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Yacine Zaïd : l'homme qui fait si peur au pouvoir
Publié dans El Watan le 05 - 10 - 2012

Sur le papier, il sera poursuivi pour violence contre les forces de l'ordre. Mais dans la rue, personne n'est dupe. Si Yacine Zaïd, 41 ans, se retrouve en détention provisoire à Ouargla depuis mardi, c'est pour une toute autre raison. A Hassi Messaoud, où il a commencé ces premiers pas dans la lutte syndicale, Yacine s'apprêtait à créer un syndicat des travailleurs des entreprises de catering (traiteurs qui travaillent pour les grandes entreprises). «Yacine devait nous rejoindre dans l'après-midi pour lancer un syndicat afin de défendre nos intérêts», confie un travailleur de Hassi Messaoud rencontré à Ouargla. Dans cette ville, où la tension est perceptible, les forces de l'ordre ont déployé un dispositif particulier pour parer à d'éventuels débordements. Car dans les villes du Sud, le slogan «Nous sommes tous Yacine Zaïd» revient sur toutes les lèvres.
De Laghouat à Ouargla en passant par Ghardaïa, militants des droits de l'homme, syndicalistes et citoyens, tous remontés «contre cette arrestation arbitraire», ne comptent pas rester les bras croisés. «Yacine a toujours milité pour les causes justes, pour le droit des citoyens à une vie digne, pour la justice sociale. A nous de lui renvoyer la balle aujourd'hui», nous lance un militant de Ghardaïa. Dans le Sud, celui-ci est devenu une légende vivante des luttes syndicales et des droits de l'homme, grâce à son activisme sur le terrain et sur internet depuis des années. Pour les militants, cette mise en détention préventive par le parquet de Ouargla constitue «un coup dur pour nous, car en s'en prenant à lui, les autorités veulent casser l'élan que Yacine a créé pendant ces dernières années», explique Belkacem, un militant actif de Laghouat.
Embarras
En quoi Yacine Zaïd constitue-t-il une menace ? Tous ceux qui le connaissent sont formels : «Là où Yacine met les pieds, les autorités civiles et militaires ne connaissent plus le sommeil. Elles savent que s'il prend un mouvement en main, il mettra dans l'embarras les responsables locaux, car il sait médiatiser les mouvements, nouer des sympathies et provoquer les solidarités», assure un des siens. «Nous sommes comme des orphelins sans Yacine», nous confie d'ailleurs Tahar Belabbes, dauphin de la Coordination nationale des chômeurs et militant actif des droits de l'homme. Des années de luttes syndicales contre les majors du pétrole à Hassi Messaoud lui ont valu 32 poursuites judiciaires pour diffamation, destruction de biens d'autrui, appel à attroupement, appartenance à des groupes djihadistes, séparatistes… Yacine crée dans sa ville natale, Laghouat, la première structure pour la défense des droits des citoyens. «Il a toujours été à nos côtés et a su nous faire obtenir des droits», affirme Fatma, veuve âgée de 52 ans, mère de 5 enfants.
Au fil du temps, la population se tourne vers lui pour régler ses problèmes. «Il nous conseille sur la manière de se comporter avec les autorités et nous oriente vers les bons interlocuteurs», témoigne Toufik, responsable d'une association de quartier. Gênées par ce trublion à l'origine de nombreuses actions de protestation, les autorités locales, wali en tête, sont contraintes d'ouvrir le dialogue. «Nous avons réussi à faire plier les autorités, désormais obligées de nous écouter et de nous informer dans tout ce qu'elles entreprennent. Même si nous ne nous sommes pas tout à fait satisfaits de leurs discours et de leurs promesses, l'essentiel est qu'aujourd'hui, elles nous écoutent», relève Belabbès Beniche, président de l'association El Houda.
Mafia du foncier
En ouvrant ensuite une antenne locale de la Ligue pour la défense des droits de l'homme et un bureau pour le Snapap, le militant a pu canaliser les contestataires de tous bords. «Il a réussi à casser le mur du silence dans notre région et nous amener à affronter les autorités. Il dit toujours : ‘‘C'est votre droit et non pas un plaisir !''», raconte un jeune chômeur, militant de la Coordination nationale des chômeurs du Sud. Une organisation fondée aussi par Yacine Zaïd. «Les bureaux de l'Agence nationale de l'emploi et de l'Agence nationale de soutien à l'emploi des jeunes ont changé de stratégie de recrutement grâce à son combat, rappelle Tahar Belabbès. Aujourd'hui la majorité des recrutement se fait au niveau local par crainte d'un mouvement de contestation.» Lutte contre la corruption, détournement des deniers publics, Yacine s'en prend aussi à la mafia du foncier.
Un cauchemar pour les autorités civiles et militaires locales. Les tentatives des services pour le décrédibiliser n'y font rien. Personne ne croit à leurs traditionnelles attaques selon lesquelles Yacine serait «manipulé par des intérêts étrangers», tantôt «agent américain», tantôt «communiste», parfois «chiite», parfois «dangereux terroriste». «Il a révélé à l'opinion nationale, les agissements et les pratiques de certains responsables véreux, ce qui lui a valu une surveillance non-stop des services de sécurité», affirme le responsable d'une association locale. En militant expérimenté, Yacine a continué à tisser sa toile dans les wilayas du Sud. A chaque halte, il enseigne aux jeunes les fondements du travail militant.
Fédérateur
«Je l'ai rencontré pour la première fois lors d'un sit-in devant le bureau de main-d'œuvre, se souvient Hamadou Nassreddine, avocat stagiaire et militant des droits de l'homme de Metlili (Ghardaïa). Il n'a pas été tendre avec nous ! Il nous a conseillés de nous organiser autrement et de nous unir pour donner plus de poids à nos revendications. Il est resté avec nous environ quinze jours, nous a formés, et nous avons ainsi pu nous faire entendre par les autorités et la population.» Hichem, jeune chômeur militant des droits de l'homme, reconnaît aussi en lui un bon pédagogue. «Il nous a formés à l'organisation de manifestations, de la façon de communiquer jusqu'à la façon de se comporter avec les forces de l'ordre.»
Les militants qui le côtoient saluent son sens de la communication, son abnégation, son expérience et sa maîtrise de la situation face à la répression policière ou judiciaire. «Yacine est fédérateur. Son combat est dénué de toute couleur partisane ou idéologique. Il a compris que sans l'adhésion de toutes les couches de la société et de toutes les tendances politiques ou idéologiques, le combat militant n'aboutira à rien», témoigne même un salafiste de Laghouat impliqué dans le mouvement citoyen local. Sa grande force ? Sa capacité à rassembler autour d'une même table «des communistes, des salafistes, des démocrates et même des victimes du terrorisme en train de débattre, tous engagés dans le même combat», confie de son côté un membre du Mouvement démocratique et social. Bref, tout ce que le pouvoir ne réussit toujours pas à faire.


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