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décoloniser la République et droit de mémoire
Publié dans El Watan le 14 - 07 - 2012

Dixit Jules Ferry à l'Assemblée nationale française de la 3e République. L'engagement colonial des républicains n'est ni un accident ni un cadeau fait au lobby colon, ou encore une concession à une armée désireuse de redorer un blason terni par la défaite de 1870. Nous partageons l'hypothèse que la colonisation a été intégrée par les républicains dans une démarche idéologique, réunissant l'ensemble des acteurs de la vie sociale et politique. Le projet colonial est associé aux valeurs essentielles des républicains : le progrès, l'égalité et la grandeur de la nation. Ainsi, la grandeur de la nation passe par l'expansion coloniale ; la propagande coloniale ne cesse ainsi de vanter les progrès économiques et techniques (infrastructures, modernisation de l'agriculture, industries, etc.), progrès sociaux (scolarisation en constante hausse, hygiène et santé publique, protection sociale) et institutionnels, matérialisant de façon constante la réalisation progressive de l'égalité. La propagande coloniale va ainsi déployer tous ses efforts vantant les lumières apportées aux «indigènes» grâce à l'accomplissement de la «mission civilisatrice» de la France. Mais qu'en est-il en réalité ?
Le système colonial et son caractère répressif
D'un point de vue factuel, tant sur le plan juridique qu'administratif, la colonisation se caractérisera par une cascade d'actes et de mesures toutes aussi répressives les unes que les autres. Une dialectique machiavélique est mise en place durant toute la colonisation : action militaire répressive suivie ou précédée d'un acte juridique pour la justifier ou l'expliquer. Cette démarche faisant croire à la possible juxtaposition de deux réalités : celle de la population européenne et celle des indigènes (au sens étymologique) et un traitement propre à chacune des populations : les Européens ayant un statut civil, les indigènes soumis à l'autorité de l'administration.
Dès 1845, la 2e République française a autorisé des mesures, telles que la création des «bureaux arabes», les opérations de cantonnement des tribus et le début de mise en place des douars-communes. Les opérations de cantonnement ont débuté en 1851 et se sont terminées avec l'application du sénatus-consulte de 1863 sur la propriété foncière, dont l'objectif était de récupérer des terres au profit de la colonisation en délimitant les surfaces appartenant à la tribu, d'où le nom de cantonnement ; la création de centres de colonisation pour les besoins des nouveaux colons et, enfin, le processus de privatisation des terres collectives, dont l'objectif est d'instaurer un marché foncier destiné à faciliter les transactions foncières au profit des populations européennes.
Cette méthode de gouvernement est contraire aux valeurs de la République ; les mesures se traduiront par des expropriations, des spoliations, des déplacements de population (et même des déportations) et surtout des assassinats sous toute forme et sans jugement : exécutions sommaires individuelles et collectives, décapitations et enfumades. Paraphrasant Jean Sprecher : «Avec la conquête coloniale, les fellahs, les pasteurs ne sont plus sur leurs terres, ils sont étrangers chez eux : ils vont se louer comme ouvriers, le plus souvent saisonniers, où l'on veut bien d'eux, et deviennent des immigrés dans leur propre pays ; d'autres passent la mer et deviennent des immigrés dans le pays qui les a colonisés.» (Extraits de A contre-courant). L'avènement de la 3e République verra la mise en place du Code de l'indigénat (1874) qui a duré autant qu'elle, c'est-à-dire jusqu'en 1945, qui consacra le «droit colonial».
Et la boucle est bouclée
Le Code de l'indigénat veillera à la dichotomie : population européenne et population indigène, la première sera française, ayant un statut civil, et l'autre sujet français, privé des droits et libertés démocratiques élémentaires et soumis, qui plus est, à des dispositions répressives et discriminatoires.Ce code se caractérise par une justice «indigène» expéditive : l'internement administratif, la responsabilité collective, pourtant contraire au principe de l'individualité des peines propres au droit pénal moderne, et le séquestre qui permit aux autorités coloniales de priver des centaines de milliers d'autochtones de leurs terres ainsi transférées aux colons et à des sociétés françaises.
Et des dispositions comme le travail forcé imposé aux populations «indigènes» tout au long de la 3e République, Avec la 4e République et sa nouvelle Constitution qui abroge le code de l'indigénat et affirme enfin l'égalité «devant les droits et les devoirs de tous les Français» de la colonie, ce qui devait entraîner l'«abrogation» des textes d'exception, tel ne fut pas le cas, puisque :
la loi électorale, avec le double collège ou on arrivait à ce que «1 200 000 Européens aient le même nombre de représentants que 9 millions de musulmans constitue une violation de principes démocratiques élémentaires ; les fraudes massives aux élections de 1948 et 1951 illustrent parfaitement l'abandon de l'ouverture promise. Les lois sur l'état d'urgence (avril 1955), les pouvoirs spéciaux (mars 1956) l'internement en métropole (juillet 1957), l'assignation à résidence et l'internement administratif sur le territoire métropolitain (octobre 1958).
Que sera la réaction des Algériens ? Résister avec les armes de 1830 à la fin de la Première Guerre mondiale, politiquement de 1920 à 1954 et de nouveau avec les armes de 1954 à 1962 De la résistance armée de la fin du XIXe siècle aux différentes luttes politiques du XXe siècle et leur échec relatif sous les coups de boutoir du colonialisme, s'est dégagée la nécessité de la lutte armée, comme seule solution pour l'indépendance et, la révolution comme seule moyen. La proclamation du FLN (Front de libération nationale) adressée au peuple algérien et aux militants de la cause algérienne et l'appel de l'ALN (Armée de libération nationale) ne s'adressant qu'aux seuls Algériens sont les documents fondamentaux de cette lutte.
La révolution comme seule réponse
L'étude sémantique des documents cités montre qu'à la lecture de la proclamation du FLN, qui s'adresse au peuple algérien et aux militants de la cause nationale, les termes mis en avant sont la nécessité de mener une action (4 fois), de libération (3 fois) contre le système colonial (4 fois), le caractère révolutionnaire (3 fois) de la lutte (6 fois). Dans l'appel de l'ALN qui ne s'adresse qu'aux Algériens seulement, il est important de le souligner, la révolution, c'est «la nécessité de l'emploi d'autres moyens de lutte», «reconquérir ta liberté au prix de ton sang», «serment sacré de tout sacrifier pour toi», «se désintéresser de la lutte est un crime» et «contrecarrer l'action est une trahison». Soit un engagement total, radical et fondamentalement révolutionnaire, auquel le peuple algérien répondra favorablement, comme l'ont montré la suite des événements. Le mot «guerre» ne figure dans aucune des 2 déclarations
Décoloniser la république et droit de mémoire : unique choix pour tous
Tout au long de l'expédition coloniale et de son épilogue (la guerre), la République (on devrait dire les Républiques : de la 2e à la 5e) a failli. Un discrédit certain s'est établi amoindrissant ses pensées et ses valeurs : une déconstruction de son discours est indispensable pour la décoloniser. De même, un travail sur la mémoire pour nous est à mener ; en s'appuyant sur les conquêtes du droit international acquises au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, notamment ceux sur le droit mémoriel. Vaste chantier.


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