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Ces étrangers qu'on montre du doigt
Publié dans El Watan le 04 - 04 - 2012


Lyon.
De notre correspondant
La campagne sur le trop plein d'étrangers et sur une montée excessive de l'islamisation est menée depuis quelques semaines avec virulence par le parti au pouvoir UMP et par le Front national. Lorsqu'on montre du doigt les étrangers, on ferait mieux de regarder le doigt haineux qui veut les fustiger. En vue de l'élection présidentielle, il s'agit d'accaparer toutes les voix réactionnaires que le débat sur l'identité nationale en 2010, puis celui sur l'Islam non abouti, en 2011, avaient tenté de rameuter. Le mal est fait et, pour beaucoup d'électeurs de Nicolas Sarkozy, candidat dopé par la folle équipée macabre de Toulouse mettant en cause un islamiste radical, et de thuriféraires de Marine Le Pen, héritière de son père Jean-Marie, la mayonnaise a pris.
La candidate du Front national se sent même pousser des ailes, puisqu'elle a demandé vendredi dernier la dissolution de l'Union des organisations islamiques de France (UOIF) et l'interdiction de son congrès annuel du Bourget qui se tiendra ce mois d'avril. Pourtant, les données scientifiques, tant sur l'immigration que sur les sentiments paisibles des musulmans de France devraient tempérer les ardeurs xénophobes et racistes. Sauf qu'en matière politique, l'essentiel n'est pas de dire la vérité, hélas, mais de déstabiliser le corps électoral pour engranger les voix. Alors que disent les chiffres ? Un excellent entretien publié par le journal Le Monde*, le 24 mars dernier, rafraîchit la mémoire. François Héran, démographe et chercheur à l'Institut national d'études démographiques (INED), qu'il a dirigé de 1999 à 2009, rappelle des données fortes**. D'abord sur «l'influence de l'Islam fondamentaliste en France».
Pour lui, les résultats d'une enquête américaine, menée en 2006 dans les principaux pays européens, prouvent une intégration des musulmans en France. Avec notamment des pourcentages parlants : «Quant à dire de la nationalité ou de la religion ce qui les définit le mieux, 81% des musulmans britanniques choisissent la religion, pour 46% des Français, qui choisissent à 42% la nationalité. Un résultat éloigné des Français non musulmans : 83% s'identifient d'abord par leur nationalité. Mais c'est proche des Américains : 48% se définissent d'abord comme Américains, 42% comme chrétiens. Ces résultats ont frappé le Pew Center, qui a salué la qualité du modèle français d'intégration laïque qui prône la tolérance, à l'inverse des préjugés anglo-saxons». Le deuxième point concerne l'islamisation de la jeunesse… Une enquête TeO (Trajectoires et origines), de l'Ined et l'Insee, montre que «le sentiment d'appartenance à la nation progressait fortement chez les immigrés arrivés jeunes en France, et plus encore dans la seconde génération. S'ils éprouvent le sentiment d'appartenir à une minorité, ce n'est pas, dans leur immense majorité, par repli identitaire, mais parce qu'ils ressentent vivement le fait d'être désignés comme tels».
François Héran contredit les charges actuelles contre l'islam, présenté comme terreau du terrorisme : «Au XIXe siècle, l'argumentaire antirépublicain de l'Eglise catholique était d'une violence inouïe : la République laïque était le mal absolu, et la société moderne l'œuvre de Satan. L'interprétation actuelle consistant à rabattre l'Islam sur le fondamentalisme qui repose sur une lecture fondamentaliste des textes sacrés».
Enfin, sur le trop d'étrangers en France, là encore les hommes politiques surfent sur un mensonge. «Il n'existe aucun critère objectif permettant de définir le seuil du ‘‘trop d'étrangers''». La population de la France compte environ 5% d'étrangers. En Allemagne, c'est 9%, en Espagne 12%, au Luxembourg 43%. Où est le «trop», le «trop peu», le «juste ce qu'il faut» ? Même question si l'on considère l'ensemble des immigrés, y compris ceux qui sont devenus français : «Leur part en France avoisine 9%, contre 13% en Allemagne, 14% en Espagne ou aux Etats-Unis, 23% en Suisse.» Enfin, l'entretien fustige une phrase lancée comme un slogan par le ministre de l'Intérieur : «Les entrées légales de migrants non-européens : près de 200 000 par an, c'est la ville de Rennes.» François Héran met en perspective cette idée : «Il naît chaque année en France l'équivalent de Marseille, il meurt l'équivalent de Lyon, et le nombre annuel de nouveaux cas d'Alzheimer équivaut à la ville de Lille. Ces analogies n'ont aucun sens ; elles rendent impossibles les comparaisons.
En statistique, ce sont les proportions qui comptent.» Or, 180 000 personnes sur 64 millions d'habitants, c'est 0,3% de la population, un chiffre si faible que les démographes préfèrent l'exprimer en «pour mille» : cela fait 3,2 pour mille. D'où il faudrait décompter les sortants (les émigrations et les décès), qu'on estime entre un quart et un tiers. Et sur les 50 000 étudiants qui entrent chaque année, plus de la moitié repartiront en moins de dix ans. Enfin, sur le coût de l'immigration en France, le démographe compare ce qu'elle rapporte : «On peut aussi, comme l'ont fait des économistes de l'université de Lille en 2009, calculer le bilan fiscal des immigrés : les 5,3 millions d'immigrés ont reçu de l'Etat 47,9 milliards d'euros, mais reversé 60,3 milliards. Le solde est positif, parce que les immigrés sont en moyenne plus jeunes que le reste de la population.» «Faut voir comme on nous ment», fredonnait le chanteur Alain Souchon. Il était en avance de quelques années sur le mensonge instauré en programme politique. Maintenant, on nous mène en bateau, ceux sur lesquels certains souhaitent renvoyer les étrangers.
* Dans Le Monde, page Culture et idées, le samedi 24 mars 2012.
** François Héran est l'auteur du Parlons immigration en 30 questions, La Documentation française, Paris 2011, 96 p., 5,90 et de Le temps des immigrés : essai sur Le destin de la population française, Seuil, 2007.


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