Jeudi soir, la salle Ibn Zeydoun de Riadh El Feth a été emportée et portée par un simoun, un vent de sable fleurant bon cette magique musique, le tindi, venant de l'Ahaggar et du Tassili N'Ajjer, dans la wilaya de Tamanrasset. Et pour cause ! Le public a été transporté dans un « trip » (tripes) au cœur qui bat la chamade et la mesure de l'imzad, cet instrument à cordes traditionnelles typiquement féminin. Un événement initié par le ministère de la Culture et sous les auspices, de Mme la ministre Khalida Toumi, présente ainsi que M.Bencheikh El Hocine Sami, Directeur Général de L'ONDA( Office national des droits d'auteurs). Du coup, le public n'a pas été déçu de ce « trip » enivrant présentant un précieux patrimoine déclinant une richesse musicale allant du tindi et ses dérivés le tindi ganga et jermani au tazamart ou taghanibt en passant par le jakmi (tazaanghareht), le aliwen ou encore le mahali. Et ce, par les doyens de la musique targuie, les vieux brisquards comme les « mamys qui font de la résistance, Biyat Edaber, 92 ans, Shtima Bouzad, 74 ans, Alamine Khawlen, 82 ans, Badi Lalla, 76 ans, Afarouag Takamant, 70 ans ou encore les poète Sony N'kedda, 74 ans, Adjla Mohammed, 75 ans et Brahim Belhir, 74 ans, s'étant produit à Rome, Paris, Barcelone…Ces légendes vivantes se sont vues recevoir des distinctions honorifiques saluant leur contribution agissante, ancestrale et patrimoniale issue de l'humus musical algérien dans toute sa dimension diverse et plurielle. Ils électrisent l'imzad La jeune formation de l'Imzad a montré et démontré qu'il faudra compter avec elle. Car attention talent ! Les membre de ce groupe, ce sont des « killers »(tueurs). Ils ont « bluesé » tout le monde. Ils excellent dans un blues-rock saharien. La preuve ! Leur riffs sont extirpés de quatre guitares électriques dont une basse. C'est dire de la puissance de leur tablature. En sus, un guitariste à surveiller de près. Billal, au toucher très John Lee Hooker. Donc, un son homéopathique( The Healer) ! Mouloudi Ahmed et Aghrib Ahmed( flûtistes ), les troupes Chaghli, Sbiba ont communié avec l'assistance « en transe ». De par une prestation chorale accompagnant la délicatesse et la magie de l'imzad (violon traditionnel féminin). La diva targuie, Badi Lalla, la star de la soirée, refusera de chanter assise. Elle chantera debout, malgré la patente du temps (76 ans). Ayant le rythme dans le sang, une voix d'or, elle donnera la chair de poule au public. Le spectacle sera bouclé par la troupe de l'Imzad à travers une chorégraphie( signée Karim Chaker) alliant l'authenticité targuie et une fraîcheur juvénile contemporaine très R'n'B. « Ce spectacle s'inscrit dans la série d'hommage rendus aux grandes régions d'Algérie par le ministère de la Culture » nous indiquera M. Karim Arib, Directeur de la culture de la wilaya de tamanrasset. M.Farid Ighil Ahriz , Directeur du CNRA( Le Centre national de recherche en archéologie) étayera : « A travers cet hommage à la musique targuie, c'est prendre conscience d'un précieux patrimoine ancestral. ».