Non, elles ne sont pas en rupture de stock, les cuves sont pleines et le carburant est disponible à longueur de journée. Les automobilistes qui viennent faire le plein n'en reviennent pas. «Franchement, je ne crois pas mes yeux ! J'ai fait le plein en moins de 10 mn !», s'étonne un automobiliste qui quitte la station-service tout sourire. Le pompiste qui chômait pratiquement nous a révélé que depuis qu'il fait ce métier, il n'a jamais vu une situation pareille : attendre pour servir un client alors que d'habitude, il ne lâche pas le pistolet jusqu'à ce que tout le carburant soit entièrement siphonné. «Il y a quelques jours, nous étions livrés tous les jours en carburant. Le produit, pour ainsi dire, reste dans les cuves juste le temps d'un transit pour être distribué en quelques heures seulement», affirme le pompiste surpris par cette situation quasiment inhabituelle. D'ailleurs, même les mesures qui consistaient à plafonner les ventes de carburant pour les véhicules utilitaires à 500 DA et à 2000 DA aux camions ne sont plus de mise. Cette accalmie, comme quiconque a pu la constater, est due au fait que les «suceurs d'essence et de gasoil» sont hors service. Le mérite revient incontestablement au renforcement du dispositif de la surveillance des frontières, la multiplication des barrages et des patrouilles effectuées par les différents corps de sécurité, l'élargissement et l'approfondissement des tranchées creusées justement pour la lutte contre ce phénomène, et enfin la surveillance aérienne des frontières qui se fait quotidiennement par hélicoptères. Toutefois, certains citoyens restent sceptiques quant à la pérennité de cette embellie. «Je pense qu'il est trop tôt pour s'exprimer sur l'efficacité de ces mesures, mais c'est un bon signe.»