Cette question a été le thème d'une journée de sensibilisation et de formation organisée récemment au siège de l'agence CNAS de Constantine. Cette journée intitulée «La prévention des risques professionnels, la manutention manuelle et mécanique», a soulevé de nombreuses questions au sujet du respect de la législation par les employeurs et le manque de conscience chez les travailleurs. En marge de cette journée, le directeur de la CNAS de Constantine, Dr Saïd Allami, a affirmé que les risques liés à la manutention représentent 10% des accidents du travail survenus dans la wilaya de Constantine. Cela est dû dans la plupart des cas au manque de culture de prévention chez les employés. «La législation existe, mais ce qui pose réellement problème, c'est l'application des lois soit par l'employeur ou l'employé», a-t-il déclaré. Selon le sondage des déclarations d'accidents du travail et les contrôles établis par les services de la CNAS de Constantine, il n'y a pas de respect des moyens de prévention. La situation prend les allures d'un fléau, vu le manque de formation du travailleur. «Une bonne formation technique aux bons gestes et postures permet une prévention sur tous les plans», notera Dr Ilhem Slimani, du service de la médecine du travail du CHU de Constantine. La manutention est plus qu'un «job de bras», ajoutera Dr Slimani. Toutefois, plusieurs études ont montré que ce travail comportait une composante cognitive, une dimension qui a été jusqu'ici négligée. Cette manutention est présente dans les secteurs du bâtiment et des travaux publics (BTP), l'industrie, l'agriculture, l'agro-alimentaire, le commerce et la grande distribution. Fausses déclarations «Sans viser personne, nous avons constaté qu'il y a des employeurs qui trichent à tort ou à raison. Certains déclarent la survenue d'hernie discale sur le lieu du travail, mais l'enquête des experts confirmera le contraire», a soulevé le directeur de la CNAS de Constantine. «Les maladies liées à la nature du travail n'apparaissent pas du jour au lendemain, c'est à long terme et à force d'exercer la même activité durant plusieurs jours ou plusieurs années», ajoute le même responsable. Des fois, le travailleur est déjà malade, mais parce qu'il est dans le besoin, il accepte n'importe quelle activité, tout en aggravant sa situation. Pour conclure, le Dr Allami a estimé que le travailleur doit prendre soin de sa santé à travers les moyens de prévention. Côté statistiques, l'on saura que durant le premier trimestre de cette année, les services de la CNAS de Constantine ont enregistré 73 déclarations d'accident du travail et 25 déclarations de maladie professionnelle. «Il y a eu une hausse de 17 % dans le taux moyen d'incapacité permanente suite aux accidents du travail durant ces 5 dernières années. En 2015, nous avons enregistré environ 2600 accidents du travail avec 34 décès. Environ 2300 accidents ont engendré un arrêt du travail», a indiqué Dr Allami.