L'été s'annonce chaud pour la wilaya de Souk Ahras vu le nombre des foyers de contestation et l'absence d'une soupape de sécurité fiable. Le dossier de l'habitat charrie des milliers de mécontents et risque de provoquer l'étincelle à partir du chef-lieu qui n'a pas connu d'attribution de logements depuis plus de six ans. Lors de la dernière visite du ministre de l'Habitat, le wali avait déclaré, en aparté, que la wilaya connaîtra une attribution de 6 000 unités avant 2012. L'information sera confortée par la déclaration du ministre qui avait promis à son tour la réalisation de 5000 unité/an pour Souk Ahras. Entre ces déclarations et le déséquilibre criard entre l'offre et la demande, rien n'augure le calme plat pour l'octroi de la première tranche des logements, prévue pour la fin du mois en cours. Tout le monde, à Souk Ahras, retient son souffle. Mohamed Boumessaâd, un quinquagénaire natif de la ville, en est l'exemple le plus édifiant. «Je vis à l'hôtel avec mon maigre revenu de retraité et tous les membres de ma famille sont dispersés», décrit-il, dépité, sa situation. Le dossier emploi, à l'origine de fortes émeutes le jour même de la désignation d'un nouveau directeur de l'Anem, repêché auprès du vieux parti, connaîtra avec la sortie des nouvelles promotions de l'université un autre rush. Ces derniers viendront former avec les recalés du système scolaire, les sans diplôme et les mécontents du secteur privé, une armée de desperados capables des pires «prouesses». En voici une: «Je suis capable de m'immoler autant de fois que ma situation de chômeur l'imposera», nous lance un jeune mécontent de la dernière ventilation des demandeurs dans le cadre de l'emploi de jeunes. Les élus communaux peinent à se réconcilier avec leurs populations et ce n'est ni à Aïn Zana, Oum-Laâdhayem, H'nencha, Zaârouria, Mechroha, M'daourouch, ni à Souk Ahras, qu'on osera parler performance en matière de gestion des affaires courantes. Les contestations qui avaient ébranlé ces communes, entre les mois de janvier et mars, n'ont toujours pas réussi à provoquer l'électrochoc chez les maires qui n'y voient qu'un passager nuage de printemps. Passés les émeutes, c'est la cour des comptes qui crée l'événement à Souk Ahras, et l'on doute fort que cette instance de contrôle financier techniquement fiable et référentielle dans ses rapports, puisse affronter seule la machine politicienne et les conventions qui ont encore la peau dure. Un précédent dans cette wilaya: le passage de l'IGF à l'OPOW lors d'un scandale avéré n'a fait que ragaillardir ses auteurs, sortis indemnes des poursuites judiciaires. Que le changement dans ces communes soit opéré administrativement ou par voie de justice, le citoyen lambda y tient même en fin de mandat. L'accalmie qui aura duré un mois est peut-être le silence qui précède la tempête. Une dizaine de communes ont connu des troubles lors du premier semestre de l'année 2011. A H'nencha, le siège de l'APC a été pris d'assaut et tous les services ont été paralysés durant dix jours. A Mechroha, la fermeture de la RN 16 est devenue coutumière. A Aïn Zana, le maire a été forcé par la population de quitter la commune. A Souk Ahras, les émeutes de l'emploi n'ont laissé aucune équivoque quant au malaise social qui persiste dans cette partie du pays que l'on sait placée par les tenants du vrai pouvoir sur une poudrière.