-Sur facebook, une Tunisie parallèle Fatma Cherif, résidant à Paris, a souligné le rôle joué par les réseaux sociaux depuis deux ans, particulièrement facebook qui ont fédéré plus de 20 000 internautes et comment la mort de Bouazizi a été le déclencheur de cette nouvelle forme de lutte pacifique. «Une Tunisie parallèle» a existé sur Facebook qui a servi de canal d'expression à une parole étouffée. -«Une parole libérée est une parole qui propose» Comment construire cette parole qui «a servi de moteur» à la révolution tunisienne et qui est aujourd'hui «libérée», s'est interrogé Youcef Bensmaïl. «Il y a toujours eu deux paroles, celle du pouvoir, en arabe classique», si ce n'est dans son dernier discours où Ben Ali s'est efforcé de s'exprimer en dialectal, mais «c'était trop tard», souligne malicieusement le jeune homme. «Et celle du peuple». «C'était un dialogue de sourds».La parole du pouvoir a besoin aujourd'hui d'être «décomplexée». La parole du peuple, de la société civile doit «se construire». «Une parole libérée est une parole qui propose». Au-delà d'Internet, la parole physique doit émerger, d'où la question de l'espace. Où parler ? Dans les institutions ? Dans les médias ? Il va falloir aussi constituer des archives, faire des recherches sur cette Tunisie contemporaine sur laquelle les travaux manquent cruellement. «Avant d'apprendre la démocratie, il faut oublier la dictature», et l'orateur de noter que le métier de journaliste en Tunisie est à réinventer. Autant de chantiers ouverts. -Du rôle des femmes Fatma Cherif a précisé que les femmes ont été présentes depuis le début et que si la Tunisie est là où elle est aujourd'hui, c'est aussi grâce aux femmes. Fatma Cherif a toutefois noté que l'une des grandes faiblesses des deux gouvernements de transition, c'est le nombre modeste de femmes ministres, deux seulement. Les femmes ont manifesté la semaine dernière pour revendiquer l'égalité complète et le respect de leurs droits acquis, une manifestation que des éléments du parti Ennahdha ont vainement essayé de perturber.