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Les «années» Saïd
Publié dans El Watan le 29 - 07 - 2013

1958 d'Oujda à l'école des jésuites

Né à Oujda, l'épicentre du pouvoir. La ville de l'oriental marocain qui donna son nom à l'indécrottable «clan d'Oujda» – au pouvoir depuis un demi-siècle –, a accueilli les bras ouverts la révolution algérienne et son armée des frontières.
Saïd est le cadet de la fratrie Bouteflika (Abdelaziz, Abdelghani, Mustapha, Abderahim, Latifa ainsi que trois demi-sœurs : Fatima, Yamina et Aïcha) dont le père, Ahmed Bouteflika, commerçant de son état, est originaire des Beni Mrir (est de Ghazaouet), à Tlemcen. Fuyant la répression coloniale, Ahmed Bouteflika s'établira, vers 1930, à Oujda. Saïd est né l'année du décès de son père, qu'il ne connaîtra jamais. Naturellement, le regard de l'enfant se tourne vers l'aîné, Abdelaziz, de 20 ans plus âgé que lui et dont la carrière lovée au pouvoir et à la trajectoire incroyable vient d'être lancée.
En 1958, le colonel Boumediene, chef de la Wilaya V (Oranie) décide de faire de cet ambitieux officier de l'ALN, tout juste contrôleur de la Wilaya V, son secrétaire particulier à l'état-major. «L'écart d'âge, témoigne un des plus proches amis de Saïd, la disparition précoce du père, le prestige et le pouvoir du ‘‘grand frère'' font que Saïd Bouteflika a toujours cultivé une sorte de respect vénérable, de déférence quasi mystique.» «Une sorte d'écrasement, soumission totale devant la figure du grand frère, devant lequel on n'ose élever ni la voix ni les yeux.» A l'indépendance, Saïd Bouteflika a 5 ans. Celui qui sera son modèle est déjà ministre (de la Jeunesse) dans le premier gouvernement de l'Etat algérien restauré, un rouage important du pouvoir naissant.
Un pouvoir qu'il ne quittera qu'une fois, en 1978, pour mieux y revenir, en force, en 1999. Si le «grand frère» est un pur produit des zaouïas, la Qadiriya, – bac français en sus –, Saïd Bouteflika fréquentera l'école des jésuites d'El Biar, le pensionnat Saint-Joseph en l'occurrence, fondé par la congrégation des Frères des écoles chrétiennes.
Fait insolite : Saïd Boukharouba, le jeune frère du président Boumediene, fréquentera, à la même période, les bancs de Saint-Joseph. L'établissement, qui dispensait un enseignement religieux et un autre pour les autochtones, a été nationalisé en 1978.
L'arabisation forcenée du système d'enseignement (déjà à deux vitesses) avait déjà quelques années d'exercice.

1978 les «déchus» du pouvoir

Saïd Bouteflika avait tout juste 20 ans quand le grand frère, Abdelaziz, a été débarqué sans ménagement du pouvoir, disqualifié de la course à la succession au président Houari Boumediène. Nommé d'abord ministre d'Etat sans portefeuille en 1979, Bouteflika est progressivement écarté de la scène. Exclu du comité central du FLN, poursuivi par la Cour des comptes pour avoir puisé dans les caisses du ministère des Affaires étrangères, ses biens, dont sa villa de Sidi Fredj, ont failli être saisis. «Depuis, c'est le syndrome du persécuté chez les Bouteflika, témoigne un ami de la famille. Les Bouteflika, ajoute-t-il, savent très bien ce qu'ils les attend après 2014, ils ne voudront surtout pas revivre 1978, l'après-Boumediène, lorsque ils ont été débarqués du pouvoir, malmenés, dessaisis de leurs biens, poussés à l'exil, et à quémander presque des prises en charge aux amis et connaissances.» Des temps difficiles qui ont marqué au fer rouge Saïd Bouteflika, dont la promesse d'une jeunesse dorée, à l'ombre du capitalisme d'Etat et du socialisme spécifique, s'est révélée éphémère.

1996 syndicaliste CNES, le «militant de la gauche»

«L'esclave devient tyran dès qu'il le peut». Phrase célèbre de l'abolitionniste américaine, Elizabeth Harriet Beecher, convoquée par un haut cadre du ministère de l'Enseignement supérieur en guise «d'explication possible» à la transfiguration de Saïd Bouteflika. Affable, courtois, sans histoire, effacé presque, le personnage, tel que le décrivent certains de ses anciens collègues à l'université de Bab Ezzouar, tranche avec l'ogre peint par les fabulistes de l'appareil sécuritaire. «Une telle mutation est toutefois possible», observe un enseignant en mathématiques. «Mais ce Saïd-là n'est qu'une image. Celle justement que l'on voudrait qu'elle reste gravée dans le conscient collectif.»
«Saïd Bouteflika est devenu aujourd'hui une sorte de ‘‘bourourou'', renchérit un de ses anciens camarades du CNES : une créature fabriquée par les pouvoirs opaques pour mieux fausser toute lecture objective des rapports de pouvoir.»
«La vision cinéma du pouvoir, ajoute le syndicaliste, les fantasmes autour d'une supposée centralité du pouvoir de Saïd est une chose, la réalité centralisée du pouvoir, en est une autre. Celle-ci a beaucoup bougé. Il y a certainement des lieux de pouvoirs différents d'intérêt et d'influence, mais qui fonctionnent dans une sorte d'équilibre fragile qui n'oublie pas l'essentiel : domestiquer la société et ses élites pour empêcher l'expression organisée d'un contre-pouvoir social, qui est la principale subversion nuisible à ce complexe d'intérêts.»
De la gêne, de l'embarras et de la méfiance. Les anciens «collègues» de Saïd Bouteflika à l'USTHB, ses «camarades» du syndicat autonome du Conseil national des enseignants du supérieur (CNES), syndicat scindé en ailes, dont une est acquise à Saïd Bouteflika – ravalent leur salive, renâclent à convoquer le «parcours universitaire», de «militant de la gauche» ou témoigner du «moment syndical» du frère et conseiller du Président.
Université de Bab Ezzouar. Ilot de lucidité au beau milieu d'un océan de rumeurs toxiques
Porte-parole de la coordination des sections CNES, Kaddour Chouicha dit n'avoir connu le conseiller du Président qu'à travers sa «participation» en tant que syndicaliste du CNES, délégué de Bab Ezzouar (USTHB) à la grève de 1996 et au premier congrès du CNES en 1997. Membre du Conseil national du syndicat, Saïd Bouteflika n'était pas «parmi les plus en vue de l'USTHB, même s'il est vrai que le nom qu'il porte avait contribué à faire parler de lui».
Par «correction» ou par «crainte des représailles» de l'homme au bras long, surtout en cette université dirigée depuis une décade par le très proche ministre Harraoubia, nombre de «camarades» syndicalistes sollicités pour un témoignage avaient poliment décliné. Saïd, ingénieur polytechnicien, titulaire d'un doctorat de 3e cycle, intégrera, après un passage par une grande école à Lyon, l'Institut d'électronique de Bab Ezzouar comme enseignant avant de diriger le service scolarité. Un universitaire pur produit de l'université algérienne au palais El Mouradia, une «chance» ?
Hormis la «clique des douze apôtres», cette douzaine d'enseignants chercheurs de la faculté d'informatique qui a rejoint la présidence de la République, notamment, pour y concevoir son nouveau système informatique, la contribution de Saïd Bouteflika au monde universitaire est négligeable.
Saïd Bouteflika, de la macro ou de la microbiologie ? Généticien, syndicaliste ?
Farid Cherbal, enseignant chercheur en microbiologie à l'USTHB, fait honneur à son titre et à la plus grande université africaine de Bab Ezzouar. Ses travaux de recherche sur le cancer héréditaire du sein et de l'ovaire ont été présentés dans les plus grandes universités et laboratoires de recherche de part le monde. «C'est tout bonnement impossible. Impossible qu'un homme seul puisse être tenu pour responsable de tant de choses, réagit-il. Et si Saïd Bouteflika a pu faire tout ce dont on l'accable, c'est donc que le pays n'est ni un Etat ni ne dispose d'institutions à proprement parler.» Pour Cherbal, «la personne de Saïd Bouteflika ne devient importante que vu sous le prisme des blocs de pouvoirs, des blocs sociaux qu'il a pu potentiellement s'agréger».

1999 un Bouteflika en cache… d'autres !

Saïd Bouteflika serait-il un de ces «princes modernes» de Machiavel qui, «nés dans la tradition des hommes qui gouvernent, ont acquis presque automatiquement les caractères du politique réaliste, par tout l'ensemble de l'éducation qu'ils absorbent dans leur milieu familial, dans lequel prédominent les intérêts patrimoniaux et dynastiques ?». Trop d'honneur ? Saïd Bouteflika a 41 ans lorsque la «famille» a réinvesti le pouvoir. Une revanche sur le sort pour ces déclassés de la nomenklatura, jetés en pâture après la mort de Boumediène, en décembre 1978. Kaddour Chouicha, porte-parole de la coordination des sections CNES, se dit particulièrement marqué par cette «lueur de vengeance» qui lui dévorait les yeux. «Je me disais souvent, si le frère du Président est animé d'un pareil esprit de revanche, alors qu'en est-il du Président lui-même ?» Enseignant à l'université d'Oran, membre de la Ligue des droits de l'homme (LADDH) se rappelle d'un homme investi «à fond» dans l'entreprise de son frère parti à l'assaut du pouvoir. «Il avait essayé de vendre l'image de son frère (avant les élections de 1999) en jouant sur plusieurs registres, du genre : ‘‘Mon frère était avec Boumediène, mais il n'était pas d'accord avec lui, car il voulait plus de démocratie''». Il jouait parfois sur le régionalisme : «‘‘Nous les gens de l'Ouest, on a longtemps été écartés du pouvoir, il est temps que (…)''.» Comme il lui arrivait d'utiliser l'appartenance à l'élite universitaire pour dire qu'«il ‘‘est temps que les élites prennent leur place''». «Depuis le début et bien avant que son frère ne soit déclaré candidat, Saïd a pris part à la mise en place d'une stratégie d'implantation et de grignotage du pouvoir. Je me souviens de l'avoir entendu me dire que juste après l'intronisation de son frère, cinq nouveaux journaux seront créés et qui leur seront liés.» Chez les Bouteflika, le pouvoir est une «affaire de famille».
26 avril 1999. Passation de consignes à El Mouradia
Bouteflika porté au pouvoir, ce sont la «famille», le «clan», la «tribu» qui prennent leurs quartiers à la Présidence et dans tout l'organigramme de l'Etat. Certains membres de la tribu viennent aussi bien du village planétaire, des institutions financières internationales que des villes et douars de Tlemcen, Nédroma, Tanger, etc. Une douzaine de ministres sur 35 ; 26 walis sur 48 provenaient de la région. A quelques exceptions près, tous les membres de la famille ont été recrutés – comme conseiller ou chargé de mission à la Présidence –, associés directement ou indirectement au pouvoir et à ses «affaires». C'est ainsi que Abdelghani, le frère avocat, a été un des premiers conseils du groupe Khalifa, Abderrahim, dit Nacer, a été d'abord chef de cabinet du ministère du Travail et de la Sécurité sociale, puis son secrétaire général, jusqu'à aujourd'hui. Alors que Latifa (dentiste) et le défunt Mustapha Bouteflika (médecin) étaient chargés de mission à la Présidence. A la mère, Mansouriah Ghezlaoui, décédée la nuit du 5 juillet 2009, on prête une influence et un pouvoir incommensurables sur le président Bouteflika. Elle serait, d'après des indiscrétions, à l'origine de la nomination de Mohamed Rougab au poste de secrétaire particulier du Président. «La mère Bouteflika avait des atomes en commun avec ce jeune cadre de la Présidence chargé de régulariser le dossier de la villa des Bouteflika, auprès de la wilaya d'Alger. Les deux étaient férus de zaouïa. En 1999, elle a de suite pensé à le recommander à son fils président.» Hormis le cas du président Chadli Bendjedid, dont le frère et le fils avaient été impliqués dans les affaires ou associés à la gestion des affaires publiques, aucun autre président et chef d'Etat algérien ne peut se prévaloir d'un tel mélange des genres.

2005 à la «place» de Larbi Belkheir

26 août 2005. Le cardinal de Frenda, le général Larbi Belkheir choisit Le Monde pour annoncer son départ du pouvoir et la destination prochaine de sa retraite dorée : Rabat, en l'occurrence, où il y finira ses jours comme ambassadeur auprès de sa majesté. «Les uns prétendent que j'ai refusé mon poste. Les autres affirment que j'ai claqué la porte. D'autres encore me conseillent de ne pas quitter Alger, sous prétexte que je suis un élément de stabilité. La réalité est que Rabat est un poste sensible (…). Le Maroc est notre voisin et le restera. Nous sommes condamnés à nous entendre.» Le départ précipité de l'homme des réseaux, ancien officier de l'armée française, ministre de l'Intérieur lors de la victoire du FIS, directeur de cabinet du président Chadli, sonnait l'extinction progressive d'une génération de décideurs, dont celle des «généraux janviéristes».
Larbi Belkheir était écœuré de se voir «débarquer» par celui qui fut son protégé en 1994 et 1999, rapporte le journaliste H'mida Layachi. «Il était amer. Il savait déjà qu'il allait être une autre victime du pacte entre le président Bouteflika et le patron des services, le général Toufik. Les écarts de conduite de Saïd Bouteflika, ses entrées par effraction dans le pré carré de directeur de cabinet, des prérogatives bafouées et son courrier qui n'arrivait plus, ont fini par avoir raison de lui.»
2005. Le pavé d'El Mouradia enfin débarrassé du général Belkheir, Saïd Bouteflika jouera sur du velours. «L'ambition folle prêtée à Saïd de succéder à son frère président ne relève pas de la mystification», souligne le journaliste. Ce sont les révoltes arabes qui ont donné, d'après lui, un coup d'arrêt à ce projet de succession dynastique. Et la franche hostilité des «services» a achevé d'enterrer les «plans» de Saïd. «Autrement, celui-ci croyait fermement à sa bonne étoile. A ses soutiens politiques, dans le monde des affaires, des médias, dans la sphère économique, financière, au sein même de l'armée, parmi les jeunes loups qui voient en Saïd leur ticket gagnant, alors que de l'autre côté de la barrière, les vieux centres de pouvoir se désagrègent, condamnés par la biologie.»
Le «parti de Saïd»
Ardis. Grande surface adossée à la mer du pouvoir. Ghania Oukazi, journaliste inspirée du Quotidien d'Oran, «lointaine parente par alliance des Bouteflika», a été parmi les premières à avoir enquêté sur le «parti de Saïd Bouteflika». Elle publiera une série d'articles sur le sujet depuis mai 2009. ONG dans un premier temps, formation politique ensuite, le «projet RCN», le Rassemblement constitutionnel national, parti qui devait servir de tremplin et machine électorale pour Saïd Bouteflika, était dans l'air du temps depuis la maladie du président Bouteflika, en 2005. En décembre 2010, un parti dénommé RCN, d'origine non contrôlée, sera créé. Pour Oukazi, le projet de la création du «parti» n'avait rien d'un «canular politique». De folles ambitions travaillaient, selon la journaliste, le «cadet» de la présidence, prenant grand soin de paraître toujours comme le décideur véritable du palais (…)

2013 l'année des scandales

L'année 2013 a été pour le «système Saïd Bouteflika» celle de tous les scandales. Le nom du conseiller spécial du Président est associé à nombre d'affaires de corruption dans la passation de marchés publics. Des affaires révélées par les enquêteurs du DRS. Dans les affaires Sonatrach notamment, celle de l'autoroute Est-Ouest, des pans entiers du système de pillage des ressources nationales ont été mis au jour. Neuf mois séparent les Bouteflika de l'élection présidentielle d'avril 2014, dont l'issue et l'échéancier sont pris de bégaiement. «C'est une guerre de tranchées qui commence. Cela sera encore plus féroce qu'en 1965 ou en 1997», prédit cet ancien cadre de la Présidence. «Ni Bouteflika, ni les Saïd boys, ni les membres du conseil d'administration de l'Algérie, à savoir le DRS et une partie de l'état-major de l'armée, ne voudront quitter vivants le pouvoir. Car ils savent qu'une fois dehors, on leur sortira absolument tout, y compris les histoires de déluges et de tremblements de terre.» C'est une utopie, ajoute-t-il, que de croire que ces décideurs rentreront chez eux, écriront leurs mémoires ou animeront des conférences dans les universités. M'hammed Yazid disait que «le cabinet noir ne disparaitra qu'avec l'extinction physiologique du dernier de ses membres, à savoir le général Mohamed Médiene».

2014 paris ou dubaï ?

Où sera Saïd Bouteflika au lendemain de l'élection présidentielle d'avril 2014 ? «Je le vois plus à Paris qu'à Dubaï, (capitale des Emirats arabes unis), où les Bouteflika posséderaient des biens», répond cet ancien officier des services de renseignement. «Ils iront en France, vraisemblablement. L'épisode des Invalides confirme les affinités du clan pour l'ancienne puissance coloniale, où celui-ci jouit décidément de la protection nécessaire.»
«Tout ça n'est qu'une cabale, rétorque un des amis proches de Saïd Bouteflika, directeur d'un important établissement public. «Une cabale aux proportions parfois grotesques. Saïd est accusé de tout et de rien. Une montagne qui s'effondre, c'est lui ; un espace parking squatté, c'est Saïd qui convoitait le terrain pour y construire un immeuble. C'est insensé !» «Mais un jour, se plaît-il à croire, on se rendra bien à l'évidence que Saïd Bouteflika n'est rien d'autre que le frère et conseiller du président Bouteflika. Pas davantage. Qu'il ne s'est pas construit une fortune, ni villa ni château en Suisse.»


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