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Sublime et subliminal
Publié dans El Watan le 04 - 02 - 2017

Le film de Mohamed Zinet, Tahia ya Didou, est un constat visuel et un lent panoramique à 360°, révélateur d'une étape-clé de notre histoire en un lieu symbolique, la capitale Alger, où, après des années d'exil, il n'était nulle part chez lui. C'est la perception et la découverte de sa cité débarrassée enfin des interdits, du couvre-feu et des misères qui se réinstalleront sournoisement, au ralenti.
Film subliminal, Tahia ya Didou préfigure déjà, en filigrane, dans la profondeur des images, ce que deviendra le pays. Les années 1970, époque presque indéterminée et lointaine du calendrier culturel où les salles de cinéma avaient une architecture particulière, un nom (Vox, Star, Edough, Sierra Maestra, Abc…) et une spécialisation (western, film hindou et égyptien, de cape et d'épée…).
Un jour de relâche en soirée, la salle L'Atlas d'El Eulma programma Tahia ya Didou. La salle comble n'était plus obscure, car illuminée par la présence de Mohamed Zinet qui anima, après la projection, un long et passionnant débat qui dépassait l'entendement du rapporteur officiel qui veillait au grain (pas celui de l'image bien sûr), fondu, bien que toute la ville le connaissait, parmi un public nombreux et surtout cinéphile de père en fils. Lahcen Haouifi, le placeur émérite de l'Atlas à l'époque, veillait sur notre invité, n'hésitant pas, comme d'habitude, à braquer le rayon de sa lampe-torche sur le visage des spectateurs bruyants.
Malgré les rayures et le flou imposé par l'invincible temps, un moment fort et poignant du film : la rencontre du bourreau et de la victime. Un face-à-face inattendu. Un échange de regards porteurs de toute la tragédie coloniale, mais surtout la clémence de la victime qui ne dit rien, ne fait rien. Alors, vient ce gros plan qui met en valeur, soudain, la profondeur du regard du personnage joué par Zinet, projeté par deux yeux intensément noirs, révélant un être sensible et intelligent, gardant une âme d'enfant.
Zinet regarde, à travers un objectif contrôlé à 24 images par seconde, sa ville et ses gosses terribles. Ville à laquelle le barde Momo (Himoud Brahimi), portant élégamment saroual et gilet brodé, aérien, arborant un visage avenant sans une once de méchanceté. Il était le poète d'Alger, un poète-gentleman, aussi gentleman qu'un de ses amis, artiste oublié du saxophone, Omari Wahid. Assis au bout de la jetée du port, Momo déclame un poème que les incessants ressacs ramèneront en échos, vers sa ville chérie, El Bahdja.
Des années après, alors que j'apprends par Arts & Lettres d'El Watan que ce film sublime a été sauvé et restauré (merci à la Cinémathèque) des questions me viennent en vrac, une surtout. Qu'est donc devenu le petit enfant à la traîne derrière la ribambelle qui dévale les escaliers en zigzag ? Serait-il devenu un quinquagénaire aigri dont tous les rêves sont restés en suspens tel l'arrêt sur image d'un film qui a cessé de défiler ? Un cadre haut placé ? Enfant de l'indépendance, il courait avec joie, découvrant la liberté comme le génie sorti de sa lampe dans le fascinant film en technicolors d'Alexander Korda, Le voleur de Bagdad, pour devenir un géant volant dans les airs et criant à tue-tête : libre, libre, libre !
Cet enfant rêvait surtout d'une école modeste et vivre dans son pays. Il ne pensait pas qu'un jour futur, des enfants de son âge dégraderaient et délaisseraient leur école moderne pour… un réduit malsain où l'on paie rubis sur l'ongle des cours particuliers en groupe !
Huit ans avant Tahia ya Didou, dans La Bataille d'Alger, de Gillo Pontecorvo, des enfants en guenilles, bourdonnants, dévalaient d'autres escaliers d'Alger à la poursuite d'un ivrogne (une facette du jeu de Rouiched), oublieux de l'interdiction de boire de la Révolution, le malmenaient pour écarter cette image de déchéance.
Zinet, dont les yeux enregistraient et analysaient avec netteté et lucidité la réalité, aimait son pays et les enfants qui «jouaient» dans Tahia ya Didou, un film aux mille et une portes. Une vie furtive et un passage remarquable et marquant, comme à pas feutrés, dans le monde du cinéma.
A. Z.
* Cinéaste


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