Cette missive, qui intervient, selon le collectif, en réaction aux déclarations du ministre sur l'intention du gouvernement de «faire d'Air Algérie une compagnie régionale forte» et de «donner la priorité de l'emploi dans ses agences à l'étranger à la communauté algérienne», vient de jeter un pavé dans la mare. Le CCTA a, en effet, élaboré une longue liste d'enfants et proches de hauts dignitaires du régime recrutés par Air Algérie pour les besoins de ses agences, en France notamment. Le collectif évoque d'abord la désignation du frère du président Bouteflika, Abdelghani, comme conseiller juridique de la compagnie, et de la belle-sœur de son frère cadet, Saïd, qui serait recrutée dans une agence à Paris. La femme de l'actuel ministre de l'Industrie et des Mines, Abdessalem Bouchouareb, ajoute le CCTA, a été embauchée à l'agence Air Algérie de l'aéroport d'Orly. Le collectif cite également les filles du ministre de l'Intérieur, Tayeb Belaïz et du président du Sénat, Abdelkader Bensalah, employées respectivement au niveau des agences Air Algérie à Toulouse et à Paris. Le CCTA interpelle également Amar Ghoul, dont le frère est à l'agence d'Air Algérie de Chlef. Selon le même document, un parent du PDG de la compagnie, Mohamed Salah Boultif, occupe le poste de chef du bureau d'Air Algérie à Lille ; le fils du premier responsable de la Fédération algérienne de football (FAF), Mohamed Raouraoua, est dans une agence d'une ville de l'Ouest ; le fils de l'ancien ministre Bouguerra Soltani est directeur d'une des agences de la compagnie à Alger ; le fils de Saïda Benhabylès, présidente du Croissant-Rouge algérien (CRA) est directeur du bureau d'Air Algérie à Londres. Toujours à l'étranger, le fils du député FLN (France) Djamel Bouras s'est fait recruter dans une agence à Lille ainsi que le frère du secrétaire général de l'UGTA, Abdelmadjid Sidi Saïd. Le document du CCTA cite aussi le frère du président du Syndicat des magistrats, Djamel Aïdouni, employé dans une agence d'Air Algérie à Tlemcen. En publiant cette liste, le collectif demande à Amar Ghoul d'infirmer ou de confirmer «ces emplois dorés» dont ont bénéficié «les privilégiés du système». «Nous demandons au ministre des Transports de publier la liste des employés d'Air Algérie et leurs salaires s'il veut réellement démentir les noms figurants sur cette liste», lance le collectif, en adressant une série de questions au ministre des Transports : «Comment allez-vous agir pour réduire l'effectif de la compagnie que vous jugez pléthorique ? Comment allez-vous congédier les enfants de personnalités influentes du régime ? Allez-vous les licencier, à commencer par votre frère ?» Ce faisant, le CCTA, qui dénonce l'extrême cherté du billet d'avion Paris-Alger en comparaison avec d'autres lignes au Maghreb et dans le monde, réclame notamment l'ouverture du marché du transport aérien au privé algérien pour faire baisser les prix.