La capitale accuse un retard considérable dans la prise en charge des handicapés. En dépit des évolutions urbanistiques, à savoir les nouvelles constructions modernes réalisées par les pouvoirs publics, force est de constater que peu de moyens visant à faciliter le quotidien de cette frange de la société sont mis à leur disposition. Cette question est remise au quotidien sur le tapis, mais les choses évoluent à pas de fourmi. Il en résulte que le quotidien de ces handicapés est jalonné d'obstacles et de souffrances. «Nous sommes visibles aux yeux de tous seulement le 14 mars, journée consacrée aux handicapés et on nous tue à petit feu les autres jours de l'année», lance un handicapé. «C'est devenu presque un rituel de mauvais goût», ajoute-t-il. Il est à constater, chaque jour que Dieu fait, que ces citoyens «peu gâtés par la nature» subissent des souffrances des plus ardues lors de leurs déplacements en raison de l'inaccessibilité de certains lieus. Une virée dans les artères de la capitale renseigne sur le problème. En dehors de quelques nouveaux sièges d'institutions, ces personnes à la motricité limitée éprouvent toutes les peines du monde à accéder d'un trottoir à un autre faute de trouver de plans inclinés. Ils éprouvent des difficultés à accéder au bureau de poste ou à la mairie sans l'aide d'une main bienveillante. L'accès aux transports publics est encore plus compliqué. Une autre source de mécontentement mise à l'index par les associations de handicapés et les personnes concernées, est relative aux pensions. Droits bafoués Pour les personnes à capacité réduite, cette situation est perçue comme une marginalisation à la limite de la discrimination dans tous les aspects de leur vie, ce qui restreint leur existence dans la société. Pourtant, un décret exécutif (n°06-455 du 11 décembre 2006) fixe les modalités d'accessibilité à l'environnement physique, social, économique et culturel. Mais sur le terrain, le constat reste frustrant. Il est rare, en effet, que des aménagements soient prévus pour faciliter le déplacement des personnes handicapées. Pour la Féderation algérienne des personnes handicapées (FAPH), très peu de choses sont réalisées, en dépit de la ratification de la convention internationale signée en 2009. «Il faut des adaptations spéciales pour les handicapés, qui relèvent de l'accessibilité de l'environnement», nous a confié Mme El Mamri Atika, présidente de la FAPH. «Il faut un plan d'action concret tout en fixant des échéances pour la démarche», a-t-elle ajouté, tout en préconisant que le problème soit au centre des débats au niveau du gouvernement. Dans un passé récent, les autorités ont inauguré des quartiers dédiés aux handicapés menant d'Addis Abéba jusqu'à El Kettani (Bab El Oued). Une action qui n'a pas été suivie et a été aussitôt «mise aux oubliettes», une démarche vivement critiquée par le collectif des handicapés. Si des initiatives ont été engagées dans certains établissements afin de venir à bout du problème (APC d'Alger-Centre, Algérie Poste ou stations de bus Etusa), d'autres structures continuent de négliger cette frange vulnérable de la société. Pour la présidente du FAPH, qui n'y va pas avec le dos de la cuillère, «il est impérieux de respecter et de créer la chaîne de déplacement des handicapés, à savoir équiper tous les moyens de transport et les structures qui leur sont dédiées, remettre à niveau les administrations, les rues et l'équipement public, car il y va du droit de ces personnes et de leur mobilité». En somme, il faut se rappeler qu'un handicapé lutte chaque jour contre son mal et sa condition pour se mouvoir dans la capitale. Il est donc impérieux d'élaborer une politique d'adaptation de cette catégorie de citoyens au modèle social qui ne relève pas de la faveur, car cela demeure une obligation inhérente au rôle des institutions de l'Etat.