Rendez-vous était donné à la salle Tanna Schulich, de la McGill University, pour une soirée musicale intime avec ce prodige d'Oran. Au programme, plusieurs créations de son premier album, Celestial, sorti en 2013 et une exclusivité du prochain, Peace, duquel il a choisi une pièce qu'il jouait pour la première fois au Canada. Fin pédagogue, Zaki Allal racontait au public présent l'histoire ou le vécu qui lui a inspiré chaque pièce qu'il allait interpréter. «L'idée derrière est née de mes observations en Algérie ou ailleurs. Parfois, les gens ont besoin de connaître l'état d'esprit du compositeur lorsqu'il a créé sa pièce pour la saisir et la comprendre. Et c'est aussi une façon de démocratiser le piano et de partager avec le public», nous explique-t-il à la fin de son récital. De formation classique, il a préféré jouer ses propres compositions, car «il n'y a pas plus personnel que plus intime. C'est comme de la poésie», ajoute celui qui définit sa musique comme étant «contemporaine new age, minimaliste et classique». Les mélomanes et même les cinéphiles, pour les musiques de films, trouveront des parallèles avec le style minimaliste de l'Italien Ludovico Einaudi italien, le Francais Yann Tiersen ou l'Américain Philip Glass. La première partie du récital, en solo, Zaki Allal l'a entamée par Alhambara. Une pièce au timbre mystérieux composée lors de sa première visite à Grande, où il a été émerveillé par ce monument, témoin de la présence islamique en Espagne. La pièce The Explorer (L'Explorateur) est inspirée par une expérience du compositeur à un moment où l'inspiration n'était pas au rendez-vous. Elle rend toute la frustration que ceci engendre. Paradoxalement, Zaki Allal en fait une source d'inspiration. Intelligent. Le public le lui a bien exprimé par une salve d'applaudissements. Il a poursuivi par Odyssey if life, née dans une salle d'embarquement d'un aéroport. Un jeune homme accompagnait sa grand-mère qui rentrait seule au pays et qu'il ne verrait peut-être plus jamais. Le pianiste de 27 ans a capté toute l'émotion de cette séparation qui commence par un profond sentiment d'injustice face à la destinée et qui finit par la résilience. D'autres pièces berceront les présents le long de cette soirée chaude et pluvieuse de Montréal. Ainsi, la routine d'un gardien de phare en Méditerranée et le mouvement rotatoire de sa lumière ont donné naissance à la pièce Light House. D'un voyage au nord de la Suède où il vit pour la première fois une aurore boréale, il compose Aurore aux notes qui transposent les couleurs et les mouvements sinueux. Suivront d'autres pièces de son premier album avant d'inviter sur scène la violoniste québécoise Sarah-Judith Hinse-Paré pour la deuxième partie de la soirée en duo. Le public ravi le rappelle à la fin du récital. Une demande qu'il ne refusera pas. «Tous les revenus de la soirée iront à la Fondation Rêves d'enfants (Canada, Ndlr)», explique Tina Sebti, à la tête d'Euphoria Créations qui a organisé la soirée. En 2013, lors de son passage au Carnegie Hall, les bénéfices sont allés à la Comedy Cures Foundation.
