«Tout va très vite, nous voyons bien que la vérité n'intéresse personne», proteste l'avocat de la défense Nikolaï Polozov en marge d'une audience au tribunal Khamovnitcheski de Moscou où le procureur a requis mardi trois ans de camp contre les jeunes femmes du groupe de punk rock. Jugées depuis fin juillet, assises dans une cage en verre, Nadejda Tolokonnikova, 22 ans, Ekaterina Samoutsevitch, 29 ans, et Maria Alekhina, 24 ans, ont été accusées de «hooliganisme» pour avoir chanté en février dans la cathédrale du Christ Sauveur à Moscou, encagoulées, avec guitares et sonorisation, une «prière punk» contre le président Vladimir Poutine. L'avocat, Nikolaï Polozov, compare les audiences du tribunal aux procès de l'ère stalinienne en référence à leur côté expéditif. La défense dénonce aussi le traitement réservé aux jeunes femmes épuisées par des débats qui se terminent souvent tard le soir, alors qu'elles sont réveillées tôt le matin dans leur cellule où elles sont en détention provisoire. Quand l'avocate de la défense Violetta Volkova demande de citer un expert comme témoin, la présidente du tribunal, Marina Syrova, balaie cette requête et l'accuse de perdre du temps. La juge refuse d'autres témoins cités par la défense, parmi lesquels l'avocat Alexeï Navalny, l'un des principaux opposants à Vladimir Poutine. Elle insiste en revanche sur la nécessité d'entendre des témoins de l'accusation, tel un membre de la jeunesse orthodoxe, Oleg Ougrik.