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VOYAGE AU CŒUR DE L'AMERIQUE DU SUD : Taridja et la fin du Golpismo
Publié dans El Watan le 15 - 02 - 2015

Un peu plus loin, un rassemblement de solidarité avec les 23 étudiants disparus de Mexique(1), tués par des narcotrafiquants alliés à l'oligarchie politique locale. Tarija, ville du Sud, mi-agitée mi-somnolente et collée à la frontière argentine, se pare de slogans peints sur les murs : «Todos somos Evo», référence à Evo Moralès, l'Indien Aymara qui vient d'être réélu Président en octobre : nous sommes tous des Evo (Charlie est un peu en retard), ce qui est le cas de le dire.
La Bolivie est officiellement peuplée de 62% d'Andins, c'est de fait le pays le plus indigène du continent, des experts allant même jusqu'à parler de 80% d'Andins dans le pays. Les slogans vont même plus loin en cet été de décembre dans l'hémisphère Sud : «Syrie et Bolivie contre les USA jusqu'à la mort». Tarija a basculé, soutient Evo après l'avoir conspué, elle-même conspuée pour sa réputation mascaréenne, les Boliviens aimant à raconter des blagues sur les frustes Tarijenos.
On connait Evo Ayma Moralès, le président-footballeur, on connait moins son vice-Président, Alvaro Linera, tête pensante du régime et éminence grise de l'Evismo. Il n'est pas Aymara comme Moralès, mais blanc, bien blanc, sec et réservé, tout le contraire du Président. Rencontré à Tarija lors d'une tournée, il se défend d'un pachamamisme centralisateur sur le modèle marxiste, voire guévariste : «Jamais nous n'avons pensé à une économie pleinement étatiste, car cela ne fonctionne pas. Il faut étatiser les petits centres générateurs d'argent, mais il y a une infinité d'activités dans le secteur privé qui doit se développer et se diversifier.»
C'est ainsi que Tarija se développe rapidement, ville de taille moyenne coupée en deux par l'avenue Jaime Paz Zamora.
Que j'emprunte pour aller voir justement l'ex-président bolivien Jaime Paz Zamora, la plus grande artère de Tarija lui ayant été attribuée de son vivant.
Au nord de la ville, San Lorenzo et sa Casa de Libertadores (la maison des libérateurs) et ses anciens maquis de résistants dans cette région qui a été au cœur de la lutte contre le colonisateur espagnol. Puis une grande et belle hacienda comme sortie d'un film du XIXe siècle. Dans l'immense jardin, un groupe de jeunes filles et garçons qui ne sont pas d'ici traverse la propriété non clôturée. «Je les laisse passer, explique l'ex-président Zamora, 74 ans et bien debout, la nature est si belle par ici.»
Génération démocratique
C'est ici que naît la source du Guadalquivir, l'immense fleuve qui descend toute l'Amérique du Sud jusqu'au Mar del Plata à Buenos Aires pour se jeter dans l'Atlantique. Président de la Bolivie du 6 août 1989 au 6 août 1993 très précisément, Jaime Paz Zamora explique tout de suite le contexte : «C'était la tendance en vogue en Amérique du Sud jusqu'aux années 1980, dictatures, coups d'Etat et fraudes électorales massives.» Depuis, de l'eau a coulé sous les ponts comme il le rappelle : «Depuis son indépendance en 1825, la Bolivie a connu pas moins de 128 coups d'Etat.» Record mondial, mais Zamora est fier d'avoir été à la base de la génération démocratique et de «la fin du golpismo», néologisme construit à partir de golpe, coup d'état en espagnol, golpismo pouvant se traduire par «coup d'étatisme».
En s'alliant avec le général dictateur Banzer qui l'avait d'ailleurs jeté en prison, Zamora, par cette entente décrite alors comme celle de «la carpe et du lapin», va quand même réussir à convaincre l'oligarchie militaire de jouer le jeu de la démocratie et devenir le premier président démocrate. «Les Boliviens se sont aperçus qu'ils vivaient mieux en démocratie et, pour moi, c'est irréversible», ajoutant quand même que «la démocratie n'est qu'un processus et il reste imparfait à ce titre, la santé et l'éducation étant essentiels».
Mais, fait-il remarquer en riant, «les USA ont mis 150 ans de démocratie pour élire un Noir, en Bolivie, il ne nous a fallu que 25 ans pour mettre un Indien à la tête du pays», référence à Moralès, avec lequel il n'est pas très tendre. Gauchiste puis social démocrate au sein du MIR, Zamora était à la tête de ce parti qui allait recruter Evo Moralès comme député et le pousser vers la Présidence et l'incroyable destin de cet Indien.
«L'evismo (autre néologisme tiré de Evo Moralès) est un ensemble de bonnes et mauvaises choses», précisant son propos en décrivant le président bolivien comme un homme à trois armes : «Une tête (référence à son ethnie), de l'argent (les hydrocarbures) et sa redoutable animalité politique», fustigeant à peine «ce socialisme de parole en Bolivie d'aujourd'hui, où jamais le capitalisme n'a été en meilleure santé».
Le président Zamora se lève, expliquant qu'il doit prendre un avion pour le Paraguay. Le temps d'une dernière question sur la démocratisation difficile en Afrique et dans le Monde arabe. Pour lui, «c'est complexe mais déjà, la foi et la religion doivent être écartés du champ politique».
Si, Zamora est allé une fois en Algérie, à Tindouf, invité pour l'anniversaire de la RASD dans les territoires occupés. Pas la peine d'expliquer que la RASD n'est pas l'Algérie et la Bolivie n'est pas le Maroc ni le Paraguay d'ailleurs, seul pays de la région resté encore dans l'autocratie.
Plutôt aller voir Amane, de mère algérienne et de père japonais, qui fait du vin méditerranéen à quelques kilomètres de là, comme les Chiliens et Argentins qui ont mis à leur profit le doux climat pour faire des vins réputés dans le monde. La Bolivie démocratique n'y est pas encore, mais Amane, dont le prénom signifie triplement «eau» en kabyle, «sécurité» en arabe et «univers» en japonais, si.
1). http://www.courrierinternational.com/article/2014/11/11/le-voyage-vers-l-enfer-des-etudiants-disparus


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