Les premiers nous ont affirmé avoir atteint leurs buts en matière de marketing et de résultats commerciaux, tandis que les seconds ne sont pas du tout mécontents du nouveau record de participation atteint (plus de 1200 exposants parmi lesquels 620 étrangers en provenance de 25 pays) et de l'intérêt grandissant accordé aux journées techniques par les acteurs de la construction, nombreux à y avoir participé. Mais cette 19e édition du Batimatec a surtout permis de constater que le secteur du BTP n'a pas perdu de son attractivité, même si les grands projets se font effectivement plus rares. Les programmews d'habitat, d'équipements sociaux, de routes restent en effet très importants et en mesure d'offrir du travail à des centaines de petites et moyennes entreprises du BTP et des débouchés aux producteurs de matériaux de construction et autres concessionnaires d'engins de travaux publics. Des signes précurseurs de crise commencent toutefois à poindre à travers les créances qui s'accumulent au détriment des fragiles entreprises de construction, au point de mettre en péril l'existence de bon nombre d'entre elles. Des entrepreneurs de diverses filières du BTP et certains industriels nous ont également fait part de la flambée des prix des matériaux de construction, de l'outillage, des carburants et de la main-d'œuvre qu'ils ne peuvent malheureusement pas répercuter sur leurs clients étatiques (OPGI, wilayas, communes) qui leur imposent souvent des contrats fermes et non révisables. Ils se plaignent en outre de l'indisponibilité des travailleurs qualifiés, de leur instabilité et de leurs très faibles rendements. L'apprentissage des nouvelles techniques et technologies de la construction n'étant pas assuré par nos centres de formation professionnelle, les entreprises de BTP et les producteurs de matériaux stagnent dans un archaïsme qui plombe dangereusement leurs performances productives et compromet souvent la qualité des constructions. «Attendez-vous à ce que de très nombreuses entreprises de bâtiment fassent bientôt faillite», nous avertit un responsable de l'Union des entrepreneurs du bâtiment (UNEB) visiblement inquiet de la situation qui prévaut dans son secteur. Les entreprises étrangères étaient également satisfaites des résultats engrangés pour certaines dès les premiers jours du Salon. Les exposants français, turcs, espagnols et chinois que nous avons interrogés étaient contents d'avoir vendu des produits et de sérieuses promesses de commandes et dans certains cas des intentions de partenariats à concrétiser. A noter la très nette amélioration de la qualité des matériaux de construction ainsi que la diversification des produits sous l'impulsion, nous dit-on, de partenariats avec les plus grands producteurs mondiaux de faïence, robinetterie, appareils d'éclairage, sanitaires, menuiseries, plaques de plâtre et autres. La quantité n'y est malheureusement pas encore, le pays étant contraint d'importer aujourd'hui encore au minimum 40% des matériaux de construction nécessaires à la réalisation des programmes d'habitat et des équipements sociaux. Les journées techniques qui ont brassé cette année un très large éventail de thèmes (infrastructures hôtelières et touristiques, la formation professionnelle au profit du BTP, la sécurité des chantiers, la promotion de la construction en terre cuite, l'éco-construction, etc.) ont exercé un inégal attrait sur le public, venu plus nombreux aux conférences consacrées au secteur du tourisme et à l'éco-construction qu'aux autres rencontres pourtant très instructives. La présence de hauts cadres de ministères (Tourisme, Habitat, Formation professionnelle) et de grandes figures de l'architecture comme Larbi Marhoum, Akli Amrouche, Mohamed Yahiaoui et Ahmed Babaammi, à l'évidence, considérablement relevé le niveau intellectuel de ces conférences suivies de débats, qui se sont déroulées en marge du salon.