formation.
-Les dépenses publiques sont-elles suffisantes pour mesurer l'IDH par pays dans le cas Algérie ?
Si on prend le budget de l'Etat, dans le cadre de la loi de finances, des ressources sont affectées aux différents secteurs, si on prend ces ressources et on les divise par le total, on a des chiffres colossaux et des pourcentages qui font frémir les pays développés. Si on prend le cas de la santé, le budget alloué est appréciable, mais comment ça se fait que des maladies reviennent. Il existe un problème sérieux d'adéquation et d'affectation de ces ressources aux emplois qui eux peuvent améliorer la situation sanitaire de notre pays et remettre en cause les disparités régionales criantes. Avant de parler de la qualité, il faut parler de la disponibilité. Il ne s'agit pas de faire du soupoudrage.
-Cet investissement dans le développement humain a-t-il une incidence sur l'économie ?
C'est évident, ne serait-ce en termes d'absentéisme pour des raisons médicales. La santé des employés a une influence sur leur rentabilité. C'est difficilement mesurable mais possible. Il en est de même pour l'éducation, en termes de scolarisation, d'analphabétisation, la qualité des enseignants et de l'enseignement et du manuel scolaire, etc. Le taux de déperdition scolaire est un indicateur qui permet d'évaluer l'importance des ressources mises à disposition. Si on met tant pour scolariser tant d'Algériens dont la moitié disparaisse. Il est important que l'Etat mette des moyens financiers importants, mais ce n'est pas suffisant. La Banque mondiale a créé un département d'évaluation pour mesurer les résultats dans les pays où elle s'est investie. Elle a ainsi tiré des leçons. Il n'y a pas dévaluation en Algérie.
-Qu'en est-il de la croissance économique en Algérie ?
On revient à cette manne financière qui ne vient pas d'un effort de production et de productivité de notre économie, mais des prix des hydrocarbures sur le marché international fluctuants et temporaires. Pour rappel, en été ils étaient de 150 dollars et dans les mêmes conditions ils sont à 90 dollars. Cette manne doit être affectée, mais le problème est dans la cohérence entre les différents projets d'investissement, pour que l'un travaille pour l'autre. C'est le cas de l'autoroute sans désenclaver les villages. Le cas de la loi de finances complémentaire renseigne sur une incapacité à gérer et à anticiper sur une seule année, alors qu'elle était exceptionnelle. Il n'y a pas de vision prospective en Algérie.
Autre cas, la voiture algérienne, tous les 15 ans cette histoire est remise sur la table. Sur 50 ans d'indépendance, il y a eu la Mina 4 dans les années 1960, la Fatia dans les années 1980 et là, le ministre Temmar a encore parlé de cette voiture algérienne quand on voit que l'industrie automobile est en panne dans les autres pays, l'Algérie avec son petit marché rêve de faire sa voiture. Est-ce sérieux ?! Techniquement pour avoir une industrie automobile, il faudra produire minimum 250 000 véhicules par an. Est-il possible d'absorber ce nombre et d'en exporter ?!


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