Le saxophoniste et compositeur français Sylvain Beuf n'est pas un grand adepte de l'improvisation contrairement à ce que peut suggérer son nom. « J'aime écrire de la musique plus réfléchie. Ce que j'ai joué ce soir, c'est l'aboutissement de plusieurs années de travail musical », a déclaré français Sylvain Beuf après un concert, dimanche soir, au 12 ème Festival international du jazz de Constantine, sous chapiteau à Zouaghi. Le saxophoniste, qui a déjà produit neuf albums, est venu avec l'Electric Quartet, composé notamment de l'illustre guitariste Manu Codjia. Manu Codjia a accompagné Sylvain Beuf pour son dernier album « Electric excentric » sorti en 2012. La musique de Sylvain Beuf est festive marquée par les couleurs de l'époque. La rtyhmique est au service d'une mélodie soignée et d'un jeu précis et élaboré. Le saxophoniste s'appuie sur sa solide formation classique et sur son expérience avec des musiciens tels que René Urteger, Richard Galliano, Aldo Romano et Gordon Beck. « Happy Daddy », le premier morceau joué, rappelle à l'artiste qu'il est père de deux enfants, musiciens comme lui, alors que « River song » est une ballade fraîche que seuls de bons jazzmen peuvent se permettre l'exécution. Le jazz parle-t-il français? « J'ai effectivement des titres en anglais. Le jazz est une musique difficile à commercialiser à l'étranger. L'anglais est une langue plus facile. Il est plus sympa de titrer « Happy daddy » en anglais qu'en français, « heureux papa » ! « , a-t-il noté. Pour ses compositions, Sylvain Beuf puise dans la tradition musicale africaine. « Il y a aussi du rock, de la pop…Récemment, nous avons fait un concert au Caire où nous avons été, comme ici, bien accueillis. La musique est un langage universel. On s'inscrit dans une musique qui absorbe l'énergie d'aujourd'hui. Je suis sorti de l'univers du puriste. Le jazz est une musique sophistiquée que peu de gens savent, après tout apprcier, car il existe un mode d'emploi qui est culturel », a-t-il souligné. Le trompettiste américain Miles Davis est l'une des références de Sylvain Beuf. Dans son jeu et ses mélodies, il y a également des « étincelles » qui rappellent le légendaire groupe américain du jazz-rock fusion Steps Ahead de Mike Mainieri. Sylvain Beuf, qui a décroché le prix Django Reinhardt du meilleur musicien français de l'année en 1993, prépare un nouvel album. « J'aimerais revenir à Alger, rester un mois par exemple, et faire un travail avec des musiciens traditionnels. Autrement dit, faire une belle rencontre musicale qui a du sens. S'il n'y a pas une rencontre humaine réelle, la World music reste un simple emballage », a soutenu le saxophoniste français. Faut-il parler de l'essouflement de la world music ? « Pour que l'aventure continue, il faut aller vers de nouvelles rencontres. Aujourd'hui, le monde ne va pas très bien. Il y a des problèmes partout. Durant ces périodes, les échanges deviennent plus compliqués, les gens voyagent moins. Il y a une sorte de peur généralisée. C'est là où la musique doit jouer son rôle… », a plaidé Sylvain Beuf.