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Visions du SILA
Publié dans El Watan le 07 - 11 - 2015


Azzedine Guerfi, éditeur (Chihab)
«Avant toute chose, j'aimerais dire que le SILA est devenu aujourd'hui une grande et belle manifestation culturelle et vous avez raison, il faut penser à son avenir et l'améliorer. Il faut notamment recentrer le salon sur sa première vocation, soit être un salon d'éditeurs qui exposent. Aujourd'hui, il y a un patchwork avec des distributeurs et des regroupeurs qui disposent de stands sous le couvert d'un registre du commerce d'éditeur avec lequel ils ont édité quelques livres qui leur permettent d'en distribuer d'autres qu'ils n'ont pas édités. La preuve est qu'on retrouve chez eux des livres édités par d'autres. Si le SILA est un salon du livre comme le stipule son règlement, comment un livre peut se retrouver exposé dans plusieurs stands ? Il y a urgence à considérer cet aspect des choses, car tous les salons du livre du monde arabe ont fini par être clochardisés par cette pratique.
On l'a vu avec le Salon du Caire qui avait commencé avec un haut niveau, avec ceux de Tunis et Casablanca qui suivent cette pente. Nous avons une chance extraordinaire d'avoir un salon du livre qui reste l'un des plus importants du monde arabe et de l'Afrique, voire de la Méditerranée.
Il s'est maintenu jusque-là dans un certain standing professionnel et culturel et nous devons donc le préserver de cette tendance qui débouche vite sur la braderie, les livres posés en vrac sur le sol, etc. Il faut le protéger et développer davantage l'aspect professionnel. Le SILA est devenu une grosse machine et il est bien difficile de le gérer, ce qui me permet de rendre hommage à l'équipe qui le fait. Il faudra penser à une structure permanente de soutien de cette équipe.
Il faut être aussi regardant sur les remises consenties. C'est bien d'en faire pour les lecteurs et lectrices, mais on doit veiller aussi à ne pas tuer les librairies. Pour l'avenir, je pense que nous pouvons conserver le côté populaire du SILA tout en capitalisant l'extraordinaire engouement des Algériens afin qu'ils aillent en librairie et acquièrent des livres toute l'année et dans toute l'Algérie. Le réseau des librairies est encore limité, mais la loi sur le livre qui a été adoptée va permettre, je pense, d'organiser et de réguler le marché. La librairie va devenir une activité rentable commercialement et culturellement et les opérateurs économiques vont sûrement y investir.»
Karim Chikh, éditeur (APIC)
«Je pense qu'à l'avenir, si le marché du livre se développe et s'améliore dans l'ensemble du pays et de manière permanente, la demande d'achat de livres au SILA sera amenée naturellement à baisser. On aura alors peut-être moins d'exposants, mais il intéressera les vrais éditeurs désireux de faire connaître leurs nouvelles publications. C'est bien d'avoir beaucoup d'exposants, mais dans un salon du livre il n'y a pas que la quantité. C'est un événement culturel qui vaut d'abord par la qualité. Je suis pour un salon du livre professionnel avec des échanges entre opérateurs du livre et entre auteurs.
Et cela n'est pas incompatible avec le caractère populaire d'une telle manifestation. Au contraire, je pense que les lecteurs et lectrices ont évolué et ils ont des besoins nouveaux, des exigences de qualité des ouvrages, d'information éditoriale, de conseils et d'accueil. Quand on voit certains stands qui entassent les livres par terre, ne font aucun effort de décoration et où il n'y a personne pour recevoir le public, l'écouter et le conseiller, et seulement de jeunes vendeurs et vendeuses qui ignorent ce que les livres contiennent, cela offense le livre et le lecteur. Alors oui, je dis qu'il faut être professionnel pour être populaire.»
Sid Ali Sakhri, libraire (Omega)
«Avant, on faisait la distinction entre l'espace professionnel et l'espace commercial. Il y a le côté éditorial et le côté commercial qui s'apparente à une grande librairie. Je pense que le salon est arrivé à maturité et qu'on doit revenir à cette distinction claire. Par ailleurs, cette foule qu'on voit à chaque édition est extraordinaire (j'aimerais la voir quotidiennement en librairie). On quantifie plus ou moins ce formidable public du SILA, mais on ne sait pas quel ouvrage il achète, les classes sociales, la provenance géographique… Faire cette étude serait vraiment profitable pour tous. Ce qu'on peut déjà dire, c'est que le public ne cherche pas que les ouvrages algériens. Il y a une ouverture d'esprit, notamment grâce à internet, et les professionnels doivent répondre à cette demande. C'est tout le volet de l'achat de droits et de la traduction qui doit être développé.»
Saïd Yassine Hannachi, éditeur (Média-plus)
«Le Sila est incontestablement le rendez-vous livresque le plus important en Algérie. Le nombre croissant de visiteurs prouve, si besoin, l'intérêt accordé à cette manifestation annuelle. Si les lecteurs affluent des quatre coins du pays, c'est certainement pour acquérir les ouvrages qu'ils n'ont pas à longueur d'année chez leurs libraires respectifs. Le livre se diffuse mal et particulièrement celui importé. Le juteux marché institutionnel entrave la diffusion classique. De l'avis de nombreux visiteurs rencontrés sur les lieux, le volet commercial prend toujours le dessus sur l'animation culturelle.
Pour l'avenir du SILA, à mon humble avis, une grande réflexion s'impose. Il faut revoir certains aspects organisationnels. Le salon annonce-t-il une vraie rentrée littéraire ? Cette question se pose avec acuité à chaque approche du Sila. Combien de romans ont été publiés en Algérie ? Je préfère ne pas comparer pour ne pas tomber dans la facilité. Alors, s'agit-il d'une ouverture de saison éditoriale ou de rentrée littéraire ? La question de la représentativité des éditions dans les stands doit aussi être traitée. Bon nombre de maisons d'édition étrangères ou groupes sont représentés par des importateurs ou des responsables export. Mais les éditeurs sont absents. L'Algérie est-elle juste un marché ? Enfin, il est grand temps de revoir l'organisation des manifestations livresques en Algérie. Un éditeur ne peut pas être juge et partie.»
Sofiane Hadjadj, éditeur (Barzakh)
«L'idée qu'on défend pour ce salon, qui est un vrai succès populaire, est de ne pas le considérer comme l'arbre qui cache la forêt. Il y a une réelle pauvreté du réseau de distribution. On ne peut pas se gargariser d'avoir un million et demi de visiteurs au SILA et fonctionner avec cinquante librairies dans le reste de l'Algérie. Ce salon fonctionne parce qu'il est international. Beaucoup de salons nationaux à travers le territoire n'ont pas le même succès. Le public veut aller à la découverte de livres étrangers, en arabe ou en français, et aussi nationaux. Pour l'avenir, l'idée pertinente est d'organiser des salons internationaux à l'ouest, à l'est et au sud du pays. Ce n'est pas normal que des gens aient à venir en fourgon de Chlef, Tizi Ouzou, Médéa, Bouira ou Sétif… Il faut se rapprocher du lecteur dans un premier temps. Le lecteur algérien a changé durant ces vingt dernières années. La jeune génération ne va pas en librairie. On attend le SILA pour faire ses emplettes. Je ne dénigre pas cela, mais ce n'est pas normal. Donc, à mon sens, il faut commencer par diversifier les salons.
A terme, il faut solutionner le problème de la distribution qui ne sera pas réglé par des salons du livre. Toutefois, le SILA a vocation à rester un salon commercial orienté vers le public. Il y a un seul exemple de salon professionnel dans le monde qui est celui Francfort, mais ce modèle n'existe pas ailleurs. La plupart des salons (Madrid, Casablanca, Beyrouth, Paris…) sont des événements où on vend des livres, on rencontre le public et organise des animations littéraires. Le point noir du SILA reste les animations littéraires qui ne drainent pas le public. La qualité des interventions n'est pas en cause. La programmation est très bonne, mais elle n'est pas pensée selon les habitudes des visiteurs. Certaines rencontres avec des intervenants de grande qualité ont même été annulées faute de public. Ce volet doit être réduit et repensé. Le SILA est un salon commercial, populaire, pas un salon d'animation. S'il fallait prendre un modèle, on pourrait penser au salon de Guadalajara (Mexique) qui est l'un des plus fréquentés au monde, ou le salon de Buenos aires qui dure près de trois semaines. C'est de ce type de salons populaires qu'il faut s'inspirer pour faire évoluer le SILA.»


Bachir Mefti, écrivain et éditeur (El Ikhtilef)
«L'affluence au Salon est le reflet de la difficulté à se procurer le livre au quotidien. Tant que ce problème de disponibilité du livre n'est pas réglé, le SILA restera avant tout une occasion pour acheter des livres, particulièrement les livres importés. Qu'on le veuille ou non, en matière de livres, il n'y a pas de national et d'étranger. Le livre, c'est du savoir et le savoir est universel. Je suis triste de voir tous ces livres repartir dans leurs pays à la fin du SILA. J'aimerais qu'ils restent dans nos librairies, qu'ils soient disponibles toute l'année. Pour le moment, le SILA est une sorte de grand «bazar» du livre.
Ce n'est pas une mauvaise chose. C'est à l'image du paysage économique du pays. On n'est pas dans une économie organisée. Je ne parle pas que du livre. Le livre est le maillon le plus faible de l'économie, mais vu les restrictions qu'on impose, on dirait que c'est le plus important : interdiction de vendre en gros, taxes, difficultés dans les douanes… Les taxes sur l'importation du livre sont plus élevées que celles sur l'importation de la banane.
Des questions se posent… Veut-on que le peuple lise et se cultive ? On ne doit pas fuir la réalité. D'ailleurs, les rencontres et débats du SILA devraient toucher aux problèmes concrets, comme le piratage du livre sur internet, le livre scolaire… De plus, ces rencontres devraient privilégier les auteurs qui ont des nouveautés à proposer afin de coller à l'actualité. Quand le lecteur vient acheter un nouveau livre, il aimerait revoir l'auteur dans les débats. Cela donnerait plus de visibilité aux nouvelles parutions.»
Mohamed Iguerb, membre du comité du SILA
«Le SILA a atteint une telle envergure qu'il ne peut plus être organisé de la même manière, c'est-à-dire avec un comité ad hoc. Il est temps d'envisager une structure permanente dotée des moyens et cadres nécessaires. Il est aussi temps d'avoir une grande structure compacte où tous les éditeurs pourraient trouver place.
Tous les éditeurs veulent être au pavillon central. Cet espace, ce sont 7000 m2. Or, nos besoins dépassent les 20 000 m2 ! Actuellement, les pavillons sont éloignés les uns des autres, ce qui complique la circulation d‘un espace à un autre. Le site du palais des Expositions est parfait, mais il doit être réaménagé également pour faciliter l'accès automobile et par les transports en commun. On a un flux de visiteurs énorme et il faut s'atteler à le gérer au mieux. Le SILA est d'abord un salon populaire. Pour ce qui est de l'aspect professionnel, il faudrait la présence d'un foisonnement d'éditeurs de plusieurs spécialités. On n'en est pas encore là.
Le salon restera orienté grand public pour plusieurs années. C'est un véritable salon qui n'autorise la participation que d'éditeurs. On n'y trouve pas de libraires, de distributeurs, de vieux livres comme cela se passe sous d'autres cieux. Donc, le SILA est bel et bien un salon, mais sa vocation restera encore le grand public dans les années à venir.»
Zohra Guemoune, éditrice (SEDIA)
«Durant ces quatre dernières années, le SILA s'oriente vers la professionnalisation, notamment avec les stands personnalisés. Le salon est l'occasion de mettre en avant toutes les nouveautés. L'organisation doit s'améliorer encore pour optimiser les échanges avec les éditeurs étrangers et nos amis du Maghreb. Un des chantiers est de faciliter les démarches pour les étrangers qui veulent par exemple être représentés par des éditeurs locaux.»


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